Le point sur les piqûres de scorpion

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Environ un million d'envenimations par piqûre de scorpion sont rapportées dans le monde chaque année. Bien que la mortalité résultante soit moindre que celle attribuée aux serpents, ces piqûres sont à l'origine d'une morbidité notable dans différentes régions du monde. Par ailleurs, le risque de décès demeure avec certaines espèces, en particulier chez l'enfant. Les espèces dangereuses appartiennent quasiment toutes à la famille des Buthidés :

  • les genres Buthus et Androctonus en Afrique du Nord,
  • le genre Leiurus au Proche et Moyen Orient,
  • le genre Tityus en Amérique du Sud,
  • le genre Centruroides en Amérique du nord et central,
  • le genre Mesobuthus en Inde,
  • le genre Hemiscorpius présent au Moyen Orient et en Afrique de l'Est.

L'appareil venimeux est un aiguillon situé sur le dernier segment de queue (ou telson) et relié à une double glande à venin contenant des neurotoxines.

Presque toutes les piqûres par des espèces dangereuses provoquent une douleur locale. Chez l'adulte, moins de 10 % des cas évoluent vers une forme avec signes généraux (fièvre, agitation, nausées, vomissements, diarrhée, hypotension, malaise).

Les formes sévères sont dominées par une atteinte cardiaque, soit à type d'œdème pulmonaire aigu, soit à type de choc cardiogénique. Deux autres tableaux sont décrits : une forme neurologique (troubles visuels, spasmes musculaires, paralysie) avec le genre Centruroides et une forme cutanée cytotoxique (rougeur, purpura, lésions bulleuses puis nécrose) avec Hemiscorpius lepturus présent en Iran.

La prévention des piqûres repose sur quelques principes à respecter lors des sorties dans des zones où les scorpions sont nombreux : nettoyage de la zone de bivouac, installation des chaussures à l'envers sur des piquets, inspection soigneuse le matin des vêtements et des chaussures avant de s'habiller. L'utilisation d'une lampe UV permet de repérer dans le noir ces animaux nocturnes qui sont fluorescents sous UV. Les répulsifs pour insectes sont en général inefficaces.

En cas de piqûre, il convient en premier lieu d'éviter certaines mesures qui sont inutiles voire délétères : succion, incision ou cautérisation de la plaie, pose d'un garrot, dispositif type Aspivenin. De même capturer ou tuer un scorpion dans un but d'identification ultérieure n'a pas d'intérêt et peut au contraire conduire au sur-accident.

  • Le patient doit être allongé et rassuré.
  • Le site de piqûre est désinfecté, de préférence avec un produit incolore.
  • En cas de douleur, du paracétamol peut être donné en automédication, à raison d'un gramme toutes les 6 heures.
  • Les sprays froids utilisés en traumatologie sportive sont une alternative antalgique intéressante.
  • Une consultation médicale en urgence s'impose en cas de douleur réfractaire ou d'apparition de signes généraux.

Références

  • Isbister GK, Bawaskar HS. Scorpion envenimation. N Engl J Med 2014 ; 371 : 457-63_._
  • Mion G, Larréché S, Goyffon M. Aspects cliniques et thérapeutiques des envenimations graves. Urgence Pratique publications.

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