Questions pratiques sur la vaccination des adolescents contre la covid 19

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La vaccination de tous les enfants âgés de 12 à 17 ans a débuté aujourd'hui 15 juin 2021. La Direction générale de la santé en a décrit les modalités dans un message DGS-Urgent du 13 juin 2021 (1).

1. Qui sont les enfants concernés ?

Les adolescents âgés de 16 à 17 ans souffrant d'une pathologie à très haut risque ou dans l'entourage d'une personne immunodéprimée pouvaient déjà être vaccinés contre la covid 19.

L’accès à la vaccination est maintenant d'emblée élargi à tous les adolescents âgés de 12 à 17 ans. La Haute Autorité de santé (HAS) avait plutôt recommandé un accès en deux temps, en commençant par la vaccination des adolescents à risque avant une extension à l'ensemble de cette tranche d'âge, lorsque la campagne de vaccination de la population adulte serait suffisamment avancée (2). L'objectif est de diminuer la circulation virale, de permettre aux adolescents de normaliser leur vie sociale et de maintenir leur accès à l’éducation.

2. Avec quel vaccin et quel schéma vaccinal ?

Le Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale (COSV), autre instance chargée avec la HAS de conseiller le Ministère de la santé, précise que la vaccination des adolescents doit être réalisée avec des vaccins à ARNm, lorsque ceux-ci sont autorisés dans cette classe d’âge (3). A ce jour, seul le vaccin Comirnaty de Pfizer-BioNTech est autorisé dans cette tranche d'âge avec le même schéma que chez l'adulte (deux doses espacées de 3 à 6 semaines) , tandis qu'un dossier de demande d'autorisation du vaccin COVID-19 Vaccine Moderna chez les adolescents a été déposé auprès de l'Agence européenne des médicaments.

Concernant l'acte vaccinal, l'utilisation d'aiguilles de 16 ou 25 mm est recommandée en fonction de la morphologie des enfants. Les établissements ont été livrés en seringues de 16 mm depuis le 11 juin (3).

Compte-tenu des excellentes réponses immunitaires induites chez les jeunes, le COSV a recommandé la conduite d’une étude clinique évaluant l’immunogénicité et l’efficacité des vaccins chez les adolescents avec l’administration d’une seule dose.

De plus, toutes les personnes qui ont déjà été infectées par le SARS-Cov2 ne le savent pas, car beaucoup ont fait des formes asymptomatiques. C'est notamment le cas des jeunes adultes sans facteur de risque, qui sont les plus susceptibles de faire des formes asymptomatiques de la maladie. Un test sérologique réalisé lors de la première vaccination permettrait, en cas de résultat positif, d’éviter l’injection de la seconde dose de vaccin, car il a été montré qu'une seule dose est suffisante pour obtenir une immunité protectrice en cas d'antécédent de covid. Cette stratégie de dépistage sérologique, recommandée par la HAS, est actuellement en cours d'évaluation dans certains centres de vaccination avant d'être généralisée, si elle s'avère concluante (4).

Par ailleurs, il n'est pas exclu que la diffusion de variants susceptibles d’échapper à l’immunité conférée par les vaccins actuellement autorisés pourra nécessiter le recours à des vaccins de seconde génération efficaces contre ces variants.

3. Existe-t-il des contre-indications à la vaccination contre la covid 19 des enfants ?

La seule contre-indication mentionnée dans le résumé des caractéristiques du produit est un antécédent d'hypersensibilité à un composant du vaccin.

Cependant le COSV, dans un avis du 11 juin 2021, a ajouté une autre contre-indication pour les adolescents ayant développé un syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique (PIMS) à la suite d’une infection par le SARS-CoV-2 (1, 5). Ce syndrome, qui nécessite une hospitalisation et un traitement, a atteint des centaines d’enfants depuis le début de l’épidémie de covid 19 (taux d'incidence d’environ 3 cas pour 100 000 enfants), dont environ un quart sont des adolescents âgés de 12 à 17 ans. Il a été jugé raisonnable par précaution de ne pas vacciner ces enfants contre la covid 19, afin d’éviter un risque de réponse inflammatoire grave.

