Maintien de la vaccination de rappel contre la fièvre jaune en Guyane

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Dans une note de synthèse publiée dans le Relevé épidémiologique hebdomadaire du 5 juillet 2013, commentée dans une nouvelle de MedecineDesVoyages.net l'Organisation Mondiale de la Santé déclarait «qu'une dose unique de vaccin amaril est suffisante pour conférer une immunité protectrice toute la vie", et que "l'administration d'une dose de rappel n'est pas nécessaire». En France, la Guyane est le seul département où la vaccination anti-amarile est obligatoire depuis 1967 pour toute personne âgée d'un an et plus. Les autorités sanitaires françaises se sont interrogées sur l'opportunité des rappels de cette vaccination.

Arguments de la recommandation

Dans son avis du 29 janvier 2014, relatif à la vaccination de rappel contre la fièvre jaune en Guyane, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) s'est appuyé sur des arguments épidémiologiques, immunologiques, de sécurité vaccinale, et sur le dossier d'autorisation de mise sur le marché (AMM) du seul vaccin contre la fièvre jaune commercialisé en France.

Selon le règlement sanitaire international, tout diagnostic de fièvre jaune doit être notifié à l'OMS. Le dernier cas de fièvre jaune identifié en Guyane chez une personne vivant à la frontière avec le Suriname date de 1998. Au Brésil, de décembre 2007 à juin 2008, 45 cas confirmés, dont 25 décès, ont été déclarés dans 8 provinces. Le dernier cas de fièvre jaune diagnostiqué chez un voyageur de retour de Guyane date de 2002.

En population générale, le HCSP relève que la durée de protection conférée par une seule dose de vaccin ne peut être déterminée. Le taux de séroprotection contre la fièvre jaune décroit avec le temps ; dix ans après l'administration du vaccin, il est possible que cette protection soit insuffisante pour certaines personnes.

Populations particulières. Les enfants âgés de moins de 2 ans ont un taux de séroconversion plus faible que les adultes, ainsi qu'une réponse en anticorps neutralisants inférieure, ce qui pourrait impacter négativement la durée de protection conférée par une seule dose de vaccin. Chez les personnes immunodéprimées, le vaccin contre la fièvre jaune, vaccin vivant atténué, est contre-indiqué. Cependant, ce vaccin peut être administré dans certaines situations (personnes infectées par le VIH dont le taux de lymphocutes CD4 est suffisamment élevé, patients transplantés de cellules souches hématopoïétiques, sous réserve que certaines conditions soient respectées). La qualité de la réponse immune et a fortiori la durée de protection conférée par la vaccination dans ces circonstances sont inconnues

Ainsi, si les données disponibles suggèrent qu'une seule dose de vaccin contre la fièvre jaune peut conférer une protection de longue durée, voire définitive chez les adultes en bonne santé, de fortes incertitudes persistent quant à la réponse immune dans des populations particulières.

S'agissant de données de tolérance, bien que rares, les effets indésirables graves liés au vaccin (maladies neurologiques nommées YEL-AND pour Yellow Fever vaccine-Associated Neurologic Disease, maladies viscérotropes nommées YEL-AVD pour Yellow Fever vaccine-Associated Viscerotropic Disease) sont survenus chez des personnes primo-vaccinées. Le risque de YEL-AVD, dont l'incidence est estimée entre 0,25 et 0,4 cas pour 100.000 personnes vaccinées, est plus élevé chez les personnes âgées de plus de 60 ans et surtout de 70 ans.Les effets indésirables graves semblent plus fréquents après vaccination dans le cadre des voyages que chez les personnes vaccinées dans les pays d'endémie. Surtout,, à ce jour, tous les cas notifiés et publiés de YEL-AND et de YEL-AVD sont survenus chez des primo-vaccinés. L'explication avancée est que les complications pourraient être liées à la virémie, fréquente après primo-vaccination alors qu'elle n'a jamais été observée lors des rappels. Les personnes âgées naïves ont, en outre, comparées aux personnes jeunes, une charge virale plus élevée après primo-vaccination et une réponse en anticorps retardée.

Enfin, selon le résumé des caractéristiques du vaccin Stamaril, la revaccination par une dose unique est recommandée tous les 10 ans chez les personnes à risque d'exposition. Ce qui signifie que la suppression des rappels de vaccination serait une recommandation hors AMM.

Recommandation du Haut Conseil de la santé publique

Dans l'attente du changement du règlement sanitaire international, le HCSP ne recommande pas la suppression des rappels décennaux de doses de vaccin contre la fièvre jaune pour les personnes résidant en Guyane ou les voyageurs se rendant dans ce département.

Référence

  • Avis du Haut Conseil de santé publique du 29 janvier 2014, relatif à la vaccination de rappel contre la fièvre jaune en Guyane