Les variants d'Omicron considérés comme moins graves que les variants précédents représentent une charge de morbidité relativement élevée chez les immunodéprimés au Japon
La revue Journal of Infection and Chemotherapy publie les résultats d’une étude observationnelle rétrospective qui avait pour objectif d’évaluer l'impact du Covid 19 pendant l'ère Omicron sur les personnes âgées de 12 ans ou plus immunodéprimées au Japon.
Le suivi s'est déroulée de janvier à décembre 2023, période durant laquelle les sous-variants du SARS-CoV-2 Omicron étaient prévalents au Japon. Les personnes qui présentaient un facteur d’immunodépression (ID) dans les 5 ans précédant la période de référence ont été inclus dans cette catégorie. Les données étaient issues de différentes systèmes d’assurance maladie.
Cette étude a analysé les données de 3 433 430 personnes, dont 179 268 personnes ID. L'âge médian des personnes non-ID et des personnes ID était respectivement de 81 ans (71-86 ans) et de 77 ans (71-82 ans). Trois comorbidités ou plus ont été rapportées chez respectivement 32,7 % et 56,9 % des personnes non-ID et des personnes ID. Parmi les personnes ID, 79,6 % souffraient de maladie cardiovasculaire et 62 % d'hypertension.
Concernant les hospitalisations liées au Covid 19 :
- Le ratio du taux d'incidence ajusté (aIRR) (IC à 95 %) était de 2,60 (2,47–2,74) ;
- L’aIRR pour les ID dues à un traitement de déplétion des lymphocytes B, une transplantation d’organe solide, un traitement actif pour une hémopathie maligne (HM) était respectivement de 5,10 (4,19–6,22), 4,00 (0,56–28,40), 3,03 (2,65–3,45).
- Le taux d'incidence (TI) brut/1 000 années-personnes (IC à 95 %) était de 4,19 (4,12–4,26) pour les personnes non-ID et de 9,97 (9,50–10,46) pour les personnes ID.
Concernant l’infection par le SARS-CoV-2 :
- L’aIRR (IC à 95 %) était de 1,12 (1,09–1,15) ;
- L’aIRR chez les personnes ayant suivi un traitement par déplétion des lymphocytes B, un traitement immunosuppresseur en lien avec une transplantation d’organe solide et un traitement actif pour une HM était respectivement de 1,88 (1,67-2,11), 2,05 (1,10-3,81) et 1,26 (1,17-1,36).
- Le TI brut/1 000 années-personnes (IC à 95 %) était de 34,15 (33,94–34,35) pour les non-ID et de 41,26 (40,28–42,26) pour les personnes IDE.
Concernant les admissions en soins intensifs liées au Covid 19 :
- L’aIRR était de 2,94 (2,54-3,39) ;
- L’aIRR chez les personnes ayant suivi un traitement par déplétion des lymphocytes B et celles suivant un traitement actif pour HM était respectivement de 5,76 (3,40–9,76) et de 4,06 (2,93–5,63).
- Le TI brut/1 000 années-personnes (IC à 95 %) était de 0,45 (0,42–0,47) chez les personnes non-ID et de 1,37 (1,20–1,56) chez les personnes ID.
Concernant le taux de mortalité en lien avec le Covid 19 :
- L’aIRR était de 3,34 (3,07–3,65) ;
- L’aIRR chez les personnes ayant suivi un traitement par déplétion des lymphocytes B et celles suivant un traitement actif pour HM était respectivement de 6,96 (5,12–9,47) et de 3,71 (3,00–4,59).
- Le TI brut/1 000 personnes-années (IC à 95 %) était de 1,58 (1,53–1,62) pour les personnes non-ID et de 3,70 (3,42–4,00) pour les personnes ID.
La durée médiane (IQR)/moyenne ± écart type de l'hospitalisation pour Covid 19 et la durée du séjour en USI ne différait pas significativement entre les non-ID et les ID. Ils étaient respectivement de 15,0 jours (8,0–37,0)/26,9 ± 31,2 jours et de 6,0 jours (2,0–11,0)/6,8 ± 5,2 jours chez les personnes non-ID, et de 12,5 jours (7,0–25,0)/21,6 ± 27,7 jours et de 7,0 jours (2,0–11,0)/7,5 ± 6,0 jours chez les personnes ID. La base de données utilisée dans cette étude ne répertorie pas les motifs de sortie. Au Japon, de nombreuses personnes âgées hospitalisées pour une forme légère de Covid 19 peuvent rester hospitalisées après une amélioration des symptômes en raison d'une diminution de leurs activités quotidiennes ou de contraintes liées à leur placement en établissement de soins de suite ou de longue durée. Le décès précoce à l'hôpital chez les personnes ID peut réduire la durée d'hospitalisation.
Au Japon, plus de 90 % des personnes âgées de 65 ans et plus avaient reçu au moins trois doses de vaccin contre le Covid 19 en janvier 2023. Compte tenu de l'inclusion de nombreuses personnes âgées et de l'hypothèse que les taux de vaccination sont similaires pour les personnes en situation de handicap et les personnes non en situation de handicap, le risque de Covid 19 grave chez les personnes en situation de handicap est probablement élevé, même avec une couverture vaccinale élevée. De plus, malgré une réduction des activités sociales due à l'anxiété ou à la peur du Covid 19 chez les personnes en situation de handicap, ces personnes sont considérées comme présentant un risque de Covid 19 grave.
Les auteurs concluent que, bien que les variants d'Omicron soient généralement considérés comme moins graves que les variants précédents, les personnes ID au Japon continuaient de subir une charge de morbidité relativement élevée liée au Covid 19 pendant l'ère Omicron.