Un vaccin pour réduire la dépendance à l'héroïne

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La consommation de drogues comme l'héroïne provoque l'apparition d'une dépendance qui pousse les utilisateurs à la répétition et à l'augmentation des doses, et qui rend le sevrage difficile. A la base de cette dépendance se trouvent des mécanismes centraux, une action de la drogue ou de ses métabolites sur certaines zones du cerveau. Lorsque la dépendance s'est installée, obtenir un arrêt de la consommation nécessite un soutien psychologique mais aussi pharmacologique, celui-ci utilisant des molécules de substitution qui atténuent les phénomènes de manque. Depuis les années 1990, plusieurs équipes de recherche ont eu l'idée de développer un vaccin contre les drogues induisant une dépendance (non seulement l'héroïne, mais aussi la cocaïne et la nicotine). Une équipe de l'institut de recherche Scripps vient de publier des résultats présentés comme très prometteurs. Utilisant une stratégie qui a permis de rendre immunogènes les molécules d'héroïne et des ses métabolites actifs, la 6-acétylmorphine et la morphine (ces molécules sont trop petites pour induire l'apparition d'anticorps, il a fallu les coupler à une molécule porteuse), l'équipe de Kim D. Janda a pu obtenir l'apparition d'anticorps contre les trois molécules chez des rats. Chez ces rats vaccinés, il a ensuite été observé que les drogues étaient retenues dans la circulation sanguine et ne passaient plus dans le cerveau, et que les comportements propres à la dépendance étaient atténués. Un avantage de cette stratégie est qu'elle n'empêche pas l'utilisation de drogues de substitution (méthadone, buprénorphine), qui restent actives puisqu'elles ne sont pas reconnues par les anticorps produits.

Il reste à montrer que la même approche peut se montrer efficace chez l'homme, ce que l'équipe du Scripps se déclare dès à présent prête à faire. On sait que les réactions de l'homme peuvent se montrer très différentes de celles du rat. Une question nous semble se poser : la stratégie utilisée revenant à réduire la dose d'héroïne disponible pour le cerveau et les effets qui l'accompagnent (comme le ferait une réduction de dose administrée), ne va-t-on pas observer une tendance à augmenter les doses chez les utilisateurs ?

Source : Joel E. Schlosburg , Leandro F. Vendruscolo, Paul T. Bremer, Jonathan W. Lockner, Carrie L. Wade, Ashlee A. K. Nunes, G. Neil Stowe, Scott Edwards, Kim D. Janda, and George F. Koob. Dynamic vaccine blocks relapse to compulsive intake of heroin. Proc Natl Acad Sci U S A. 2013 May 6, publication en ligne.

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