Le recul sur les vaccins anti-paludiques en cours d'expérimentation est insuffisant

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Le paludisme reste l'une des toutes premières causes de morbidité et de mortalité dans le monde, et la recherche de vaccins est une priorité de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). En raison de l'apparition de résistances, des mesures de protection contre les moustiques (moustiquaires imprégnées) et la chimioprophylaxie, qui se sont montrées efficaces, pourraient prochainement ne plus suffire pour protéger les populations. Plusieurs vaccins contre Plasmodium falciparum et un vaccin contre Plasmodium vivax se trouvent actuellement en cours d'essais cliniques. Les résultats des essais de phase III du vaccin RTS,S/AS01, mis au point contre P. falciparum, le parasite le plus fréquemment associé aux formes graves de paludisme, ont été publiés. Ces résultats, présentés par le Comité conjoint d'experts techniques (JTEG), sont ceux d'une expérimentation menée dans 11 centres de 7 pays africains. Douze mois après l'administration de 3 doses de vaccin, ils montrent une efficacité de protection contre les épisodes cliniques de paludisme de 55,1 % (IC à 95% 50,5-59,2) dans le groupe d'âge 5-17 mois et de 33,0 % (IC à 95% 26,4-38,9) dans le groupe d'âge 6-12 semaines. Le JTEG s'est interrogé sur les raisons d'une telle différence d'efficacité entre les deux groupes d'âge et a constaté que d'autres questions restaient sans réponse, comme l'évolution de l'efficacité avec le temps, l'intensité ou la continuité de la transmission, les antécédents d'exposition, l'âge, l'association à d'autres vaccins ou la transmission d'anticorps maternels.

Il est donc nécessaire d'attendre la fin des essais prévue en 2015 pour que des recommandations soient formulées lors d'une réunion commune avec le Comité consultatif de la Politique antipaludique (MPAC). Rappelons toutefois que nous avons déjà rendu compte ici, le 24 avril, d'une étude mettant en évidence un effondrement de l'efficacité de protection conférée par le vaccin RTS,S/AS01 au terme de 4 ans de surveillance.

Dans l'intervalle, le SAGE (groupe stratégique consultatif d'experts de l'OMS) appuie la poursuite des études concernant le paludisme, dans ses aspects sanitaires et économiques. Il a appelé à réviser la "feuille de route" du vaccin contre le paludisme, prenant en compte à la fois P. falciparum et P. vivax, recommandant une révision de la définition des groupes à risque et l'utilisation du vaccin en association avec les autres mesures permettant de réduire la transmission.

Sources :