Survenue d’un décès par infection à méningocoque B en Seine Maritime et adaptation de la campagne vaccinale

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Décès d'une infection invasive à méningocoque B

Une souche particulière de méningocoque, appelée “B:14:P1.7,16”, a récemment causé un nouveau décès en Seine Maritime. Le samedi 25 février 2012, une jeune fille âgée de 15 ans, originaire de la région de Blangy-sur-Bresle (Seine-Maritime) est décédée à Amiens (Somme) d'un purpura fulminans, la forme la plus grave des infections invasives à méningocoque. Circonstance exceptionnelle, l'adolescente avait reçu trois injections d'un vaccin réputé efficace contre la souche en cause en 2009.

Rappel de la situation hyperendémique des infections à méningocoque B en Seine Maritime

Depuis 2003, il existe en effet une situation hyperendémique (fréquence élevée de la maladie) dans le département de Seine-Maritime, impliquant cette souche de méningocoque de sérogroupe B appelée “B:14:P1.7,16”. Le vaccin MenBvac®, développé par l'Institut norvégien de santé publique (Norwegian Institute of Public Health ou NIPH) à partir d'une souche de phénotype proche “B:15:P1.7,16”, a montré une protection croisée contre la souche normande.

C'est pourquoi, afin de contrôler cette hyperendémie, une campagne de vaccination par le vaccin MenBvac® a été lancée en 2006. Le schéma vaccinal recommandé par l'Institut norvégien de santé publique comporte quatre doses (primovaccination à trois doses à six semaines d'intervalle suivie d'un rappel un an après).

Toutefois, du fait du nombre limité des doses de vaccin disponibles, l'objectif initial de vaccination de l'ensemble de la population concernée s'est d'abord limité aux zones géographiques les plus atteintes et aux groupes d'âge où l'incidence des infections invasives à méningocoque B était la plus élevée. En 2008, du fait des contraintes persistantes de mise à disposition des dose vaccinales et du souhait de vacciner le plus rapidement possible l'ensemble des populations éligibles, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a recommandé une modification du schéma vaccinal chez les sujets âgés de plus d'un an, comportant une primovaccination réduite à deux doses et un rappel six mois après la seconde dose. Le schéma initial à 4 doses était néanmoins maintenu pour les nourrissons âgés de deux mois à un an.

Recommandation d'un schéma à quatre doses pour toutes les personnes concernées par la vaccination

Fin 2011, la meilleure disponibilité du nombre de doses a permis au Haut Conseil de la santé publique de recommander une modification du protocole qui comporte dorénavant quatre injections au lieu de trois. Les résultats d'une étude d'immunogénicité correspondant le mieux à la situation épidémiologique dans les zones géographiques concernées de Seine Maritime et effectuée vis-à-vis de la souche normande sont rappelés dans un avis daté du 9 septembre 2011, dont voici un extrait. “Un an après l'administration de la dose de rappel du schéma simplifié à trois doses, seuls 42 % des sujets vaccinés conservent un taux d'anticorps considéré comme protecteur contre 72 % dans une étude norvégienne dans laquelle le sérum des sujets vaccinés à quatre doses a été testé vis-à-vis de la souche normande. Il est à noter que dans les études norvégiennes initiales, un pourcentage de sujets séroprotégés inférieur à 40 % est apparu corrélé à l''apparition de cas chez les vaccinés (10 mois après la dernière dose). Il est vraisemblable que le schéma vaccinal simplifié utilisé dans les deux départements vaccinés aurait pu avoir sa pleine efficacité si une couverture vaccinale optimale avait pu être obtenue dans un délai court. La situation actuelle est caractérisée par une augmentation du pourcentage de sujets réceptifs liée au déclin des anticorps bactéricides dans la population ciblée. Ceci expose à la survenue de cas chez des sujets vaccinés avec des conséquences délétères quant à la confiance du public dans la vaccination.”

L'argumentaire du Haut Conseil de la santé publique montre qu'une quatrième dose du vaccin MenBvac® aurait probablement contribué à diminuer le risque d'infection invasive à méningocoque chez cette jeune fille. Une vaccination selon un schéma à quatre doses sera d'ailleurs recommandé aux personnes de l'entourage de ce cas. Des vaccinations seront également organisées au sein de l'établissement que fréquentait l'adolescente. L'Agence Régionale de Santé (ARS) de Haute Normandie continue d'encourager la population à se faire vacciner en soulignant que la campagne en cours, élargie à une partie de la Somme en 2009, avait permis de diminuer fortement l'incidence des infections invasives à méningocoques dans les zones concernées. Ainsi, 22 cas sont survenus en Seine-Maritime en 2011 (dont deux mortels), contre 49 (dont cinq mortels) en 2008.

Utilisation du carnet de vaccination électronique de MesVaccins.net au cours de la campagne de vaccination

Afin d'améliorer l'information et l'adhésion de la population à la campagne de vaccination par le MenBvac®, l'ARS de Haute Normandie adresse actuellement aux personnes pour lesquelles une quatrième dose est recommandée une lettre de les invitant à se rendre dans un centre de vaccination ou chez leur médecin traitant (des renseignements complémentaires sont disponibles par téléphone au 08 20 30 00 60). Ces personnes sont également invitées à créer un carnet de vaccination électronique en se rendant à l'adresse normandie.mesvaccins.net, permettant à chacun de vérifier les vaccinations déjà reçues et d'obtenir des informations personnaiisées en fonction de son lieu de résidence, de son âge et de ses caractéristiques individuelles.