Sûre sur le long terme, la vaccination covid est liée à une réduction de 25 % de la mortalité toutes causes confondues

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Si l’effet protecteur des vaccins sur la mortalité liée à la covid 19 est bien établi, certaines inquiétudes demeurent. La mortalité à long terme n'a jusqu’ici pas fait l’objet d’une évaluation approfondie, en particulier chez les jeunes, peu exposés au risque de développer une forme grave de la maladie après une infection par le SARS-CoV-2.

La revue Jama Network Open vient de publier les résultats d’une étude française dont l'objectif était d'évaluer le risque de mortalité toutes causes confondues à 4 ans chez les personnes âgées de 18 à 59 ans ayant reçu au moins une dose d'un vaccin à ARNm contre la covid 19, comparativement aux personnes non vaccinées, en s’appuyant sur des données nationales.

MÉTHODES

Il s’agit d’une étude de cohorte reposant sur les données du Système national de données de santé (SNDS) pour toutes les personnes âgées de 18 à 59 ans vivantes au 1er novembre 2021. L’analyse des données a été réalisée entre juin 2024 et septembre 2025.

L’exposition a été définie comme l’administration d’une première dose de vaccin à ARNm entre le 1er mai et le 31 octobre 2021, période correspondant à la campagne de vaccination de masse des adultes en France, qui a majoritairement été réalisée avec des vaccins à ARNm. La date index était la date de leur première dose. Le groupe non vacciné regroupait l'ensemble des individus non vaccinés au 1er novembre 2021. Les personnes non vaccinées ont reçu une date index aléatoire reflétant la distribution des dates de première vaccination observée chez les vaccinés.

Le suivi débutait 6 mois après la date d'inclusion dans les deux groupes afin de limiter le biais de temps immortel.

Des modèles de Cox pondérés selon les caractéristiques sociodémographiques et 41 comorbidités ont permis d'estimer la mortalité toutes causes confondues à 4 ans. Le délai avant l'événement a été censuré en cas de décès toutes causes confondues, de vaccination contre la covid 19 pour les personnes non exposées ou de fin d'étude le 31 mars 2025.

Des analyses complémentaires ont également porté sur les principales causes de décès disponibles jusqu'au 31 décembre 2023. La mortalité à court terme (dans les 6 mois suivant la vaccination) faisait l'objet d'une analyse distincte.

RÉSULTATS

Au total, 22 767 546 personnes vaccinées avec une première dose de vaccin à ARNm entre le 1er mai et le 31 octobre 2021, et 5 932 443 personnes non vaccinées au 1er novembre 2021 ont été suivies pendant une durée médiane de 45 (44-46) mois.

Les personnes vaccinées étaient légèrement plus âgées que les personnes non vaccinées (âge moyen [écart-type] : 38,0 [11,8] ans contre 37,1 [11,4] ans), plus souvent des femmes (51,3 % vs 48,5 %), moins défavorisées (9,2 % avec CMU/CSS contre 20,9 %) et résidaient moins fréquemment dans une commune appartenant au quintile le plus défavorisé (19,1 % vs 27,0 %).

Les personnes vaccinées présentaient davantage de comorbidités cardiométaboliques (9,3 % vs 7,8 %) en particulier pour ce qui concernait un traitement hypolipémiant (2,4 % vs 1,7 %) et une hypertension (5,9 % vs 4,8 %). Par contre les deux groupes ne différaient pas pour la prévalence des pathologies respiratoires, des cancers, des maladies inflammatoires, des maladies neurodégénératives.

Les personnes vaccinées avaient reçu une primovaccination complète dans 91,9 % des cas, dont 15,1 % avaient reçu une dose de rappel avant le début du suivi.

Pendant le suivi, 98 429 décès (0,4 %) sont survenus chez les vaccinés et 32 662 (0,6 %) chez les non vaccinés.

Indépendamment du statut  vaccinal, les principaux facteurs de risque de mortalité toutes causes confondues étaient l’âge, le sexe masculin, la précarité, la consommation excessive d’alcool ou de tabac, les antécédents de cancer, le syndrome de Down et la dialyse chronique.

Les personnes vaccinées présentaient un risque de décès lié à une forme grave de covid 19 inférieur de 74 % (rapport de risque pondéré [RRp] : 0,26 [IC à 95 % : 0,22-0,30]) et un risque de mortalité toutes causes confondues inférieur de 25 % (RRp : 0,75 [IC à 95 % : 0,75-0,76]).

Une association similaire a été observée en excluant les décès liés à une forme grave de covid 19. Ces résultats sont restés cohérents après stratification selon l'âge, le sexe, la région, la CCS, l'indice de défavorisation sociale, les antécédents de covid 19 et les antécédents de maladies chroniques, ainsi qu'après exclusion des personnes du groupe non vacciné ayant été vaccinées au cours du suivi. Une association plus forte a été observée chez les individus âgés de 18 à 29 ans, avec un risque de mortalité inférieur de 35 % (RRp : 0,65 [IC à 95% : 0,62-0,68]) chez les vaccinés, même si les mécanismes sous-jacents restent à clarifier.

La stratification selon le type de première dose reçue a montré, comparativement aux personnes non vaccinées, une réduction de 27 % du risque de mortalité toutes causes confondues chez les patients ayant reçu la première dose du vaccin BNT162b2 (RRp : 0,73 [IC à 95 % : 0,72-0,74]) et une réduction de 12 % du risque chez ceux ayant reçu la première dose du vaccin mRNA-1273 (RRp : 0,88 [IC à 95 % : 0,87-0,90]).

La division de la période de suivi en sous-périodes de 3 mois a montré que la réduction du risque de mortalité chez les vaccinés persistait mais diminuait au fil du temps, le RRp passant de 0,61 (IC à 95 % : 0,58-0,64) entre 6 et 9 mois de suivi, puis tendant vers 0,80 à partir d'environ 15 mois, pour atteindre 0,79 (IC à 95 % : 0,75-0,82) entre 39 et 42 mois de suivi.

L’analyse de sensibilité a révélé que les personnes vaccinées présentaient systématiquement un risque de décès plus faible, quelle qu’en soit la cause. La mortalité était inférieure de 29 % dans les six mois suivant la vaccination contre la covid 19 (incidence relative : 0,71 [IC à 95 % : 0,69-0,73]).

CONCLUSIONS

Dans cette étude de cohorte nationale portant sur 28 millions de personnes, les résultats n’ont révélé aucun risque accru de mortalité toutes causes confondues à 4 ans chez les adultes âgés de 18 à 59 ans vaccinés contre la covid 19. Au contraire, les personnes vaccinées présentaient un risque de décès inférieur à celui des personnes non vaccinées. Ces données confirment l’absence de signal de sécurité concernant la mortalité à long terme associée aux vaccins à ARNm largement utilisés dans le monde.

Référence

  1. Semenzato L, Le Vu S, Botton J, PhD, et al. COVID-19 mRNA Vaccination and 4-Year All-Cause Mortality Among Adults Aged 18 to 59 Years in France. JAMA Netw Open. 2025;8;(12):e2546822.