Situation du paludisme aux Comores
Dans le dernier numéro de la revue « Parasite », organe de la Société française de Parasitologie, l'équipe de Parasitologie de la faculté de médecine de Dakar (Sénégal) et celle du Laboratoire national du contrôle du paludisme à Moroni, présentent la situation du paludisme dans l'Union des Comores.
Les auteurs rappellent la décroissance spectaculaire de la prévalence du paludisme liée à une lutte intégrée contre le paludisme menée aux Comores depuis 2004. La stratégie mise en place basée sur la mise à disposition des moustiquaires imprégnées, le traitement préventif intermittent chez la femme enceinte et le traitement des accès palustres par une combinaison comprenant un dérivé de l'artémisinine (Artemisinin-based combination therapy – ACT).
Durant la période 2004-2008, la prévalence du paludisme chez la femme enceinte a décru de 30,4% à 8%. Un traitement de masse par artemisinine-pipeaquine a progressivement été mis en place sur les îles de Moheli en 2007, d'Anjouan en 2012 et Grande Comore en 2013.
L'étude présentée a repris les diagnostics réalisés entre 2012 et 2013 sur trois sites de Grande Comore par la mise en évidence d'antigènes plasmodiaux et a conduit une analyse diagnostique avec les outils de biologie moléculaire. Elle montre la circulation majoritaire de Plasmodiun falciparum:
- Moroni, zone hypoendémique n=27 : Plasmodium falciparum 92% ; Plasmodium vivax 3,7% et Plasmodium malariae 3,7%
- Mitsamiouli, zone mésoendémique n=55 : Plasmodium falciparum 100%
- Mbeni, zone méso à hyperendémique n=77 : Plasmodium falciparum 98,7% ;Plasmodium vivax 1,3%
Les auteurs rappellent la présence de Plasmodium ovale avec une prévalence de 0,5% des accès sur l'ensemble de l'Union des Comores mise en évidence dans des études précédentes.
Ce travail souligne les résultats obtenus par le programme national de contrôle du paludisme aux Comores, il rappelle néanmoins la persistance du risque de paludisme sur cet archipel même si les résultats sont particulièrement encourageants. Aux Comores, sur les sept anophèles présentes, seules_Anopheles gambiae_ et Anopheles funestus sont vectrices des Plasmodium.
La surveillance du paludisme d'importation en France montre par ailleurs une décroissance spectaculaire des cas importés des Comores ces dernières années, ainsi, ont été déclarés en 2012 : 45 cas ; en 2013 : 53 cas ; en 2014 : 1 cas ; en 2015 : 4cas.
Ces données épidémiologiques doivent faire rappeler aux voyageurs que les recommandations de prévention s'appuient toujours sur le triptyque :
- Protection personnelle antivectorielle.
- Une chimioprophylaxie adaptée.
- Information du voyageur sur l'importance du diagnostic en urgence d'une fièvre au retour d'une zone impaludée.
Pour le voyageur, des informations détaillées sont disponibles sur le site Medecinedesvoyages.net qui prend en compte les nouvelles recommandations des autorités sanitaires françaises, des Centers for Disease Control and Prevention des Etat-Unis et de l'Organisation mondiale de la santé.
Source : Parasite 2016;23:34. (doi : 10.1051/parasite/2016034)