Recrudescence de la méningite C : la faute à un défaut de vaccination ?

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L'InVS (Institut de veille sanitaire) vient de publier une étude sur l'épidémiologie des infections invasives à méningocoques (IIM, méningites et septicémies à méningocoques) en France en 2012. Il en ressort une stabilité de l'incidence de ces infections (elle se maintient entre 0,9 et 1,6 cas pour 100.000 habitants depuis 10 ans ; 559 cas ont été recensés en 2012, dont 547 en métropole), tous sérogroupes de méningocoques confondus. Cependant, alors que les méningocoques du sérogroupe B restent les plus fréquemment en cause, on remarque depuis 2010 une progression des infections à méningocoque C, dont l'incidence décroissait pourtant depuis 2002.

L'information est reprise par Le Nouvel Observateur, qui donne la parole au Dr Robert Cohen, pédiatre infectiologue à Créteil. Celui-ci se montre très critique sur les causes qui ont conduit selon lui à cette situation, dénonçant des crises médiatiques répétées qui nuisent à une bonne utilisation des vaccins. En effet, la recrudescence de la méningite C, la plus sévère des méningites à méningocoques avec 14 % de mortalité, est observée alors qu'un vaccin (vaccin polyosidique conjugué) a été justement introduit dans le calendrier vaccinal en 2010. Il est recommandé chez les nourrissons entre 12 et 24 mois (1 dose), avec extension jusqu'à 24 ans. Or, si l'incidence de la méningite C a diminué dans les groupes d'âge 1-14 ans et 20-24 ans, elle augmente chez les moins de 1 an, les plus de 25 ans, mais aussi chez les 15-19 ans pourtant visés par la vaccination. En fait, en 2013, on constate que la couverture vaccinale pour les vaccins conjugués contre le méningocoque C n'est que de 50 % chez les 1-4 ans, et qu'elle diminue ensuite considérablement : 30 % chez les 5-9 ans, 22 % chez les 10-14 ans, 13 % chez les 15-19 ans et seulement 3 % chez les 20-24 ans. Parallèlement, l'incidence des infections invasives à méningocoque C continue d'augmenter : 85 cas ont été recensés au premier semestre 2013, alors qu'ils étaient 40, 43 et 61, respectivement, aux premiers semestres 2010, 2011 et 2012.

Pour le Dr Cohen, les autorités de santé françaises n'ont pas suffisamment mis en avant l'intérêt et l'importance de la vaccination : « Qui a entendu parler de l'importance de cette vaccination ? Les pouvoirs publics n'ont même pas émis le moindre support de communication, pas de spots radios ou télé, rien ». En fait, non seulement le vaccin ne protège pas efficacement la tranche d'âge à laquelle il s'adresse, mais il n'établit pas une immunité de groupe suffisante pour protéger les individus non vaccinés, résultat auquel sont parvenus le Royaume-Uni et les Pays-Bas avec une politique de vaccination plus efficace.

En l'absence d'autre explication trouvée à la situation qu'ils décrivent, les auteurs de l'étude de l'InVS concluent qu'une augmentation de la couverture vaccinale est nécessaire pour protéger les adolescents, les plus souvent porteurs du germe, et éviter ainsi la contamination des tranches d'âge non vaccinées (dont les nourrissons de moins de 1 an) et la circulation de clones de méningocoques particulièrement virulents, comme celui qui a été responsable de cas groupés en Bretagne en 2012.

Sources :

  • Le Nouvel Observateur, 7 janvier 2014.
  • A-S Barret, A-E Deghmane, A Lepoutre, L Fonteneau, C Maine, M-K Taha, I Parent du Châtelet. Les infections invasives à méningocoques en France en 2012 : principales caractéristiques épidémiologiques. BEH, 2014, 1-2 : 25-31.