Cas de méningite à méningocoque W135 importés d'Afrique subsaharienne en France

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De janvier à avril 2012, 16 cas d'infection invasive à méningocoque W135 ont été signalés en France. Parmi ceux-ci, 8 étaient liés à un voyage récent en Afrique subsaharienne. Mi-février 2012, deux cas ont été signalés dans deux régions (Pays de la Loire et Rhône-Alpes) chez des personnes récemment rentrées du Sénégal, où elles travaillaient avec des organisations non gouvernementales (ONG) dans la région de Mbour. Un cas a été enregistré chez un sujet de retour du Mali et un autre cas chez un sujet rentré du Sénégal 15 jours auparavant. Les quatre autres cas n'ont pas voyagé pendant la période d'incubation (10 jours), mais une histoire de voyage récent a été retrouvée (Bénin : 1 cas ; Mali : 2 cas ; Sénégal : 1 cas).

Compte tenu d'une période d'incubation de 10 jours, de la date d'arrivée en France et de l'apparition de la maladie, 3 des 8 autres cas pourraient être considérés comme importés. Les 5 autres cas auraient été infectés à la suite de contacts asymptomatiques transportant une souche importée.

Comment expliquer cette augmentation inhabituelle, alors que les cas d'infection invasive à méningocoque A chez les voyageurs étaient rarissimes ces dernières années ?

L'épidémiologie des infections invasives à méningocoque dans les pays de la ceinture de la méningite a été bouleversée ces dernières années. Dans les années 1990, le sérogroupe A était la cause quasi exclusive des épidémies de méningite à méningocoque dans cette zone géographique ; ce sérogroupe semble peu virulent comparativement aux autres sérogroupes et infecte surtout les populations à bas niveau d'hygiène. Le sérogroupe W135 a pris de l'ampleur après la survenue d'une épidémie majeure à la Mecque en 2000, puis d'une autre épidémie en 2002 au Burkina Faso. Depuis, le sérogroupe W135 ne cesse d'augmenter son emprise en Afrique subsaharienne. Or ce sérogroupe apparait nettement plus virulent que le sérogroupe A. Ainsi, les isolats obtenus en Arabie Saoudite et au Burkina Faso appartiennent au même complexe clonal que le clone hypervirulent de sérogroupe C qui circule en Europe depuis plusieurs années (complexe "ST-11", qui correspond à des caractéristiques génétiques particulières). Les voyageurs qui séjournent dans la "ceinture africaine de la méningite" (ou ceinture de Lapeyssonnie) pourraient donc être exposés à un risque accru d'infection invasive à méningocoque en raison de ce changement épidémiologique.

Quelle prévention ?

Compte tenu du nombre élevé de voyageurs entre la France et les pays d'Afrique de l'Ouest appartenant à la ceinture de la méningite, les autorités sanitaires insistent sur l'importance de la vaccination avec un vaccin quadrivalent conjugué A-C-Y-W135 des voyageurs devant se rendre dans l'un de ces pays pendant la saison épidémique (qui coincide avec la saison sèche de décembre à juin). Dans les limites définies par l'autorisation de mise sur le marché (AMM), il est préférable d'utiliser un vaccin conjugué, plus efficace que le vaccin non conjugué. Le seul vaccin conjugué tétravalent, contenant le sérogroupe W135 et actuellement commercialisé en France est le vaccin Menveo®. Ce vaccin est utilisable à partir de l'âge de 11 ans chez le voyageur et il est disponible dans les pharmacies d'officine. Les enfants âgés de 2 ans à 10 ans bénéficient d'une recommandation hors AMM s'ils présentent des facteurs de risque d'infection invasive à méningocoque liés à leur état de santé. Un nouveau vaccin méningococcique quadrivalent conjugué, le vaccin Nimenrix®, possède depuis peu une AMM européenne permettant son utilisation dès l'âge d'un an. Mais ce vaccin n'est pas encore commercialisé en France. Pour plus de précisions, voyageurs et professionnels de santé peuvent utiliser l'interface qui leur est spécifique de personnalisation des recommandations vaccinales du voyageur de MedecineDesVoyages.net.

Source : Promed.