Recommandations de l'OMS contre la diffusion internationale de la poliomyélite : mise à jour

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Le comité d'urgence du Règlement Sanitaire International (RSI) a été convoqué par le Directeur général le 24 avril 2015pour faire le point sur la propagation internationale du poliovirus sauvage. Ce sujet, traité partiellement dans une nouvelle publiée le 14 mai 2015 sur MesVaccins.net, est en effet un problème majeur et une urgence de santé publique.

Des progrès ont été accomplis par les pays en réponse aux recommandations émises. Ainsi, aucun cas de poliovirus sauvage n'a été rapporté en Afrique depuis huit mois. Par ailleurs, le Pakistan et l'Afghanistan ont notifié deux fois moins de cas qu'en 2014.

L'OMS a donc décidé de réviser ses recommandations en classant les pays en trois catégories :

  1. Pays exportateurs de poliovirus (Afghanistan et Pakistan).
  2. Pays où circule le poliovirus sauvage mais non exportateurs de poliovirus (Somalie).
  3. Pays où ne circule plus le poliovirus sauvage, mais qui restent vulnérables à la propagation internationale (Cameroun, Nigéria,Ethiopie, Syrie, Israël, Irak et Guinée équatoriale).

Au Pakistan

  • Dernier cas le 20 avril 2015.
  • Le nombre d'enfants n'ayant pas accès à la vaccination a diminué, passant d'environ 300 000 à 50 000 dans les zones tribales sous administration fédérale.
  • Les autorités ont continué à mettre en œuvre les recommandations temporaires. Depuis novembre, 370 000 voyageurs internationaux ont été vaccinés en moyenne chaque mois avant le départ du pays.
  • Une diminution des cas de poliomyélite est survenue au cours de la basse saison et la performance du programme d'éradication a été améliorée. Néanmoins, 21 des 22 cas signalés en 2015 (soit 95 % des cas mondiaux) ont été notifiés au Pakistan.
  • Le risque de nouvelles exportations en provenance du Pakistan reste faible durant la saison sèche, de faible transmission. Mais qu'en sera-t-il pendant la saison des pluies, de forte transmission, qui commence en mai ?

En Afghanistan

  • Dernier cas le 21 janvier 2015.
  • Le Pakistan et l'Afghanistan forment un bloc épidémiologique unique ; les mouvements de population transfrontaliers sont fréquents et augmentent le risque de circulation du poliovirus dans les deux directions.
  • Les deux pays doivent donc parvenir à interrompre la transmission du poliovirus simultanément pour ne pas remettre en cause les progrès réalisés.
  • Le nombre de cas signalés a diminué et les activités de vaccination transfrontalières ont été renforcées, en particulier dans la région du Sud-Est. Cependant, il y a encore des zones inaccessibles dans certaines régions du sud et de l'est du pays.

Le risque d'une nouvelle propagation internationale depuis les autres États membres où le poliovirus circule semble avoir diminué mais persiste ; ce risque pourrait être accru par l'expansion des zones touchées par des conflits, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique centrale.

Le Comité a convenu à l'unanimité que la propagation de la poliomyélite constitue encore une urgence de santé publique de portée internationale et estime que les États où le poliovirus sauvage ne circule plus actuellement restent vulnérables à la propagation internationale. Il recommande l'extension des recommandations temporaires pour trois mois supplémentaires.

1 - Les États qui exportent actuellement le poliovirus sauvage, c'est-à-dire le Pakistan et l'Afghanistan, doivent :

  1. Déclarer officiellement, au niveau du chef de l'État ou du gouvernement, que l'interruption de la transmission du poliovirus est une urgence nationale de santé publique et que ce statut d'urgence doit être maintenu.
  2. Veiller à ce que tous les résidents et visiteurs de longue durée (séjour supérieur à quatre semaines) reçoivent une dose de vaccin oral du poliovirus (VPO) ou de vaccin antipoliomyélitique inactivé (VPI) entre quatre semaines et 12 mois avant un voyage international.
  3. S'assurer que ceux qui voyagent en urgence reçoivent une dose de vaccin contre la polio au moins au moment du départ.
  4. Contrôler le certificat international de vaccination ou de prophylaxie dans la forme indiquée à l'annexe 6 du RSI pour enregistrer la vaccination contre la polio et servir de preuve de vaccination.
  5. Limiter le départ en voyage international de tout résident n'ayant pas de certificat de vaccination à tous les points de départ, indépendamment des moyens de transport (par exemple, route, air, mer).
  6. Intensifier les efforts de lutte transfrontaliers en améliorant de manière significative la coordination aux niveaux national, régional et local, afin d'accroître sensiblement la couverture vaccinale des voyageurs qui traversent la frontière et des populations transfrontalières.
  7. Maintenir ces mesures jusqu'à ce que les critères suivants sont été atteints :
  • Au moins six mois se sont écoulés sans nouvelle exportation.
  • Documentation de l'application intégrale des activités d'éradication. En l'absence d'une telle documentation ces mesures devraient être maintenues au moins 12 mois sans nouvelle exportation.
  1. Fournir au Directeur général un rapport mensuel sur la mise en œuvre des recommandations temporaires pour les voyages internationaux.

