Thaïlande : prévalence du virus herpès B du singe chez les macaques sauvages

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La revue Emerging Infectious Diseases vient de publier les résultats d'une étude menée sur la période 2018-2024 et portant sur la prévalence du virus herpès B simien chez les macaques sauvages à longue queue en Thaïlande.

Cette étude a porté sur 864 macaques sauvages à longue queue issus de 18 populations de M. fascicularis subsp. fascicularis et de 4 populations de M. fascicularis subsp. aurea qui vivaient librement dans dans 22 zones d'interface homme-macaque.

Les 22 populations de macaques ont toutes été testées positives pour les anticorps du virus herpès B simien.  La prévalence globale d'anticorps contre le virus herpès B chez les 864 macaques M. fascicularis testés était de 78,5 %, variant selon les populations de 25% à 100% chez les macaques de l'enceinte du Wat Tham Thep Ban Dan, ce qui indique une intensité de transmission particulièrement élevée dans cette zone. La prévalence des anticorps contre le virus B était plus élevée chez les adultes et les subadultes, ce qui suggère que les macaques sont porteurs du virus B tout au long de leur vie et que les animaux plus âgés ont été davantage exposés au virus au cours de leur vie et lors d'activités sexuelles. Ces résultats, disent les auteurs, sont cohérents avec des études antérieures démontrant une prévalence élevée du virus B chez les macaques M. mulatta et M. fascicularis : 72% chez les macaques M. mulatta à Porto Rico, 64% chez les macaques M. mulatta au Népal, 81,9% chez les macaques M. fascicularis en Indonésie et près de 100% chez les macaques M. mulatta adultes à [Cayo Santiago](Cayo Santiago). La séroprévalence du virus B ne différait pas significativement entre les mâles (77,5 %) et les femelles (80,1 %), probablement parce que les macaques M. fascicularis ont un système d'accouplement polygynandrique, et que le potentiel d'exposition au virus B devrait être le même pour les deux sexes.  

L'excrétion du virus B a été détectée dans 9 (1,04%) échantillons d'écouvillons oraux par PCR quantitative du gène UL29 du virus, ce qui indique que l'excrétion active du virus était beaucoup moins fréquente que la séropositivité. Une explication possible de ce faible pourcentage est que le virus B peut se réactiver et être excrété à partir de la muqueuse buccale ou génitale à un faible taux (1 %-3 %), ce qui pourrait expliquer pourquoi aucun cas de transmission du virus B de singes sauvages à l'homme n'a été signalé en Thaïlande. Néanmoins, la présence d'ADN du virus B dans des échantillons d'écouvillons oraux de macaques met en évidence le potentiel de transmission par la salive. Les études antérieures ont suggéré que les infections par le virus B chez les singes persistent tout au long de leur vie. Pendant la phase de latence, le virus reste dans les ganglions trigéminés et le nerf lombosacré chez 40 % des macaques M. fascicularis séropositifs et peut être réactivé.

Le virus herpès B est un virus zoonotique qui a provoqué de graves symptômes neurologiques chez des humains exposés à des macaques captifs utilisés pour l'expérimentation. Les macaques M. mulatta et M. fascicularis sont couramment utilisés comme modèles de primates non humains pour tester des médicaments biopharmaceutiques. Tous les cas confirmés d'infection humaine par le virus B zoonotique ont été observés chez des personnes travaillant avec ces espèces de macaques en captivité qui ont été importées d'Asie ou sont issues de macaques exportés d'Asie. Par contre, aucun cas d'infection zoonotique par le virus B chez l'homme causé par un contact avec des macaques sauvages d'Asie n'a été signalé dans la littérature scientifique. On ne sait toujours pas pourquoi le virus B hautement pathogène ne semble pas être présent ou transmis aux humains qui sont en contact avec des macaques sauvages dans leurs habitats naturels.

En raison de l'approvisionnement en nourriture humaine et de l'absence de prédateurs, le nombre de singes dans les zones résidentielles des pays d'Asie a considérablement augmenté, et le nombre de personnes attaquées par des singes sauvages a également augmenté, ce qui augmente probablement le risque d'infection par le virus herpès B. En mars 2024, une personne blessée par des singes sauvages dans un parc de Hong Kong a été infectée par le virus B et a présenté des symptômes graves.

Dans l'ensemble, ces résultats permettent de mieux comprendre le risque d'infection par le virus B humain chez les macaques sauvages.

Source : Emerging Infectious Diseases

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