Vacciner les garçons contre les papillomavirus humains : nouvelle recommandation dans le calendrier vaccinal en 2020

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La Haute Autorité de santé (HAS) vient de recommander la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) de tous les garçons. La recommandation vaccinale a été mise en ligne le 16 décembre 2019. Cette recommandation avait été précédée d'un rapport et d'une consultation publique en octobre et novembre 2019.

Rappel sur les papillomavirus et les vaccins anti-papillomavirus

Les papillomavirus sont des virus d'une grande diversité : on distingue de nombreux génotypes désignés par des numéros. Certains génotypes entraînent des verrues génitales(encore appelées condylomes génitaux), dont le caractère disgracieux peut avoir de graves conséquences psychologiques : dans 90 % des cas il s'agit des HPV 6 ou 11.

D'autres génotypes sont oncogènes, c'est-à-dire capables de provoquer l'apparition d'un cancer (HPV 16 et 18 surtout, mais aussi les HPV 31, 33, 35, 45, 51, 52, 58), notamment le cancer du col utérin. Cependant, certains HPV induisent d'autres cancers de la sphère génitale (vagin, anus et pénis), des cancers oropharyngés (oropharynx, amygdale et base de la langue) ou des cancers de la cavité buccale.

Il existe actuellement trois vaccins anti-papillomavirus :

  • Cervarix : prévention des infections à HPV 16 et 18 ;
  • Gardasil : prévention des infections à HPV 6, 11, 16 et 18 ;
  • Gardasil 9 : prévention des infections à HPV 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58.

Les maladies causées par les HPV touchent les femmes et les hommes

La recommandation vaccinale est fondée sur le poids épidémiologique important des cancers dues aux HPV. Plus de 6.000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année en France. Si la majorité concerne les femmes (3.000 cas de cancers du col de l'utérus, plus de 30.000 cas de lésions précancéreuses de haut grade du col de l'utérus, plus de 1.000 cas de cancer de l'anus), l'homme est également concerné (plus de 1.000 cas de cancers ORL et 360 cas de cancer de l'anus). Au total, 25 % des cancers liés aux HPV concernent les hommes. Les HPV sont également responsables de verrues ano-génitales, également appelées condylomes (près de 50.000 cas pour les hommes et autant chez les femmes).

Efficacité démontrée du vaccin Gardasil dans les lésions précancéreuses

Le développement des cancers étant un processus long, l'efficacité du vaccin Gardasilest évaluée sur la réduction des lésions pré-cancéreuses de haut grade, ce qui est le cas dans la prévention des lésions pré-cancéreuses de l'anus, chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes, particulièrement chez ceux non infectés auparavant. Dans la prévention des autres cancers (cancers du pénis, cancers ORL), les premières données indiquent une réduction du portage d'HPV au niveau de la sphère ORL.

Le vaccin Gardasil a démontré son efficacité dans la prévention des verrues anogénitales dues aux génotypes vaccinaux. En termes de sécurité d'emploi des vaccins HPV chez l'homme, les données sont similaires à ce qui est observé chez la femme.

Acceptabilité de la vaccination HPV chez les garçons par les professionnels de santé

Alors que la couverture vaccinale anti-HPV chez les filles est très insuffisante en France pour avoir un impact sur l'incidence des lésions pré-cancéreuses (ce qui est la stratégie prioritaire compte tenue du nombre de cas de cancers HPV induits chez la femme), proposer également la vaccination aux garçons parait plus acceptable par les professionnels de santé, en termes d'accès à la prévention et d'équité de genre. Cependant, la HAS souligne que l'élargissement de la vaccination HPV aux garçons doit s'accompagner d'une démarche globale dans le cadre d'une consultation de santé sexuelle.

Schéma vaccinal avec Gardasil 9

Les cancers de l'homme liés au HPV sont presque exclusivement liés au HPV 16, contenu dans les vaccins Cervarix, Gardasil et Gardasil 9. Cependant, le vaccin Gardasil 9est recommandé préférentiellement au vaccin Cervarixcar il est indiqué dans la prévention des verrues ano-génitales.

Sur le plan pratique, le schéma vaccinal chez les filles et les garçons est identique avec l'administration de deux doses de vaccin Gardasil 9 (M0-M6) chez les 11-14 ans révolus et en rattrapage chez les 15-19 ans révolus avec 3 doses (M0-M2-M6).

Chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes, le schéma vaccinal inscrit dans le calendrier vaccinal depuis 2017 n'est pas modifié, avec l'administration de trois doses de Gardasil 9 jusqu'à l'âge de 26 ans révolus.

Le texte de la recommandation vaccinale (plus de 150 pages) est accompagné d'une fiche de synthèse qui facilite l'assimilation de cette nouvelle recommandation dont les arguments scientifiques sont complexes car les maladies liées aux HPV sont très diverses.

L'élargissement de la vaccination HPV aux garçons devrait être inscrite dans le calendrier vaccinal 2020. Le système intelligent pour la vaccination de MesVaccins.net, intégré au carnet de vaccination électronique, sera alors mis à jour.

Par ailleurs, l'OMS a récemment recommandé une meilleure allocation des doses de vaccins pour satisfaire les besoins croissants en vaccin contre les HPV au niveau mondial et prévenir le risque de difficultés d’approvisionnement, notamment dans les pays en voie de développement. Dans ce contexte, les modalités de rattrapage vaccinal anti-HPV chez les filles et les garçons en France pourraient être révisées par la HAS.

Source : Haute Autorité de santé.

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