Infections à papillomavirus humains : révision de l’âge de vaccination des jeunes filles

mesvaccins.net

Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) vient de publier sur son site Internet un nouvel avis sur la vaccination contre les papillomavirus. Cet avis est daté du 28 septembre 2012.

1. Contexte

Dès mars 2007, la vaccination des jeunes filles âgées de 14 ans était recommandée en France, avant qu'elles ne soient exposées au risque d'infection à papillomavirus humains (HPV). Un rattrapage était proposé aux jeunes filles et jeunes femmes âgées de 15 à 23 ans qui n'auraient pas eu de rapports sexuels ou au plus tard, dans l'année suivant le début de la vie sexuelle.

Le but de la vaccination est la prévention des cancers du col de l'utérus liés à une infection persistante par les HPV oncogènes ciblés par la vaccination, bien que les HPV soient responsables d'un grand nombre d'autres infections. La vaccination ne dispense pas du dépistage du cancer du col par frottis cervical utérin chez les femmes à partir de 25 ans.

2. Evolution des données conduisant à la révision des recommandations

2.1. Diminution de la couverture vaccinale contre les papillomavirus entre 2010 et 2011

  • Pour une dose, la couverture vaccinale chez les jeunes filles de 16 ans était de 50 % en 2010 et de 46,8 % en 2011. Chez celles âgées de 14 ans, elle était de 22,5 % en 2010 et 15,8 % en 2011.
  • Or, une couverture vaccinale élevée est nécessaire pour garantir une immunité de groupe. Une baisse de l'incidence des condylomes a ainsi été observée chez les jeunes hommes hétérosexuels non vaccinés (étude réalisée en Australie, où la couverture vaccinale des filles vaccinées dans les écoles est de 80 %).
  • La difficulté de ne pouvoir vacciner qu'à partir de l'âge de 14 ans participe à la baisse de la couverture vaccinale.
  • Le rattrapage de la vaccination, c'est-à-dire l'initiation de la vaccination jusqu'à l'âge de 23 ans, ne correspond pas à la pratique car la majorité des jeunes filles débutent la vaccination avant l'âge de 16 ans.

2.2. Evaluation des vaccins

  • Meilleure immunogénicité des vaccins Gardasil et Cervarix lorsque la vaccination a été initiée tôt : le titre des anticors post-vaccinaux est supérieur chez les filles vaccinées à l'âge de 9-15 ans, comparé à celui observé chez celles vaccinées plus tard.
  • Persistance des anticorps post-vaccinaux à un taux supérieur à l'infection naturelle jusqu'à 5 ans au moins pour le vaccin Gardasil (femmes vaccinées à l'âge de 16-26 ans) et 9,5 ans au moins pour le vaccin Cervarix (femmes vaccinées à l'âge de 15-25 ans).
  • Efficacité de la protection des lésions cervicales de haut grade liées aux HPV 16 et 18 (vaccin Gardasil :98,8 % ;vaccin Cervarix :94,9 %).
  • Bénéfice de la vaccination d'autant plus important que les jeunes filles n'ont pas été infectées par les HPV oncogènes.
  • Possibilité de co-administrer les vaccins HPV avec dTPca (vaccin combiné contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et la coqueluche), vaccin hépatite B et, pour le vaccin Cervarix, avec le vaccin combiné hépatites A et B.

2.3. Evolution sociétale

  • Pratiques en matière de sexualité : 3, 6 % des filles de moins de 13 ans déclarent avoir eu des rapports sexuels et 14,1 % avant l'âge de 15 ans (enquête sur la santé des collégiens en France 2010).
  • Acceptabilité de la vaccination : en fonction du ressenti de l'enfant et de sa famille, car il est difficile d'aborder la question de cette vaccination par rapport à la sexualité (selon les résultats d'une enquête auprès des médecins).

3. Nouvelles recommandations

Le HCSP rappelle que la vaccination HPV est d'autant plus efficace que les jeunes filles n'ont pas encore été exposées au risque de l'infection HPV. Il recommande que :

a) la vaccination des jeunes filles contre le papillomavirus puisse être pratiquée entre les âges de 11 et 14 ans ;

b) toute opportunité, y compris le rendez-vous vaccinal de 11- 14 ans, soit mise à profit :

  • pour initier la vaccination de celles qui ne l'auraient pas encore faite avec une possibilité de co-administration avec un autre vaccin : vaccin tétravalent diphtérie- tétanos-coqueluche-polio, vaccin hépatite B ;
  • ou pour compléter un schéma incomplet et notamment pour administrer la 3ème dose de vaccin à celles qui ne l'auraient pas encore reçue.

c) l'âge de rattrapage soit limité à 20 ans (ou plus précisément 19 ans révolus). Cette vaccination n'est plus sous-tendue par la notion de l'âge de début de l'activité sexuelle, même si le vaccin sera d'autant plus efficace que les jeunes filles n'auront pas encore été infectées par les papillomavirus ciblés par la vaccination.

Bien que le vaccin soit d'autant plus efficace que les jeunes filles n'ont pas été exposées aux HPV ciblés par la vaccination, l'âge de rattrapage est ramené à 19 ans révolus pour laisser la possibilité d'administrer cette vaccination aux femmes majeures, sans tenir compte de l'âge de début de l'activité sexuelle.

Le HCSP rappelle que l'obtention d'une couverture vaccinale élevée représente un objectif prioritaire tant pour la protection des jeunes filles que pour l'induction d'une immunité de groupe. Il souligne par ailleurs que ces niveaux de couverture vaccinale élevés sont obtenus dans les pays (Royaume-Uni, Australie) qui vaccinent dans les écoles.

4. Schémas vaccinaux

Les deux vaccins disponibles en France sont administrés en trois doses selon un schéma 0, 1, 6 mois pour le vaccin Cervarix et 0, 2, 6 mois pour le vaccin Gardasil.

Il est important de noter que le schéma vaccinal à trois doses doit être respecté sans qu'il soit nécessaire de refaire un schéma complet si le schéma vaccinal a été interrompu. Il est possible d'administrer les doses manquantes au-delà de l'intervalle recommandé par l'autorisation de mise sur le marché, jusqu'à 12 mois après première dose.

Ces recommandations sont déjà prises en compte par le système expert de MesVaccins.net, qui peut être interrogé depuis la page d'accueil du site (il faut pour cela choisir "homme" ou "femme" et indiquer une date de naissance correspondant à un âge compris entre 11 et 19 ans).

Source : Haut Conseil de la santé publique.