Incidence stable de la leptospirose à Mayotte

medecinedesvoyages.net

A Mayotte, au cours des 4 premiers mois de l'année 2017, le nombre de cas déclarés de leptospirose est similaire à celui observé en 2016 à la même période (130 contre 135 pour 2016). Les activités agricoles et/ou les activités aquatiques de loisir ou domestiques, sont retrouvées dans la majorité des cas avec la pratique de la marche en savates ou pieds nus. On a identifié une activité agricole chez 73 % des patients enquêtés, le plus souvent sans le port de gants ni bottes.

L'importante recrudescence saisonnière, notamment en avril, est consécutive pour partie à l'augmentation de la pluviométrie au mois de février mais aussi à l'accumulation de déchets dans l'environnement proche, rapportée par 40% des cas, et à la présence de poubelles ouvertes rapportée par 56% des cas, pratiques qui favorisent la prolifération des rats présents autour de 90% des cas.

La faible application des mesures de protection individuelle et d'hygiène dans les lieux de vie et de travail constitue le principal facteur qui favorise la contamination.

La leptospirose est endémique dans le pays et est régulièrement signalée chaque année, son incidence augmente au cours de la saison des pluies. Suite à l'ouragan Matthew, en raison de la pluviométrie continue qui a affecté l'île au cours des 2 derniers mois il a été observé une augmentation du taux de létalité de 5,3 fois supérieure par rapport à la même période de 2015.

La leptospirose est une maladie bactérienne présente dans le monde entier. Elle est causée par la bactérie Leptospira interrogans. Celle-ci se maintient assez facilement dans le milieu extérieur (eau douce, sols boueux), ce qui favorise la contamination. La saisonnalité de la maladie est très marquée, avec une recrudescence estivo-automnale liée à la chaleur et aux précipitations.

Le principal réservoir animal est le rongeur, en particulier les rats, qui excrètent la bactérie dans leur urine. Il est très diversifié, et outre les rongeurs et les insectivores, il comprend des animaux d'élevage comme les bovins, les chevaux ou les porcs

Certaines professions (agriculteurs, éleveurs, égoutiers, éboueurs…) et les personnes pratiquant des loisirs nautiques (baignade, canoé, kayak, pêche, chasse, canyonning...) sont particulièrement à risque.

Chez l'homme, la bactérie pénètre principalement par la peau lésée ou les muqueuses, la maladie est souvent bénigne, mais peut conduire à l'insuffisance rénale, voire à la mort dans 5 à 20% des cas. L'incubation dure de 4 à 14 jours. Dans la forme modérée, la maladie débute par une fièvre élevée avec frissons, maux de tête, douleurs musculaires et douleurs articulaires diffuses. Dans 20% des cas, elle se complique d'un syndrome hémorragique. Les formes graves (ictéro-hémorragique ou maladie de Weil) associent insuffisance rénale aiguë, atteinte neurologique (convulsions, coma) et des hémorragies plus ou moins sévères (pulmonaire, digestive).

Le traitement des formes graves nécessite une hospitalisation. Il repose sur la réanimation médicale et l'administration d'antibiotiques (amoxicilline, céphalosporine et cyclines) le plus tôt possible.

Les principales mesures de prévention et de protection individuelle contre la leptospirose sont les suivantes :

  • Éviter de se baigner en eau douce, particulièrement lorsqu'on est porteur de plaies, et limiter les contacts des muqueuses avec l'eau.
  • Dans la mesure du possible, se protéger par le port de bottes et de gants en cas d'activité à risque (agriculture, élevage...).
  • Lutter contre les rongeurs, qui sont le réservoir de la maladie.
  • Consulter sans délai un médecin en cas d'apparition des symptômes en lui signalant l'activité à risque pratiquée.
  • Ces mesures sont a renforcer durant la saison des pluies.

Il existe une vaccination contre la leptospirose. Son efficacité étant limitée à certaines souches de leptospire, elle est rarement réalisée en pratique.

Pour le voyageur, des informations détaillées sont disponibles sur les sites Mesvaccins.net ou Medecinedesvoyages.net.

Source : Institut de veille sanitaire.