Chute sans précédent de l’incidence des cas d’hépatite A en France en 2020

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En France, en 2020, 411 cas d’hépatite aiguë A ont été notifiés (versus 1 277 en 2019) avec un taux de déclaration de 0,6 pour 100 000 habitants (versus 2,1/100 000 habitants en 2019). De tels niveaux n’ont jamais été enregistrés en 14 années de surveillance par la déclaration obligatoire.

Plusieurs arguments sont avancés pour expliquer cette diminution :

  • l’effondrement du nombre de cas en lien avec un voyage du fait des restrictions de déplacements internationaux imposées pendant une partie de l’année 2020 ;
  • l’instauration des mesures barrières dans le cadre de la pandémie de covid 19, limitant la circulation du virus de l’hépatite A (hygiène des mains, fermeture des écoles et restaurants, confinements, couvre-feux) ;
  • les modifications de recours aux soins, notamment la diminution du recours à un médecin en cas de symptômes modérés, qui a pu également jouer un rôle.

Profil des cas en 2020

  • Le sexe ratio était de 1,0 (pour un sexe ratio moyen de 1,3 entre 2006 et 2016, et de 3,6 en 2017, année marquée par une épidémie affectant particulièrement les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes).
  • La moyenne d’âge des cas était de 35 ans (de 2 à 95 ans). La classe d’âge dans laquelle l’incidence était la plus élevée était celle des 6 à 15 ans, comme observé habituellement (à l’exception de l’année 2017).
  • Un ictère était rapporté pour la majorité des cas (61 %) et près de la moitié des cas ont été hospitalisés (48 %), comme les années précédentes.

Distribution géographique en 2020

Le plus fort taux de déclaration a été observé en outre-mer à Mayotte, comme les années précédentes (30,5 pour 100 000 habitants). Sur le reste du territoire, les taux de déclaration étaient compris entre 0 (aucun cas n’a été déclaré dans 32 départements) et 1,5/100 000 habitants (Tarn-et-Garonne). A titre de comparaison, en 2019, seuls 6 départements ne rapportaient aucun cas d’hépatite A dans l’année.

En 2020, les principales expositions à risque dans les 2 à 6 semaines avant le début des signes étaient :

  • la consommation de fruits de mer pour 28 % des cas ;
  • un séjour hors métropole pour 21 % des cas ;
  • le fait de vivre dans le foyer d’un enfant de moins de 3 ans pour 20 % des cas.

A titre de comparaison, pour l’année 2019, les principales expositions à risque étaient un séjour hors métropole (47 % des cas), la présence de cas connus d’hépatite A dans l’entourage (33 %), et le fait de vivre dans le foyer d’un enfant de moins de 3 ans (22 %).

Rappel sur la prévention vaccinale de l'hépatite A

Le respect de l’hygiène personnelle et collective, en particulier le lavage fréquent des mains à l’eau et au savon, reste primordial pour limiter le risque de transmission de l’hépatite A de même que l’application des recommandations vaccinales en vigueur.

Recommandations visant des populations « particulières »

La vaccination contre l’hépatite A est recommandée pour :

  • les jeunes accueillis dans les établissements et services pour l’enfance et la jeunesse handicapées ;
  • les patients atteints de mucoviscidose ou de pathologie hépatobiliaire susceptible d’évoluer vers une maladie chronique du foie (notamment dues au virus de l’hépatite B, de l’hépatite C ou à une consommation excessive d’alcool) ;
  • les enfants, à partir de l’âge d’un an, nés de familles dont l’un des membres (au moins) est originaire d’un pays de haute endémicité et qui sont susceptibles d’y séjourner ;
  • les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.

Recommandations autour d’un cas d’hépatite A

En complément des mesures d’hygiène, la vaccination est recommandée :

a) Dans l’entourage familial d’un patient atteint d’hépatite A ou chez toute personne vivant sous le même toit qu’un cas. Il est recommandé de vacciner dans un délai maximal de 14 jours suivant l’apparition des signes cliniques du cas :

  • sans examen sérologique préalable les personnes n’ayant jamais été vaccinées contre l’hépatite A, réunissant toutes les conditions suivantes : nées après 1945, sans antécédent connu d’ictère et n’ayant pas séjourné plus d’un an dans un pays de forte endémicité ;
  • après recherche d’anticorps témoins d’une immunité ancienne, à condition que sa réalisation soit compatible avec le délai de 14 jours, si l’une au moins des conditions précédentes n’est pas remplie.

b) Dans les communautés de vie en situation d’hygiène précaire, la population exposée, définie par l’investigation épidémiologique, sera vaccinée dès l’apparition du premier cas et dans un délai maximal de 14 jours suivant l’apparition des signes cliniques de ce cas.

Recommandations pour les professionnels

La vaccination contre l’hépatite A est recommandée :

a) Pour les personnels exposés professionnellement à un risque de contamination :

  • s’occupant d’enfants n’ayant pas atteint l’âge de la propreté (par exemple les personnels des crèches, les assistants maternels...) ;
  • exerçant dans des structures collectives d’accueil pour personnes handicapées ;
  • chargés du traitement des eaux usées et des égouts.

b) Pour les professionnels impliqués dans la préparation alimentaire en restauration collective.

Recommandations pour le voyageur

La vaccination est recommandée à partir de l’âge de 1 an pour tous les voyageurs devant séjourner dans un pays où le niveau d’hygiène est faible, quelles que soient les conditions du séjour.

_ Place de la sérologie pré-vaccinale _

La recherche d’anticorps témoins d’une immunité ancienne avant la vaccination est pertinente :

  • pour les personnes nées avant 1945 ou ayant des antécédents d’ictère ou ayant passé leur enfance ou séjourné plus d’un an en zone d’endémie ;
  • chez les enfants migrants âgés de 1 à 18 ans ou nés de familles dont l’un des membres (au moins) est originaire d’un pays de haute endémicité quand la vaccination est envisagée.

Le délai d’obtention du résultat ne doit pas faire surseoir à la vaccination quand celle relève de délai contraints (vaccination autour d’un cas, vaccination du voyageur), les vaccins contre l'hépatite A étant à la fois très efficaces et bien tolérés.

Sources : Santé Publique France.

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