Les rappels vaccinaux contre la fièvre jaune devraient être supprimés

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Le Relevé épidémiologique hebdomadaire du 17 mai 2013 présente unrapport du groupe stratégique consultatif d'experts (SAGE).Ce groupe d'experts, créé en 1999 par le Directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), est chargé de formuler des recommandations sur les travaux du Département Vaccination, vaccins et produits biologiques de l'OMS. Il a été chargé d'examiner les données factuelles et de faire des recommandations en vue d'actualiser la déclaration OMS de 2003 sur l'utilisation des vaccins contre la fièvre jaune (encore appelés vaccins antiamarils). Si l'information capitale concerne la demande de suppression des rappels vaccinauxcontre la fièvre, actuellement réalisés tous les 10 ans, d'autres données sur la sécurité d'utilisation des vaccins antiamarils sont présentées.

1. Les rappels vaccinaux contre la fièvre jaune ne sont pas nécessaires

Les données de surveillance montrent que les échecs du vaccin contre la fièvre jaune sont extrêmement rares et n'augmentent pas en nombre avec le temps écoulé depuis la vaccination. Une dose unique de vaccin antiamaril suffit à conférer une immunité durable et une protection à vie contre la fièvre jaune ; il est inutile d'administrer une dose de rappel.

Les éléments scientifiques justifiant cette recommandation ne sont pas détaillés dans le Relevé épidémiologique hebdomadaire, où il est précisé qu'un document d'information très complet a été soumis, basé notamment sur deux études systématiques. Un communiqué de presse de l'OMS précise que depuis le début de la vaccination contre la fièvre jaune, dans les années 1930, 600 millions de doses ont été administrées et seuls 12 cas de fièvre jaune post-vaccinale ont été recensés. Il ressort de ces données que dans ces quelques cas d'«échec vaccinal», la maladie est toujours apparue dans les cinq ans suivant la vaccination, montrant que l'immunité ne s'affaiblit pas avec le temps. «Selon les recommandations classiques, un rappel de vaccination contre la fièvre jaune devait être administré au bout de dix ans», a déclaré le Dr Helen Rees, présidente du SAGE. «Après avoir examiné des données vraiment très fiables, le SAGE a clairement constaté qu'en réalité une dose suffit pour que le vaccin soit efficace. C'est extrêmement important pour les pays où la fièvre jaune est endémique, car cela leur permettra de revoir leur calendrier de vaccination, et c'est également important pour les voyageurs», a-t-elle ajouté.

La surveillance dans les pays d'endémie et des études cliniques pourraient permettre de préciser les groupes à risque (nourrissons, patients infectés par le VIH) qui auraient intérêt à recevoir une dose de rappel. Le SAGE a demandé à l'OMS que le Règlement sanitaire international (RSI) revoie les dispositions relatives à la période de validité des certificats internationaux de vaccination antiamarile. Le RSI est un instrument juridique international qui a force obligatoire pour 194 pays, et notamment pour l'ensemble des États Membres de l'OMS. Il a pour but d'aider la communauté internationale à éviter les risques aigus pour la santé publique susceptibles de se propager au-delà des frontières et de constituer une menace dans le monde entier, en prenant les mesures qui s'imposent.

Tant que le RSI n'a pas été modifié, les rappels vaccinaux contre la fièvre jaune doivent être réalisés tous les 10 ans.

2. Précautions à prendre chez les 60 ans et plus primovaccinés

Le vaccin antiamaril est un vaccin vivant atténué qui peut se multiplier de manière excessive chez certaines personnes, âgées ou immunodéprimées, entrainant unefièvre jaune vaccinale (maladie viscérotrope avecatteinte sévère de plusieurs organes).

Si le risque de fièvre jaune vaccinale est plus important chez les personnes âgées de 60 ans et plus que chez les personnes plus jeunes, le risque général reste faible.

