Le virus West Nile s’installe en Italie
Alors que les premiers cas équins d'infection par le virus West Nile ont été identifiés en France en 1942 (1), c'est seulement en 1998 que des cas ont été observés en Italie. Les premiers cas humains ont été confirmés en 1964 (2) et 2008, respectivement. L'apparition d'épidémies en Roumanie (1996) puis en Israël (2000), et surtout l'émergence et l'extension du virus aux Etats-Unis à partir de 1999, ont conduit la France et l'Italie à mettre en place une surveillance visant à permettre de limiter, en cas d'apparitions de nouveaux cas, la transmission du virus par voie vectorielle mais aussi par transfusion et greffe d'organes. L'article de C. Rizzo et coll. paru le 17 mai dans Eurosurveillance (3) dresse le bilan de la surveillance effectuée en Italie de 2008 à 2011. Elle a comporté un volet entomologique, un volet équin et un volet humain destinés à identifier au plus tôt les risques d'épidémie. Chez l'homme, dans un souci de spécificité, la surveillance des cas cliniques s'est portée sur les cas d'infection avec signes neurologiques, qui ne représentent généralement que 1 à 10% de l'ensemble des cas d'infection par le virus West Nile. Les cas suspects ont été confirmés par analyse sérologique (présence d'IgM dans le LCR ou positivité d'un test de séroneutralisation), par isolement du virus ou détection de l'ARN viral par RT-PCR dans le sang ou le LCR. L'étude fait apparaitre que la circulation du virus West Nile, initialement détectée en Toscane (2001) puis en Vénétie et Emilie-Romagne (2005, 2008), s'est à présent étendue au Frioul et à la Sardaigne, région dont le climat pourrait allonger la période possible de transmission. Il en ressort également que l'évolution des atteintes neurologiques est particulièrement sévère en Italie, puisque le taux de mortalité calculé sur l'ensemble de ces formes entre 2008 et 2011 s'élève à 16 %, soit au dessus de ceux constatés en Israël, en Roumanie ou aux USA, mais au niveau de celui observé en Grèce en 2010. Une donnée importante concerne l'identification des génotypes de virus en circulation : alors que seuls des virus du lignage 1 étaient isolés jusqu'en 2011, des virus du lignage 2 ont été isolés depuis dans le nord-est de la botte italienne et en Sardaigne, indiquant des introductions multiples.
La situation décrite n'est sûrement pas appelée à s'améliorer, et le risque d'infection de sujets se rendant en Italie durant la période estivale a déjà conduit nos autorités sanitaires à prendre des mesures de protection des dons de sang et d'organes (exclusion du don pour les sujets ayant visité les régions de circulation active du virus). La surveillance mise en place et la collaboration entre les deux pays ont montré leur intérêt, d'autant qu'elles s'appliquent aussi à d'autres arboviroses, dengue et chikungunya.
Références :
Charrel RN, de Lamballerie X. [West Nile virus, an emerging arbovirus]. Presse Med 2004;33(21):1521-6.
Panthier R, Hannoun C, Beytout D, Mouchet J. [Epidemiology of West Nile virus. Study of a center in Camargue. 3.-Human diseases]. Ann Inst Pasteur (Paris) 1968;115(3):435-45.
Rizzo C, Salcuni P, Nicoletti L, Ciufolini MG, Russo F, Masala R, Frongia O, Finarelli AC, Gramegna M, Gallo L, Pompa MG, Rezza G, Salmaso S, Declich S.Epidemiological surveillance of West Nile neuroinvasive diseases in Italy, 2008 to 2011. Eurosurveillance, Volume 17, Issue 20, 17 May 2012.