Intérêt des rappels vaccinaux chez les adolescents et les adultes

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Au cours du 31 ème congrès de la société européenne de pédiatrie anti-infectieuse (ECMID), qui vient de se dérouler fin mai 2013, plusieurs communications ont abordé la question des rappels vaccinaux chez les adolescents.

L'intérêt de rappels vaccinaux chez les adolescents et les adultes est justifié en cas d'exposition majeure à un agent infectieux alors que l'on observe une baisse de l'immunité vaccinale. C'est le cas de la coqueluche. Dans de nombreux pays, on observe une augmentation du nombre de cas probablement liée à plusieurs facteurs : amélioration des performances du diagnostic, protection vaccinale incomplète à long terme contre la maladie, rôle de l'immunité de groupe dans la protection des nourrissons.

Aux Etats unis, de nombreuses épidémies concernent les très jeunes enfants, âgés de moins de 4 ans et surtout de moins de 1 an. En Europe, plus de 15.000 cas rapportés par 28 pays de l'Union européenne ont été diagnostiqués en 2010, majoritairement chez les enfants âgés de moins de 4 ans (1). En Angleterre, la préoccupation concerne le nombre de cas et particulièrement le nombre de décès chez les enfants de moins de 1 an : 1 décès en 2009, 5 décès en 2011 et 14 décès en 2012. En France le réseau Renacoq, qui concerne les cas hospitalisés, a rapporté 50 cas pédiatriques en 2010 et 234 cas en 2011, dont 74 cas chez des enfants âgés de moins de 6 mois.

Selon l'Organisation mondiale de la santé [OMS], plus de 130 pays (soit 67 % des Etats membres de l'OMS), dont la France, ont un programme de vaccination universelle des jeunes enfants contre la coqueluche. Les vaccins actuellement disponibles contre la coqueluche sont des vaccins combinés, comprenant la valence coquelucheuse acellulaire. La question de la durée de l'immunité de ce vaccin acellulaire, par comparaison avec celle du vaccin coquelucheux à germes entiers utilisé jusqu'en 2005, a été évaluée au cours de plus de 200 études, incluant près de 11.000 enfants. La durée de protection induite par le vaccin acellulaire après un schéma de primo-vaccination du nourrisson (3 à 4 doses selon les études) et un rappel à 6-7 ans est supérieure à 7 ans ± 1,5 ans. Ce délai est comparable à la durée de l'immunité conférée par l'utilisation du vaccin coquelucheux à germes entiers (2). En l'absence de rappels vaccinaux, la durée de protection de vaccins va être insuffisante à l'âge de l'adolescence et adultes, particulièrement pour protéger les nourrissons. En effet, une étude internationale multicentrique conduite en France, aux Etats Unis, en Allemagne et au Canada indique que les enfants dont la moyenne d'âge était de 3 mois s'étaient contaminés dans 56 % auprès de leurs parents et dans 30 % des cas auprès d'autres membres de la famille (grands-parents, oncles et tantes, cousins) (2). C'est ainsi que la stratégie du cooconing a été mise en place (rappel de vaccin coquelucheux à proposer à l'entourage de nourrisson de moins de 6 mois). Cependant, cette stratégie se heurte à la difficulté de proposer et accepter cette vaccination chez les adultes dans l'entourage du nourrisson. C'est ainsi que les autorités de santé américaines recommandent, depuis 2012, la vaccination de la femme enceinte au cours du 3ème trimestre de grossesse. En 2014, le Royaume-Uni va également étendre la vaccination contre la coqueluche aux femmes enceintes. En France, la stratégie du cocooning reste la priorité avec un rappel chez les adultes en l'absence de vaccination coquelucheuse dans les cinq dernières années. Pour l'instant, il n'y a pas lieu d'administrer plus d'une dose de vaccin quadrivalent dTcaPolio chez l'adulte, mais cette recommandation est en cours de réévaluation par le Haut Conseil de la santé publique. La question de l'impact de la vaccination de la mère sur la production ultérieure des anticorps de son enfant fait l'objet d'études en cours.

Le second intérêt de rappels vaccinaux chez les jeunes gens est justifié par la gravité de l'infection et l'épidémiologie. En Europe, la stratégie de prévention des infections invasives à méningocoques C repose sur différents schémas vaccinaux : une injection chez le nourrisson pour la majorité des pays, une dose de rattrapage en Australie, France et Grèce (3). La primovaccination des enfants âgés d'au moins 12 mois avec une dose de vaccin méningocoque C conjugué permet d'avoir une réponse immune post vaccinale optimale (production d'anticorps neutralisants, activation de la réponse mémoire par les cellules B mémoire).

L'adaptation des schémas vaccinaux suivant la durée de séroprotection du vaccin méningococcique C et l'épidémiologie a été étudiée par modèle mathématique (4). C'est le cas pour la province de Valence en Espagne. Afin d'éviter la survenue de cas de méningites à méningocoque C chez les adolescents dans cette province, le schéma vaccinal va être modifié en 2014, avec une primo-vaccination avec 2 doses, à l'âge de 2 et 12 mois, et une dose de rappel à l'âge de 12 ans. Un rattrapage pour les personnes de 15 à 20 ans est maintenu, en l'absence de primo-vaccination au cours de l'enfance.

Certaines maladies à prévention vaccinale ne nécessitent pas de doses de rappels chez l'adolescent lors de schémas vaccinaux complets au cours de l'enfance : c'est le cas des vaccins contre les infections à Haemophilus influenzae de sérotype b, des vaccins rougeole, oreillons, rubéole.

Enfin, il y a des infections pour lesquelles la question de l'âge de la vaccination à l'adolescence reste posée : vis-à-vis de la varicelle, de l'hépatite B, des infections à papillomavirus humains.

Au total, la surveillance de l'épidémiologie des maladies à prévention vaccinale est essentielle à l'adaptation des recommandations vaccinales. Ces aspects contribuent à faire évoluer régulièrement le calendrier vaccinal et ont conduit la France à proposer un calendrier vaccinal simplifié en 2013 (5).

Références

  1. European Centre for disease and prevention Control, Annual epidemiology report 2012.
  2. Guiso N., Levy C., Romain O., Bechet S., Cohen R. and ACTIV AFPA: 2006-2012: follow up of pertussis paediatric surveillance, in private practice in France (communication ECMID 2013).
  3. Calendriers de vaccination dans les pays de l'Union européenne.
  4. Symposium ECMID : Optimizing the impact of meningococcal C vaccination programs in Europe.
  5. https://www.mesvaccins.net/textes/CV_simplifie_2_INPES.pdf