Séjour à l’étranger et risque d’acquisition d’une bactérie multi-résistante
Les bactéries sont de plus en plus résistantes aux antibiotiques. Parmi elles, les entérobactéries productrices de carbapénèmases (EPC) sont généralement résistantes à plusieurs familles d'antibiotiques et peuvent ainsi induire des infections difficiles à traiter et être sources d'impasses thérapeutiques. Depuis 2004, date du premier épisode impliquant une EPC, 152 épisodes ont été signalés à l'Institut de veille sanitaire (InVS). En comparaison avec d'autres pays, le nombre d'épisodes reste très limité en France malgré une très nette augmentation depuis 2009. Les principales bactéries en cause sont Klebsiella pneumoniae (59 % des cas), suivie d'Escherichia coli (22 %) et d'Enterobacter cloacae (12 %). Les enzymes responsables de cette résistance aux carbapénèmes sont multiples : OXA-48 (57 % des cas), KPC (21 %), NDM (12 %) et VIM (8 %).
Un lien avec un séjour en pays étranger a été retrouvé pour 72 % des épisodes : transfert direct d'hôpital à hôpital dans le cadre d'un rapatriement sanitaire, hospitalisation dans un pays étranger dans l'année précédent l'hospitalisation en France ou simple voyage sans hospitalisation dans les semaines qui ont précédé l'hospitalisation en France. Les pays d'importation de la résistance aux carbapénèmes les plus fréquemment rapportés sont le Maroc et la Grèce. La mise en place des mesures de contrôlea permis de maîtriser plus de 90 % des épisodes signalés. Ces mesures comprennent ledépistage précoce des patients rapatriés de l'étranger par des examens biologiques, le maintien des précautions complémentaires dites "contact" (qui consistent à éviter de transporter les bactéries d'un patient à un autre patient par l'intermédiaire des mains ou d'objets), la signalisation, la sectorisation, le dépistage éventuel des sujets contacts et le suivi du portage. Les souches productrices de carbapénèmases sont parfois difficiles à identifier, c'est pourquoi les établissements de santé et les laboratoires de biologie médicale doivent systématiquement y penser devant un patient rapatrié sanitaire ou ayant séjourné récemment à l'étranger.
Source : Institut de veille sanitaire.