Rage : comment réagir en cas de morsure ?

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Le Dr Philippe Poujol (responsable du Centre antirabique de l'Institut Pasteur de Paris) a présenté les bons réflexes à avoir en cas de morsure d'un carnivore ou d'une chauve-souris lors de la journée de l'Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments, de l'environnement et du travail (Anses) sur le thème « La rage, une maladie toujours d'actualité », le 9 octobre, à Paris.

« Chez l'homme, le virus de la rage provoque une encéphalite incurable et mortelle une fois les premiers symptômes déclarés. Il est transmis par un mammifère infecté en phase d'excrétion salivaire par morsure, griffure ou léchage d'une plaie ou d'une muqueuse », rappelle-t-il. « Le virus rabique ne franchit pas la peau saine ».

Chaque année, la rage tue près de 70 000 personnes, majoritairement des enfants dans les pays en développement, mais aussi quelques touristes. Plus de 95 % des cas humains de rage sont dus à des morsures de chiens infectés. Contrairement à de nombreuses autres maladies, les outils nécessaires pour l'éliminer existent.

Une maladie présente dans les deux tiers des pays

La rage est présente dans deux tiers des pays. La moitié de la population mondiale vit en zone endémique. L'Afrique et l'Asie sont les continents à plus haut risque de mortalité humaine, avec plus de 95 % des cas mortels dans le monde. Ces régions sont aussi celles où la rage canine est la moins contrôlée. La France était indemne de rage au 3 novembre 2014.

« Contrôler et éradiquer la rage signifie la combattre à sa source animale. La vaccination de masse des chiens est la méthode de choix : elle permet d'interrompre le cycle de transmission animal-Homme de la maladie. En vaccinant 70 % des chiens dans les pays encore infectés, la rage pourrait être éradiquée chez le chien et le nombre de cas humains se rapprocher très vite de zéro », explique le Dr Bernard Vallat (directeur général de l'Organisation mondiale de la santé animale).

Identifier les situations à risque

Dans les zones d'endémie rabique, la majorité des mammifères terrestres ou volants peut transmettre la rage. « Dans les zones indemnes de rage pour les mammifères terrestres (France métropolitaine), le risque de contamination provient d'une exposition à une chauve-souris ou un mammifère illégalement importé d'une zone d'endémie », indique le Dr Poujol.

Une morsure par un animal errant non identifiable est également une situation à risque, qui motive une consultation dans un centre antirabique.

Chez l'homme, l'incubation de la maladie va de 3 semaines à 3 mois en moyenne. Elle peut atteindre plusieurs années. « En l'absence de traitement curatif, l'incubation relativement longue de la rage permet une prophylaxie post-exposition (PPE) », précise-t-il.

Ne pas négliger les soins locaux

Débutée le plus rapidement possible, la PPE associe soins locaux systématiques et vaccination antirabique, seule ou associée à l'injection d'immunoglobulines spécifiques, selon les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il n'y a pas de délai maximal pour entreprendre la PPE ; certaines sont mises en place jusqu'à 6 mois après une morsure.

Les soins locaux (nettoyage de la plaie à l'eau et au savon pendant 15 minutes, rinçage, application d'un antiseptique iodé ou chloré) ne sont malheureusement pas toujours effectués dans les services d'urgence, alors que leur importance est majeure pour limiter le risque infectieux.

L'OMS a validé plusieurs protocoles de PPE, établis selon les catégories de risque d'exposition. « En France, où n'existent actuellement pas de recommandations spécifiques, l'indication et les modalités de la PPE relèvent exclusivement des centres antirabiques », précise le Dr Poujol.

Consulter dans un centre antirabique en France

Deux protocoles sont autorisés en France ; ils comprennent 4 injections (protocole de Zagreb : 2 à J0, J7 et J14) ou 5 injections vaccinales (protocole d'Essen : J0, J3, J7, J14 et J28). Des immunoglobulines sont administrées en cas de morsure de grade 3 (excoriation et saignement immédiat) ou 2 (excoriation minime) chez les personnes immunodéprimées ou mordues par une chauve-souris.

Après une morsure, dans la mesure du possible, il faut identifier l'animal en cause. « Sa mise en observation auprès d'un vétérinaire ou l'examen de son cadavre permettront éventuellement l'arrêt de la PPE », ajoute le Dr Pujol.

Après une morsure en zone d'endémie, il faut consulter dans un centre antirabique à son retour en France, car certains pays utilisent des vaccins qui ne sont pas validés par l'OMS.

Il n'existe aucune contre-indication à la vaccination antirabique. « En France, quelque 4 000 traitements antirabiques post-exposition sont instaurés chaque année », détaille Philippe Poujol. La France métropolitaine compte 63 centres antirabiques et 14 antennes.