L'Organisation mondiale de la santé lance une alerte rougeole pour la Région européenne

Publié le 9 mai 2019 à 09h24

Biographie

- Médecin biologiste à la retraite.
- Auparavant : médecin biologiste dans un hôpital d'Instruction des armées pendant 6 ans, puis détaché pendant 20 ans par le Service de santé des armées comme virologiste d'abord puis comme directeur dans 3 instituts du Réseau international des Instituts Pasteur.

Liens d'intérêt

- Aucune rémunération actuelle ou dans le passé de l'industrie pharmaceutique.
- Aucun investissement financier dans une firme pharmaceutique.
- Aucune participation à des études cliniques de vaccins.

Au cours des deux premiers mois de 2019, 34 300 cas de rougeole ont été signalés dans 42 pays de la Région européenne de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), entrainant au moins 13 décès dans trois pays (Albanie, Roumanie et Ukraine). La majorité des cas sont rapportés en Ukraine, avec plus de 25 000 cas (> 70 % des cas).

La Région européenne de l'OMS avait signalé un total de 83 540 cas de rougeole en 2018, dont 74 décès. Ces chiffres sont à comparer aux 25 869 cas et 42 décès déclarés en 2017, et aux 5 273 cas et 13 décès rapportés en 2016. En 2018, huit pays ont notifié plus de 2 000 cas chacun : l'Ukraine (n = 53 218), la Serbie (n = 5 076), Israël (3 140), la France (n = 2 913), l'Italie (n = 2 686), la Fédération de Russie (n = 2 256), la Géorgie (n = 2 203) et la Grèce (n = 2 193).

Bien que la Région européenne ait atteint sa couverture maximale estimée pour la deuxième dose de vaccination antirougeoleuse en 2017 (90 %), les pays touchés par des épidémies de rougeole ont connu toute une série de difficultés ces dernières années, notamment une baisse ou une stagnation de la couverture vaccinale, une faible couverture au niveau sous-national ou dans certains groupes de la population. La plupart des cas surviennent chez des individus non vaccinés ou sous-vaccinés.

Réponse de santé publique

Le plan d'action européen en faveur des vaccins 2015-2020 (EVAP) stipule qu'au moins 95 % des individus de chaque population doivent être immunisés par deux doses de vaccin ou une exposition antérieure au virus, afin de garantir la protection de la population, notamment celle des bébés trop jeunes pour être vaccinés ou des personnes immunodéprimées, chez lesquelles la vaccination est contre-indiquée. 

Le Bureau régional de l'OMS pour l'Europe continue de collaborer avec les pays de la Région pour améliorer leurs systèmes de vaccination et de surveillance des maladies. Cela comprend le renforcement des capacités et la fourniture de conseils pour :

  • s'assurer que tous les groupes de population ont un accès équitable aux services de vaccination et que ceux-ci sont pratiques ;
  • identifier les personnes non protégées et les informer des vaccins dont elles ont besoin ;
  • veiller à ce que les agents de santé soient vaccinés pour prévenir la transmission dans les établissements de santé et qu'ils disposent des connaissances techniques suffisantes en matière de vaccins et du système immunitaire pour pouvoir recommander le vaccin à leurs patients ;
  • renforcer la confiance du public dans les vaccins et les autorités de santé ;
  • obtenir un accès sécurisé à un stock de vaccins ;
  • améliorer la détection des épidémies et la riposte pour les combattre ;
  • écouter les préoccupations des personnes et savoir y répondre ; être attentif à tout événement de santé pouvant être potentiellement lié à la sécurité du vaccin.

Évaluation des risques.

La rougeole est une maladie virale très contagieuse, qui reste l'une des principales causes de morbidité et de mortalité chez les jeunes enfants dans le monde, malgré la disponibilité d'un vaccin sûr et efficace. La transmission d'une personne à l'autre se fait par voie aérienne, ainsi que par contact direct ou indirect des sécrétions (nasales, de gorge) d'une personne infectée. Le virus peut provoquer des épidémies généralisées en présence d'un grand nombre de personnes sensibles.

Même avec la mise en œuvre de mesures de riposte aux épidémies, la rougeole continue de circuler dans la Région européenne en raison d'une couverture vaccinale sous-optimale et des lacunes en matière d'immunité de la population. Si l'intervention en cas d'épidémie n'est pas complète et opportune, le virus se propagera et infectera un plus grand nombre de personnes vulnérables ; l'épidémie pourrait également s'étendre à d'autres pays de la région et au-delà. La rougeole a également été signalée parmi les agents de santé et la transmission nosocomiale a contribué à certaines épidémies.

L'impact sur la santé publique persistera tant que les flambées en cours ne seront pas maîtrisées, que la couverture vaccinale systématique ne sera pas suffisamment élevée (≥ 95 %) et que les lacunes en matière d'immunité dans la population ne seront pas comblées. Tant que la rougeole continue de circuler n'importe où dans le monde, aucun pays ne peut éviter l'importation, mais il peut protéger sa population par le biais d'une couverture vaccinale élevée dans tous les groupes de population.

Recommandations de l'OMS.

Les premiers symptômes de la rougeole, qui apparaissent généralement 10 à 12 jours après l'infection, comprennent une forte fièvre, un nez qui coule, des yeux rouges, une toux et de minuscules taches blanches à l'intérieur de la bouche. Quelques jours plus tard, une éruption cutanée se développe, commençant sur le visage et le haut du cou et se propageant progressivement vers le bas. Un patient est généralement contagieux 4 jours avant le début de l'éruption cutanée, et jusqu'à 4 jours après son apparition.

Il n'existe pas de traitement antiviral spécifique pour la rougeole. La vaccination est le seul moyen de prévenir la maladie. Une couverture vaccinale élevée d'au moins 95 % avec deux doses de vaccin antirougeoleux dans tous les groupes de population et toutes les générations au niveau national et dans tous les districts est indispensable pour l'élimination de la maladie.

Les pays doivent identifier les individus et les groupes de population susceptibles (non protégés) et envisager de mettre en place des activités de vaccination de rattrapage ou de vaccination supplémentaire pour combler les lacunes en matière d'immunité. Des stratégies sur mesure pour atteindre les populations plus âgées et les groupes marginalisés peuvent être nécessaires.

Toutes les occasions devraient être utilisées pour vacciner les enfants, les adolescents et les adultes sensibles. Les vaccins contenant le virus de la rougeole devraient également être recommandés aux personnes sensibles qui se rendent dans des pays où la rougeole est endémique et où des flambées sont en cours.

Pour protéger les agents de santé, prévenir les infections nosocomiales et limiter la transmission de ces maladies, les agents de santé devraient être vaccinés. Cela inclut les personnes dont le statut vaccinal est incertain et dont les antécédents de maladie sont inconnus.

L'élimination de la rougeole est un objectif prioritaire auquel tous les pays européens se sont fermement engagés. En adoptant le programme EVAP 2015-2020, les 53 États membres de la Région se sont engagés à éliminer la rougeole et la rubéole en tant qu'objectif prioritaire de la région en matière de vaccination. La pierre angulaire de l'élimination de la rougeole reste l'immunité élevée de la population contre la transmission de la maladie et une surveillance de haute qualité pour détecter l'apparition de la maladie.

Source : Organisation mondiale de la santé (OMS).