4. Peut-on administrer d'autres vaccins simultanément ?

En l’absence de données disponibles à ce jour, la HAS ne recommande pas la co-administration du vaccin Comirnaty avec d'autres vaccins. Si d’autres vaccins sont recommandés (comme le rappel diphtérie-tétanos-polio-coqueluche ou les vaccins contre les papillomavirus ou l'hépatite B), il faudra éviter de les administrer entre les deux doses de vaccin Comirnaty, et en respectant un intervalle d'au moins 14 jours avant la première dose ou après la seconde dose (2).

5. Où les enfants peuvent-ils se faire vacciner ?

Aujourd'hui, la vaccination des mineurs n’est possible qu’en centre de vaccination avec le vaccin Comirnaty. Il ne faudra pas oublier d'apporter la carte vitale ou une attestation de droit mentionnant le n° de sécurité sociale d'un des parents (cette demande concerne aussi les mineurs âgés de 16 ans et plus qui disposent d'une carte vitale à leur nom).

La mobilisation de l’ensemble des professionnels de santé, et en particulier des pédiatres et des médecins généralistes, est nécessaire pour sensibiliser à la vaccination des adolescents, et notamment pour rassurer les parents quant à la sécurité des vaccins à ARNm. La participation des médecins généralistes eux-mêmes à la vaccination aurait l'avantage de mettre en place un climat de confiance et d'augmenter l'acceptabilité de la vaccination.

Une vaccination en milieu universitaire et scolaire est envisagée à la rentrée. La médecine scolaire étant sous-dotée en France, la HAS propose un renfort par des équipes mobiles extérieures et le service sanitaire des étudiants en santé, ainsi que la mise en place d'un système de vacation d’infirmiers ou de médecins dans les établissements scolaires (2, 3).

6. Qui doit donner son accord ?

Les parents et l'adolescent doivent donner leur accord.

S’agissant de mineurs, le recueil de l’autorisation parentale est requis pour procéder à la vaccination.

Pour les jeunes à haut risque de forme grave de covid 19, le vaccinateur doit s’assurer de l’autorisation donnée par au moins un des titulaires de l’autorisation parentale pour administrer le vaccin.

En dehors de cette situation, la vaccination des mineurs nécessite l’autorisation des deux titulaires de l’autorité parentale. En présence d’un seul parent au moment de la vaccination, il convient de lui préciser qu’il s’engage sur l’honneur à ce que le parent co-titulaire de l’autorité parentale a donné son autorisation, et de l’informer que toute déclaration ou information qui s’avèrerait erronée ultérieurement, engage sa seule responsabilité. Le message DGS-Urgent n° 61 du 18 juin 2021 apporte la précision suivante : "la présence d’un parent pendant la vaccination de l’adolescent est recommandée mais n’est pas obligatoire".

En tout état de cause, en cas de vaccination, il est recommandé aux professionnels de santé de conserver l’autorisation parentale soit sous format papier soit en la mentionnant dans le dossier médical du patient. Le formulaire d’autorisation parentale à la vaccination contre la covid 19 doit être complété et signé avant l’arrivée ou à l’arrivée dans le centre de vaccination.

De plus, conformément aux recommandations du Comité consultatif national d’éthique du 8 juin 2021, il faut recueillir le consentement libre et éclairé de l’adolescent avant de le vacciner (6). Les mineurs de 12 ans et plus devront recevoir, lors de l’entretien préparatoire à la vaccination, une information claire et adaptée à leur âge sur les incertitudes liées à la maladie, sur le vaccin lui-même et son efficacité, ainsi que sur les moyens complémentaires de prévenir la maladie (notamment le respect des gestes barrières). Le vaccin ne sera administré que si le mineur donne son consentement. Ce recueil du consentement ne nécessite toutefois pas de formulaire ou d’engagement écrit : il doit être recueilli à l’oral, pendant l’entretien préparatoire à la vaccination, par le professionnel de santé.

