Emergence inattendue de la bilharziose en Corse
Plusieurs cas groupés de bilharziose urogénitale (due au parasite_Schistosoma haematobium_)ont été signalés en Corse au mois d'avril.Les personnes atteintes ont probablement été contaminées au cours d'une baignade, à partir de l'été 2011, dans le Cavu, une rivière de Corse-du-Sud proche de Porto-Vecchio.
C'est la première fois que des cas autochtones de cette maladie sont signalés en France. Tous les cas diagnostiqués jusqu'ici étaient des cas importés de pays étrangers situés en zone tropicale ou subtroopicale.
Les recommandations utiles pour le dépistage et la prise en charge sont en cours d'élaboration par un groupe d'experts et seront prochainement publiées.
Devant une hématurie microscopique ou macroscopique, la Direction générale de la santé invite d'ores et déjà les médecins à évoquer le diagnostic de bilharziose chez toute personne qui se serait baignée en eau douce en Corse-du-Sud depuis 2011.
Le diagnostic doit également être évoqué devant une hyperésosinophilie sanguine (il s'agit d'une augmentation de certaines cellules sanguines, les polynucléaires éosinophiles, dont l'augmentation traduit une réaction de défense contre le parasite).
Rappels sur la la bilharziose
La bilharziose (ou schistosomiase) est une maladie parasitaire causée par plusieurs espèces de schistosomes, les principales étant Schistosoma mansoni, S. japonicum, S. mekongi et S. haematobium. Les schistosomes sont des vers plats qui appartiennent à la classe des trématodes.
L'infestation se produit dans de l'eau douce hébergeant des formes larvaires (cercaires) de schistosomes, qui se développent dans les mollusques. Les larves libres pénètrent dans l'épiderme des nageurs ou des personnes qui marchent dans l'eau. L'infestation des mollusques résulte de l'excrétion d'oeufs dans l'urine et les excréments humains.
Dans les quelques jours suivant l'infection, la bilharziose se manifeste parfois par de légères démangeaisons et une dermatite papuleuse des pieds, la « dermatite des nageurs ». Quelques semaines plus tard, elle peut se déclarer de façon aiguë par des symptômes tels que fièvre, maux de tête, fatigue, douleurs musculaires et articulaires, toux, qui sont déclenchés par la migration du parasite dans l'organisme. Souvent, l'infection est asymptomatique et peut passer inaperçue.
La bilharziose chronique ne se déclare que plusieurs mois ou années après l'infection. Il existe deux formes principales de bilharziose : intestinale et urogénitale. Dans la bilharziose urogénitale(due à_S. haematobium_), le symptôme le plus courant est l'apparition de sang dans les urines (hématurie). Dans la bilharziose intestinale (due à S. mansoni, à_S. mekongi_et à_S. japonicum_), on observe des douleurs abdominales, une diarrhée et l'apparition de sang dans les selles. Dans certains cas, il y a une augmentation du volume du foie et de la rate et une hypertension dans les vaisseaux sanguins de l'abdomen, qui s'accompagne de complications sévères.
S. mansoni est présent dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne, dans la péninsule arabique, ainsi qu'au Brésil, au Suriname et au Venezuela. On trouve S. japonicum en Chine, dans certaines parties de l'Indonésie et aux Philippines. S. haematobium est présent en Afrique subsaharienne et dans des zones de la Méditerranée orientale. S. mekongi s'observe le long du fleuve Mékong dans le nord du Cambodge et dans le sud de la République démocratique populaire lao (voir la carte). La découverte de S. haemotobium en Corse est totalement inattendue.
Dans les zones d'endémie, les voyageurs sont exposés lorsqu'ils nagent ou marchent dans de l'eau douce. Il faut donc éviter les contacts directs (en nageant ou en marchant) avec de l'eau douce potentiellement contaminée dans les zones d'endémie. En cas d'exposition accidentelle, il faut sécher la peau vigoureusement pour réduire la pénétration des cercaires. Il faut aussi éviter de boire de l'eau dans une zone à risque de contamination, éviter de s'y laver ou d'y laver des vêtements. On peut éliminer ou inactiver les cercaires au moyen d'un filtre en papier ou avec de l'iode ou du chlore.
Source : Direction générale de la santé.