Vaccination des nourrissons contre la méningite B au Royaume-Uni : à peine 10 mois et déjà un franc succès

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1. Les infections à méningocoque B

Le méningocoque (Neisseria meningitidis) est une bactérie directement transmise par voie respiratoire de personne à personne par l'intermédiaire de gouttelettes de salive. Une fois transmis, le méningocoque peut atteindre la circulation sanguine et entraîner une méningite ou une septicémie capables d'entrainer la mort ou des séquelles (amputation des mains et des pieds, surdité). Le purpura fulminans est une complication redoutable de l'infection par le méningocoque, qui se traduit par des plaques hémorragiques cutanées et un choc septique foudroyant, mortel une fois sur trois.

Il existe plusieurs sérogroupes du méningocoque, parmi lesquels les cinq suivants ont une importance particulière : A, B, C, W et Y. Les sérogroupes en cause peuvent être très différents d'une région du monde à l'autre. En France, le méningocoque B est en cause dans plus de la moitié des cas d'infection grave à méningocoque (434 cas en 2015).

2. Vaccination contre le méningocoque B

Pendant longtemps, le seul antigène vaccinal utilisé pour conférer une protection contre les méningocoques était la capsule de la bactérie, différente selon le sérogroupe. Or ce type d'antigène ne peut pas être utilisé pour le méningocoque B.

Le vaccin contre le méningocoque B Bexsero a révolutionné l'approche immunologique en utilisant des antigènes protéiques non capsulaires induisant des anticorps capables de tuer les méningocoques B. Le vaccin Bexsero a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne en janvier 2013.

3. Programme national de vaccination des enfants contre le méningocoque B avec Bexsero au Royaume-Uni

Le Royaume-Uni a été en 2015 le premier pays à adopter un programme national de vaccination des nouveaux-nés contre les infections invasives à méningocoque Bavec le vaccin Bexsero. Leschéma utilisé (trois doses à deux mois, quatre mois et 12 mois) peut être consulté de manière interactive avec levaccine scheduler, un outil réalisé par MesVaccins.net pour le Centre européen de contrôle des maladies (ECDC, European centre for Disease Prevention and Control).

Dix mois après le lancement de ce nouveau programme de vaccination au Royaume-Uni, alors que les autres pays se montraient prudents dans l'ambiance actuelle d'hésitation vaccinale, les résultats sont là : entre septembre 2015 et mai 2016, 37 cas d'infection invasive à méningocoque B ont été recensés, contre 74 cas en moyenne les quatre dernières années sur une période équivalente, soit une baisse de 50 %. Ces chiffres correspondent à une efficacité élevée du vaccin : 83 % contre l'ensemble des infections à méningocoque B et 94 % contre les isolats correspondant à des antigènes contenus dans le vaccin.

La population a fortement adhéré au programme vaccinal : 95 % des bébés ont reçu la première dose de Bexsero et 90 % d'entre eux ont reçu la deuxième dose de ce vaccin à l'âge de six mois. Les données rapportées montrent également que le vaccin Bexsero a été bien toléré.

4. Vaccination contre le méningocoque B en France

En France, la vaccination contre le méningocoque B parBexseroest recommandée dans des situations spécifiques, notamment chez les personnes fragiles ou en situation d'épidémie ou d'hyperendémie.

Les données très favorables à cette vaccination qui ont été observées au Royaume-Uni vont certainement conforter les associations de citoyens et de familles confrontées à la méningite et réunies sous la bannière Ensemble contre la méningitedans leur demande de remboursement du vaccin Bexsero en France. Nul doute également que les autorités sanitaires en Europe et dans les autres pays où le méningocoque B est un problème de santé publique prendront en compte ces nouvelles données pour élaborer leurs recommandations vaccinales.

Sources : International Pathogenic Neisseria Conference(Manchester, 6 septembre 2016) et agence sanitaire britannique(Public Health England).