En Lombardie, le chamois pourrait avoir un rôle de réservoir dans le cycle de l’encéphalite à tiques

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En Europe, l'infection par le virus de l’encéphalite à tique (TBEV) est principalement attribuée à la piqûre de tiques Ixodes, notamment Ixodes ricinus. Le TBEV européen est répandu en Autriche, en Allemagne, en Suède, en Suisse et dans la Fédération de Russie. Cette souche est endémique dans le nord-est de l'Italie, mais le reste du pays a été considéré comme exempt du virus, à l'exception d'un seul cas autochtone en Émilie-Romagne. Compte tenu sa proximité géographique avec des régions où le TBEV est endémique, et de la présence abondante de tiques I. ricinus, la Lombardie représente une zone à risque pour l'expansion du TBEV. Dans un article à paraître dans la revueEmerging Infectious Diseases, les auteurs rapportent les résultats de la surveillance du TBEV dans cette province.

Depuis 2019, l’Institut expérimental zooprophylactique de Lombardie et d'Émilie-Romagne (IZLER) assure un dépistage moléculaire des tiques prélevées sur des humains et des animaux sauvages en Lombardie : sur 3 555 tiques (2 556 provenant d'humains, 999 d'animaux sauvages), aucune ne s'est révélée positive. Depuis 2021, l’IZLER surveille par analyse sérologique l’infection à TBEV chez les ongulés sauvages : sur 1 954 échantillons, 47 ont été testés positifs aux anticorps anti-TBEV.

En novembre 2022, un cas humain d’encéphalite à tique a été confirmé par sérologie (IgG et IgM positifs) chez chasseur de 49 ans qui avait déclaré avoir été mordu par une tique le mois précédent alors qu'il se trouvait dans la vallée de Val Brembana. La malade n’avait pas d’antécédents récents de voyage en dehors de la région, mais avec de multiples excursions en montagne dans la zone d'étude et présentant un tableau clinique compatible avec une TBE sévère.

En mai 2023, à Carona, province de Bergame, région de Lombardie, un chamois (chèvre-antilope européenne) qui présentait des symptômes neurologiques a été abattu par un chasseur et confié à l'IZLER. Le chamois présentait une infestation massive de tiques. L'histopathologie a révélé une méningo-encéphalite sévère, et l'analyse immunohistochimique a montré une positivité neuronale pour le TBEV. La recherche de TBEV dans le sang et la sérologie confirmaient l’infection de l’animal avec une virémie importante. Sur 26 I. ricinus trouvés attachés au corps du chamois, 4 tiques mâles et 8 tiques femelles ont montré une positivité en PCR pour le TBEV et le séquençage a montré que le TBEV en cause s'inscrivait le génotype européen.

Les auteurs concluent que le chamois pourrait avoir un rôle dans le maintien du TBEV, les résultat de leur étude étant en faveur de l'existence d'un cycle complet d'infection chez le chamois qui pourrait avoir un rôle d’animal réservoir, compte tenu de virémies suffisamment élevées pour infecter les tiques.

Commentaires : A ce jour, en l’absence de données sur l’incidence de l’infection par le TBEV dans les populations de chamois de la région de Lombardie, il est impossible de savoir si le cas rapporté est inhabituel ou relativement courant chez cet animal.

Source : Emerging Infectious Diseases