2 - Pour les États où circule le poliovirus sauvage mais actuellement sans exportation de virus

, les exigences de l'OMS sont allégées. Depuis le 27 août 2015 (classement du Nigéria dans le groupe 3, voir ci-dessous), la Somalie est actuellement le seul pays concerné (dernier cas le 11 août 2014). Les différences par rapport aux huit points précédents demandés pour l'Afghanistan et le Pakistan sont les suivants :

  • Il n'est pas demandé de limiter le départ en voyage international de tout résident n'ayant pas de certificat de vaccination à tous les points de départ, indépendamment des moyens de transport.
  • Le rapport au Directeur général ne sera pas mensuel mais fourni seulement après 12 mois sans preuve de transmission.

3 - Les États où ne circule plus le poliovirus sauvage, mais qui restent vulnérables à la propagation internationale

, sont l'Ethiopie (dernier cas le 5 janvier 2014), la Syrie (dernier cas le 5 janvier 2014), Israël (dernier échantillon environnemental positif le 30 mars 2014), l'Irak (dernier cas le 7 avril 2014), la Guinée équatoriale (dernier cas le 3 mai 2014),le Cameroun (dernier cas le 9 août 2014) et, depuis le 27 août 2015, le Nigéria (dernier cas le 26 juillet 2014). Ces pays doivent :

  1. Améliorer la qualité de la surveillance pour réduire le risque de transmission du poliovirus sauvage détecté, en particulier chez les migrants et dans les populations vulnérables.
  2. Intensifier les efforts pour assurer la vaccination des populations migrantes et transfrontalières, les personnes déplacées, les réfugiés et autres groupes vulnérables.
  3. Renforcer la coopération régionale et la coordination transfrontalière pour assurer la détection rapide du poliovirus sauvage et la vaccination des groupes de population à haut risque.
  4. Maintenir ces mesures avec la documentation de l'application intégrale des activités de surveillance et de vaccination.
  5. A la fin de 12 mois sans preuve de réintroduction du poliovirus, fournir un rapport au Directeur général sur les mesures prises pour mettre en œuvre les recommandations temporaires.

Par ailleurs, le Comité a vivement exhorté les partenaires mondiaux dans l'éradication de la poliomyélite à apporter leur soutien à tous les pays concernés par la circulation du poliovirus, à ce moment critique dans le programme. Compte tenu de l'évolution de la situation, en particulier le début de la saison de forte transmission, l'OMS va évaluer périodiquement le risque de propagation.

Enfin, le Comité a mis à jour et appliqué les critères suivants pour évaluer la période de détection de nouvelles exportations et de la période pour la détection de nouveaux isolats environnementaux de poliovirus sauvage.

Les États qui exportent du poliovirus sauvage :

  • Survenue de cas d'infection par un poliovirus sauvage dans les 12 mois après la date d'apparition du dernier cas exporté le plus récent, plus un mois pour tenir compte du temps nécessaire à la détection des cas, aux enquêtes, à la réalisation des tests de laboratoire et de la période de déclaration.
  • Isolement de l'environnement (eau) du poliovirus sauvage exporté dans les 12 mois après la collecte du premier échantillon de l'environnement positif dans le pays qui a reçu la nouvelle exportation, plus un mois pour tenir compte des analyses de laboratoire et de la période de déclaration.

Les États qui ne détectent plus de poliovirus sauvage :

  • Absence de cas d'infection par un poliovirus sauvage 12 mois après la date de début du cas le plus récent, plus un mois.
  • Absence d'isolement de l'environnement du poliovirus sauvage 12 mois après l'identification d'un échantillon environnemental positif, plus un mois.

Pour consulter le nombre de cas de poliomyélite déclarés en continu, cliquez ici. Le système expert de personnalisation des recommandations de MesVaccins.net et MedecineDesVoyages.net a été mis à jour avec ces données.

Source : Organisation mondiale de la santé.