7. Que sait-on de la sécurité vaccinale chez les adolescents ?

Les données de tolérance proviennent des essais cliniques et de l'utilisation depuis plusieurs semaines du vaccin aux Etats-Unis, où près de 7 millions d'adolescents ont déjà été vaccinés.

Les données des essais cliniques sont précisées dans le résumé des caractéristiques du vaccin Comirnaty. Une étude réalisée chez 2 260 adolescents âgés de 12 à 15 ans (1 131 vaccinés par Comirnaty et 1 129 ayant reçu le placebo), suivis sur une période médiane de 2 mois, montre une bonne tolérance du vaccin. La plupart des effets indésirables rapportés chez les adolescents, tout comme chez les jeunes adultes, consistaient en des manifestations locales (douleur au point d’injection) ou des symptômes généraux (fatigue, céphalée, frissons, douleurs musculaires, fièvre) et étaient généralement d’intensité légère à modérée. Entre la première dose et un mois après la seconde dose, les proportions d’adolescents et de jeunes adultes ayant rapporté au moins un effet indésirable grave étaient similaires. Aucun effet indésirable grave n'a été jugé en lien avec la vaccination par l’investigateur. Neuf adolescents (0,8 %) vaccinés par Comirnaty et deux (0,2 %) dans le groupe placebo ont présenté une lymphadénopathie sur une période de suivi jusqu’à un mois après la seconde dose. Aucun choc anaphylactique ou réaction de type anaphylactique n’a été rapporté chez les adolescents. Aucun cas de paralysie faciale ou de myocardite n'a été signalé.

Selon les données de pharmacovigilance françaises relatives au vaccin Comirnaty utilisé à partir de 16 ans, de très rares cas de myocardites ont été rapportés (2,3 par million de personnes pour les 16-49 ans). Ce taux estimé est extrêmement faible au regard du bénéfice individuel attendu (20 à 30 hospitalisations potentiellement évitées pour 100 000 adolescents âgés de 11 à 17 ans. Les cas de myocardite sont en cours d’analyse par les agences des médicaments européenne et des Etats-Unis. Ils sont survenus principalement chez des adolescents et de jeunes adultes, plus souvent chez des hommes que chez des femmes, plus souvent après la deuxième dose du vaccin, et généralement dans les 4 jours après la vaccination, avec une évolution favorable.

8. Comment les familles peuvent-elles s'informer ?

Auprès des sites du Gouvernement, notamment les sites Vaccination info service, Information Coronavirus ( page "Vaccins") ou encore sur le site de l'assurance maladie.

Une information personnalisée est disponible ici ou sur MesVaccins.net. Le carnet de vaccination électronique de MesVaccins.net permet d'obtenir des recommandations vaccinales personnalisées prenant en compte l'historique vaccinal et le profil santé de la personne, incluant les antécédents de covid.

Références

  1. DGS-Urgent - Ouverture de la vaccination aux enfants de 12 ans et plus à partir du 15 juin 2021.
  2. Haute Autorité de santé - Stratégie de vaccination contre la Covid-19 - Place du vaccin à ARNm COMIRNATY® chez les 12-15 ans.
  3. Conseil d’Orientation de la Stratégie Vaccinale - Avis du 28 mai 2021 - Vaccination des adolescents contre la Covid-19.
  4. Haute Autorité de santé - Décision n° 2021.0139/DC/SEESP du 31 mai 2021 du collège de la Haute Autorité de santé complétant les recommandations du 11 février 2021 relatives à « la vaccination des personnes ayant un antécédent de Covid-19 ».
  5. Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale - Avis du 11 juin 2021 – Vaccination des adolescents ayant développé un PIMS suite à une infection par le SARS-CoV-2.
  6. Avis du Comité consultatif national d'éthique : enjeux éthiques relatifs à la vaccination contre la Covid-19 des enfants et des adolescents.