Les cas de maladie du sommeil chutent de 93 % entre 2021 et 2023 en République démocratique du Congo
Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) ont annoncé la semaine dernière que les efforts déployés dans la lutte contre la trypanosomiase humaine africaine (THA), ou maladie du sommeil, dans le pays portaient leurs fruits, puisqu'une baisse de 93 % des cas a été signalée entre 2012 et 2023.
Le vice-ministre de la santé publique, Serge Emmanuel Holenn, a déclaré : "Les actions entreprises ont été prometteuses dans la réduction des cas, passant de 6 000 à 394 de 2012 à 2023. Il faut souligner que les résultats et les progrès sont spectaculaires, mais la volonté d'éliminer cette pandémie reste l'objectif principal. Ainsi, nous invitons nos compatriotes à redoubler d'efforts à chaque niveau, chacun en ce qui le concerne (prestataires, population, autorités politico-administratives, partenaires techniques et financiers) afin d'accroître les efforts conjugués et de multiplier les stratégies appropriées en vue d'influencer davantage les tendances pour qu'en 2030, la THA soit éliminée en RDC".
Le dépistage et le traitement ont été mis en exergue, avec la mise en place de laboratoires provinciaux de référence équipés pour effectuer des tests de qualité, facilitant ainsi la détection et le traitement des rares cas restants. Actuellement, la maladie du sommeil est traitée avec le Fexinidazole, le premier médicament entièrement oral approuvé pour les deux stades de la maladie. D'ici 2026, un autre médicament, l'Acoziborole, un nouveau traitement oral à dose unique développé par Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi), pourrait ouvrir la voie à l'élimination de la transmission de la maladie.
La RDC représente plus de 70% des cas en Afrique et dans le monde, les provinces les plus touchées étant le Kwilu, le Kwango et le Maï-Ndombe.
Rappels sur la trypanosomiase humaine africaine
La trypanosomiase humaine africaine, plus connue sous le nom de maladie du sommeil africaine, est une maladie parasitaire qui tue des milliers de personnes en Afrique subsaharienne chaque année. La trypanosomiase humaine africaine est une parasitose à transmission vectorielle. Le parasite est un protozoaire appartenant au genre Trypanosoma. Il est transmis à l'homme par la piqûre d'une glossine, ou mouche tsé-tsé, (du genre Glossina) qui s'est elle-même infectée à partir d'êtres humains ou d'animaux porteurs de parasites pathogènes. On trouve uniquement les mouches tsé-tsé en Afrique subsaharienne et seules certaines espèces transmettent la maladie.
La trypanosomiase humaine africaine se présente sous deux formes, dues à deux parasites différents:
- Le Trypanosoma brucei gambiense se retrouve dans 24 pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale. Cette forme représente actuellement plus de 98% des cas notifiés de maladie du sommeil et provoque une infection chronique. Elle associe d'abord dans sa phase de généralisation une fièvre irrégulière, avec céphalées et arthralgies, un prurit intense, et des trypanides (éruptions érythémateuses, maculeuses ou papuleuses). Au cours de la phase de polarisation cérébrale s'ajoutent les signes de méningo-encéphalite.
- Le Trypanosoma brucei rhodesiense se retrouve dans 13 pays d'Afrique orientale et d'Afrique australe. Aujourd'hui, cette forme représente moins de 2% des cas notifiés et provoque une infection aiguë. Cette forme est une maladie aiguë de début brutal, avec atteinte cardiaque (myocardite) et rénale (protéinurie), d'évolution rapidement fatale.
Les populations rurales vivant dans les régions où a lieu la transmission et qui dépendent de l'agriculture, de la pêche, de l'élevage ou de la chasse sont les plus exposées à la mouche tsé-tsé et par conséquent à la maladie. La trypanosomiase humaine africaine est une maladie intégrée dans le programme de l'Organisation mondiale de la santé des maladies négligées.
La trypanosomiase humaine africaine reste rare chez les touristes. Malgré tout, les visiteurs de parcs et de safaris doivent être conscients de la présence de mouche tsé-tsé et éviter d'être piqué (port de vêtements couvrants imprégnés d'insecticides, répulsifs anti-insectes sur la peau découverte).
Source : Outbreak News Today