La vaccination devrait être recommandée sur la base d'une évaluation soigneuse du rapport bénéfices/risques, en comparant le risque de contracter la fièvre jaune et le risque d'effet indésirable potentiellement grave à partir de l'âge de 60 ans, pour les personnes qui n'ont pas été précédemment vaccinées et pour lesquelles le vaccin est recommandé. De nouvelles recherches sont nécessaires afin de mieux quantifier le risque pour les personnes âgées de 60 ans et plus qui sont susceptibles de séjourner dans des zones d'endémie de la fièvre jaune.

3. Personnes immunodéprimées

Il n'est pas recommandé de vacciner contre la fièvre jaune les personnes sévèrement immunodéprimées en raison du risque de maladie vaccinale. En cas de séjour dans un pays à risque de fièvre jaune, la vaccination peut être proposée aux personnes infectées par le VIH asymptomatiques, dont la numération des CD4 est ≥ 200/mm3.

Les données disponibles quant à l'innocuité et l'immunogénicité du vaccin antiamaril chez les enfants infectés par le VIH, bien que limitées,sont rassurantes. Il est donc recommandé d'administrer le vaccin à tous les enfants bien portants, dans le cadre des programmes de vaccination, le test de dépistage du VIH n'étant pas une condition préalable à la vaccination dans ce cadre.

4. Femmes enceintes et allaitantes

Après vaccination de la femme enceinte, les données actuelles ne suggèrent pas de risque de maladie viscérotrope ou neurologique chez les mères, le foetus oule nouveau né après la vaccination. Il n'a pas été observé d'anomalies congénitales dues au vaccin antiamaril.

Trois cas de transmission du virus vaccinal ont été rapportés chez les mères allaitantes. Selon le SAGE, la vaccination est néanmoins recommandée si elle est indiquée pour les femmes enceintes et allaitantes se rendant dans des zones d'endémie quand elles ne peuvent ni éviter ni différer leur voyage. Il faudrait donc conseiller la vaccination tant aux femmes enceintes qu'aux mères allaitantes exposées à un risque élevé de fièvre jaune, en tenant compte des avantages et des risques potentiels de la vaccination, afin qu'elles puissent prendre la décision de se faire vacciner ou non en toute connaissance de cause. Pour les femmes allaitantes, l'allaitement au sein présente de loin beaucoup plus d'avantages que toute autre solution d'alimentation.

En France, le Haut Conseil de la santé publique estime qu'il "paraît souhaitable d'attendre que le nourrisson ait atteint l'âge de 6 mois pour vacciner une mère qui allaite" et que, "si la vaccination est impérative, notamment en cas de voyage indispensable dans une zone à haut risque, l'allaitement doit être suspendu et peut être repris deux semaines après la vaccination".

Rappelons qu'il est formellement interdit de vacciner un enfant âgé de moins de six mois : dans ce cas, le risque d'effet indésirable grave et de décès du nourrisson est majeur.

5. Associations vaccinales

On ne dispose actuellement que de données limitées sur l'innocuité et l'immunogénicité du vaccin antiamaril administré simultanément avec d'autres vaccins. Bien que plusieurs études aient montré que les vaccins antiamarils et antirougeoleux puissent être administrés simultanément sans effets sur l'innocuité et l'immunogénicité, une seule étude portant sur l'administration simultanée du vaccin antiamaril et du vaccin antirougeoleux, anti-ourlien et antirubéoleux (ROR) chez le nourrisson semble indiquer que l'immunogénicité pourrait être compromise tant pour le vaccin antiamaril que pour les valences rubéole et oreillons du ROR. Un intervalle de 30 jours entre le vaccin ROR et le vaccin antiamaril limite cet effet. À ce jour, on ne dispose pas de données probantes suffisantes pour modifier les recommandations actuelles et de nouvelles études sur l'administration simultanée du vaccin antiamaril et d'autres vaccins devraient être réalisées afin de mieux orienter les programmes de vaccination. La stratégie de lutte contre la fièvre jaune devrait comporter une surveillance épidémiologique solide et l'administration du vaccin antiamaril dans le cadre d'une association complémentaire et optimisée de la vaccination systématique et des campagnes de prévention de masse. Des campagnes devraient être organisées pour réagir en cas de flambées de fièvre jaune si la couverture vaccinale est insuffisante dans la population concernée.

Source : Organisation mondiale de la santé.