EPI-PHARE dresse un premier bilan de l’utilisation du vaccin Abrysvo contre le virus respiratoire syncitial chez les femmes enceintes

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Le virus respiratoire syncitial (VRS) est responsable d’infections broncho-pulmonaires saisonnières potentiellement graves, en particulier chez le nouveau-né (bronchiolite du nourrisson). La protection est désormais possible : elle peut être apportée par l’injection d’anticorps (Beyfortus, Synagis) qui confèrent une protection temporaire, ou par la vaccination. Deux vaccins sont disponibles en France (Abrysvo et Arexvy) et utilisables chez l’adulte ; ils permettent de protéger les personnes âgées et les adultes présentant des facteurs de risque, chez lesquels l’infection par le VRS est également fréquente et parfois grave, pendant deux ans au moins selon certaines études (un troisième vaccin, mRESVIA, a été autorisé dans l’Union européenne le 22 aout 2024). 

Le vaccin Abrysvo (Pfizer) est également recommandé chez les femmes enceintes âgées de 18 ans et plus, entre la 32e et la 36e semaine d’aménorrhée. L’objectif est alors d’obtenir le transfert d’anticorps protecteurs chez le nouveau-né. La protection est là encore de durée limitée, mais elle couvre la période de la vie où l’infection est particulièrement à redouter. 

Cette stratégie s’est montrée efficace lors des essais effectués par le fabricant (1) : l’efficacité vaccinale du vaccin Abrysvo contre les infections sévères des voies respiratoires basses est de 81,8 % pendant les 3 premiers mois suivant la naissance, elle se maintient à 51,3 % sur les 6 premiers mois. Elle présente donc un intérêt certain pour les enfants qui naissent dans la période de transmission du virus (octobre à mars). La mère doit être vaccinée au moins 14 jours avant l’accouchement, entre octobre et février.

Une campagne de vaccination des femmes enceintes a été lancée en France du 15 septembre 2024 au 31 janvier 2025. L’objectif de l’étude d’EPI-PHARE (2) était de mesurer le nombre de femmes vaccinées et de décrire l’âge gestationnel lors de la vaccination, d’établir le taux de vaccination, et de comparer les caractéristiques sociodémographiques et médicales entre les femmes vaccinées et les non vaccinées. Sur les 264 471 femmes enceintes qui ont atteint 32 à 36 semaines d’aménorrhée sur la période d’étude, 72 026 ont reçu Abrysvo, soit un taux de vaccination de 27,2 %. Les femmes vaccinées étaient en moyenne plus âgées que les non vaccinées (médiane de 31,5 ans vs 30,6 ans), résidaient plus fréquemment dans une commune favorisée ou une commune avec une meilleure possibilité d’accès à un médecin généraliste (36,4 % vs 31,7 %), et étaient moins fréquemment bénéficiaires de la C2S (12,6 % vs 25,3 %). La comparaison par département a montré un très net gradient Est-Ouest en métropole : le taux de vaccination standardisé sur l’âge allait de 8,7 % dans les Alpes-de-Haute-Provence à 46,4 % dans le Finistère. 

L’étude fait donc ressortir d’importantes disparités sociales et géographiques du taux de vaccination et met en lumière la nécessité d’améliorer la communication à destination des femmes enceintes et des professionnels de santé lors de la prochaine campagne de vaccination. Les données sur l’efficacité de la mesure sont attendues, en particulier leur comparaison avec celles obtenues avec le Beyfortus.

Références

  1. Pfizer Announces Positive Top-Line Data of Phase 3 Global Maternal Immunization Trial for its Bivalent Respiratory Syncytial Virus (RSV) Vaccine Candidate. Communiqué.
  2. Utilisation du vaccin Abrysvo® chez les femmes enceintes entre le 15 Septembre 2024 et le 31 Janvier 2025 en vue d’une immunisation passive des nouveau-nés contre les formes sévères des infections dues au Virus Respiratoire Syncitial.