Augmentation des cas de leptospirose à Mayotte

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A Mayotte, 80 nouveaux cas de leptospirose ont été déclarés pour les 3 premiers mois de 2016, en très nette augmentation par rapport à la même période des années précédentes (21 cas en 2015 et 65 en 2014 à la même période). Sur les 80 cas, 15 ont été hospitalisés dont 5 en réanimation. Aucun décès n'est survenu. Le sex-ratio homme femme était de 3. L'âge moyen était de 31,5 ans (3 à 85 ans) sans différence selon le sexe (plus d'un quart de moins de 20 ans).

Parmi ces 80 cas, 49 enquêtes ont déjà réalisées au domicile des cas permettant ainsi d'appréhender leurs activités et leurs conditions de vie. L'importante recrudescence saisonnière est due pour partie à l'augmentation de la pluviométrie mais aussi à l'accumulation de déchets dans leur entourage rapporté par 65% des cas qui favorise la prolifération des rats présents autour de 92% des cas.

Prés de la moitié des patients rapportait au moins une baignade en rivière et 10 patients une lessive en rivière. Trente deux patients avaient pratiqué l'agriculture le mois précédant la maladie et une activité d'élevage était retrouvée pour 15 patients (8 professionnels) sans protection. Quarante trois patients rapportaient marcher pieds nus ou en savate.

La leptospirose est une maladie bactérienne présente dans le monde entier. Elle est causée par la bactérie Leptospira interrogans. Celle-ci se maintient assez facilement dans le milieu extérieur (eau douce, sols boueux), ce qui favorise la contamination. La saisonnalité de la maladie est très marquée, avec une recrudescence estivo-automnale liée à la chaleur et aux précipitations.

Le principal réservoir animal est le rongeur, en particulier les rats, qui excrètent la bactérie dans leur urine. Il est très diversifié, et outre les rongeurs et les insectivores, il comprend des animaux d'élevage comme les bovins, les chevaux ou les porcs

Certaines professions (agriculteurs, éleveurs, égoutiers, éboueurs…) et les personnes pratiquant des loisirs nautiques (baignade, canoé, kayak, pêche, chasse, canyonning...) sont particulièrement à risque.

Chez l'homme, la bactérie pénètre principalement par la peau lésée ou les muqueuses, la maladie est souvent bénigne, mais peut conduire à l'insuffisance rénale, voire à la mort dans 5 à 20% des cas. L'incubation dure de 4 à 14 jours. Dans la forme modérée, la maladie débute par une fièvre élevée avec frissons, maux de tête, douleurs musculaires et douleurs articulaires diffuses. Dans 20% des cas, elle se complique d'un syndrome hémorragique. Les formes graves (ictéro-hémorragique ou maladie de Weil) associent insuffisance rénale aiguë, atteinte neurologique (convulsions, coma) et des hémorragies plus ou moins sévères (pulmonaire, digestive).

Le traitement des formes graves nécessite une hospitalisation. Il repose sur la réanimation médicale et l'administration d'antibiotiques (amoxicilline, céphalosporine et cyclines) le plus tôt possible.

Les principales mesures de prévention et de protection individuelle contre la leptospirose sont les suivantes :

  • Éviter de se baigner en eau douce, particulièrement lorsqu'on est porteur de plaies, et limiter les contacts des muqueuses avec l'eau.
  • Dans la mesure du possible, se protéger par le port de bottes et de gants en cas d'activité à risque (agriculture, élevage...).
  • Lutter contre les rongeurs, qui sont le réservoir de la maladie.
  • Consulter sans délai un médecin en cas d'apparition des symptômes en lui signalant l'activité à risque pratiquée.
  • Ces mesures sont a renforcer durant la saison des pluies.

Il existe une vaccination contre la leptospirose. Son efficacité étant limitée à certaines souches de leptospire, elle est rarement réalisée en pratique.

Pour le voyageur, des informations détaillées sont disponibles sur les sites Mesvaccins.net ou Medecinedesvoyages.net.

Source : Institut de veille sanitaire, Point épidémiologique au 6 avril 2016.