Dengue : une prévalence mondiale sous-estimée ?

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La dengue est une maladie virale transmise par une piqûre de moustique appartenant au genre Aedes. Le spectre clinique est vaste, allant d'une infection asymptomatique à une forme potentiellement fatale (dengue shock syndrome). Il n'existe actuellement ni vaccin, ni traitement spécifique, tandis que les mesures de lutte anti-vectorielle n'ont pas réussi à endiguer l'extension progressive de l'aire de distribution du vecteur.

Un travail publié dans Nature présente l'épidémiologie mondiale de la dengue au travers d'une modélisation basée sur les données de la littérature scientifique et des réseaux de surveillance sur une période allant de 1960 à 2012. La prévalence mondiale estimée en 2010 serait de 96 millions de cas symptomatiques.

L'Asie représente 70 % des cas, soit 67 millions d'infections. L'Inde à elle seule contribue à la moitié de ce chiffre.

Les Amériques représentent 14 % des cas (13 millions d'infections) avec le Brésil et le Mexique au premier rang des pays exposés.

Cette étude met en évidence une prévalence de la maladie en Afrique (16 millions d'infections, soit 16 %) bien supérieure à ce qui est habituellement rapporté et confirmant la notion d'un important réservoir humain sur ce continent.

Les pays de l'Océanie représentent moins de 0,2 % des infections. A ces chiffres se rajoutent 294 millions d'infections inapparentes (asymptomatiques ou non détectées par les réseaux de surveillance sanitaire) dans le monde. Au total, ces estimations seraient plus de trois fois supérieures aux derniers chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Bien que la maladie soit présente dans l'ensemble des pays tropicaux, d'importantes variations spatiales sont observées. Les zones présentant des niveaux importants de précipitations et de température sont les plus exposées. Toutefois, des précipitations faibles ne semblent pas constituer un facteur protecteur vis-à-vis de la transmission du virus. Les individus vivant dans les centres urbains et périurbains seraient plus exposés, surtout en cas d'importants mouvements de population entre ces centres.

Source : Bhatt S et al. The global distribution and burden of dengue. Nature 2013; 496:504-7.

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