Survenue d'un cas d'encéphalite japonaise chez une touriste allemande au retour de Bali

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Survenue d'un cas d'encéphalite japonaise chez une touriste allemande

Le diagnostic d'encéphalite japonaise a été confirmé chez une femme allemande de 54 ans le 18 mai 2011. Celle-ci a été prise en charge par le _Medical Mission Hospital_à Wurtzburg, en Allemagne. Les examens virologiques du sérum et du LCR (liquide céphalorachidien) ont été réalisés au _Bernhard Nocht Institute for Tropical Medicine_à Hambourg, centre collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les arboviroses. Cette patiente avait passé deux semaines en vacances à Bali, du 15 au 30 avril, et avait visité de nombreux sites touristiques. Elle a passé quelque temps en milieu rural, sans toutefois séjourner dans des hôtels ou "guest houses" bons marchés. Elle n'était pas vaccinée contre l'encéphalite japonaise.

La patiente a développé un tableau fébrile non spécifique le 2 mai, qui a duré 3 jours. Apres une courte période d'amélioration, la fièvre est réapparue le 9 mai, accompagnée de troubles de l'élocution, d'une léthargie et d'une ataxie, ce qui a orienté vers le diagnostic d'encéphalite japonaise. La patiente est en cours de récupération, et aucune séquelle sévère n'est attendue à ce stade, sans qu'il soit encore possible d'évaluer son statut clinique final. Son mari est resté à ce jour en parfaite santé.

Il s'agit du premier cas confirmé d'infection due au virus de l'encéphalite japonaise chez une personne de nationalité allemande au retour de Bali. Cette île est un site touristique très fréquenté pour des séjours de courte durée souvent réservés à la dernière minute. Les autorités sanitaires allemandes ont fourni toutes les informations utiles sur ce cas et ont renforcé les messages destinés aux touristes allemands quant à la vaccination contre l'encéphalite japonaise.1

D'autres cas d'encéphalite japonaise sont déjà survenus à Bali :

  • En 1996, décès d'un touriste danois après un séjour de 12 jours à Bali2 ;
  • En 1995, infection d'un touriste suédois après un séjour à Bali3 ;
  • En 2004, survenue d'un autre cas chez un touriste suédois ayant séjourné à Java et Bali4.

Le virus de l'encéphalite japonaise est transmis par des moustiques du genre Culex qui se reproduisent plus particulièrement dans les rizières inondées. Le virus circule chez les oiseaux et les porcs dans toute l'Asie et reste la principale cause d'encéphalite virale, tant par sa fréquence que par sa sévérité, avec 35.000 à 40.000 cas par an, dont 10.000 décès. Pour la plupart des voyageurs en Asie, le risque d'encéphalite japonaise est très faible, mais varie selon la destination, la durée du séjour, la saison et les activités pratiquées.

Les expatriés et les voyageurs qui restent pour de longues périodes en zone rurale à forte transmission du virus de l'encéphalite japonaise ont un risque identique à celui de la population autochtone.5

Durant la période 1973-2008, 55 cas d'encéphalite japonaise ont été rapportés chez des voyageurs originaires de zones non-endémiques. Ces patients étaient originaires de 17 pays différents, et les pays dans lesquels l'encéphalite japonaise a été contractée sont la Thaïlande (n=19), l'Indonésie (n=8), la Chine (n=7), les Philippines (n=5), le Japon (n=4) et le Vietnam (n=3). Aucun de ces patients n'était connu pour avoir été vacciné contre l'encéphalite japonaise.

Voici des données concernant l'encéphalite japonaise dans certains pays d'Asie du Sud-Est.

Indonésie. Maha et al. (2009) ont évalué le statut clinique final de 65 enfants indonésiens au décours d'une infection due au virus de l'encéphalite japonaise. Un enfant sur quatre était décédé, un enfant sur quatre présentait des séquelles sévères. Des séquelles modérées et mineures étaient observés dans respectivement 8 % et 18 % des cas. La récupération était complète chez 24 % des enfants. Kari et al. ont réalisé une étude prospective à Bali de juin 2001 à décembre 2003, sur la base d'une surveillance des cas hospitalisés d'encéphalite virale aiguë ou de méningite aseptique, dans une région où la population des enfants âgés de moins de 12 ans était estimée à 600.000 personnes environ. Quatre-vingt six cas d'encéphalite japonaise ont été confirmés et 4 cas ont été considérés comme probables atteints par cette maladie.

Viêt Nam. A l'hôpital pédiatrique No1 de Ho Chi Minh-ville (Tran et al., 2003), 250 à 300 cas annuels d'encéphalite aiguë virale ont été identifiés entre 1999 et 2003, avec une mortalité de 18 % à 20 %. Un diagnostic d'encéphalite japonaise était porté dans 27 % des cas (présence d'anticorps spécifiques de type IgM dans le liquide céphalorachidien). Dans une étude prospective menée dans ce même hôpital pédiatrique, et sur la base d'un dispositif de surveillance hospitalière des encéphalites aiguës virales, un pathogène viral a été identifié dans 43 % des 325 cas inclus, parmi lesquels le virus de l'encéphalite japonaise a été détecté dans 20 % des cas, principalement dans le liquide céphalorachidien (Huong & al., 2009).

Cambodge. De juillet 2006 a mai 2008, un réseau national de surveillance des méningoencéphalites aiguës chez les moins de 15 ans a été déployé dans quatre hôpitaux provinciaux et deux hôpitaux nationaux. Parmi les 586 cas inclus, 110 ont été confirmés positifs pour le diagnostic d'encéphalite japonaise. Une évaluation des séquelles menée sur 54 cas d'encéphalite japonaise de décembre 2007 à mars 2008 a montré que 13 % d'entre eux sont décédés, 5,6 % ont complètement récupéré et 81,4 % ont eu des séquelles neurologiques.

Laos. Dans une étude récente sur la prévalence des infections à flavivirus dans ce pays (Vallée et al., 2009), parmi 232 infections récentes confirmées à flavivirus (présence d'anticorps spécifiques de type IgM), 78 (33 %) étaient dues au virus de l'encéphalite japonaise, et 126 (54 %) étaient dues à un virus de la dengue.

Vaccination contre l'encéphalite japonaise

Il existe des vaccins efficaces contre cette maladie. En Asie, plusieurs pays utilisent la vaccination contre l'encéphalite japonaise dans le cadre de mesures de contrôle de santé publique. Au Viêt Nam, cette vaccination a été introduite dans le Programme élargi de vaccination (PEV) en 1997. De 1991 à 1995, 61% des encéphalites aiguës étaient causées par l'encéphalite japonaise ; cette proportion est descendue à 41 % pour la période 1996-2000 et à 32% pour la période 2001-2005 (Nguyen Thu Yen, NIHE , Hanoi).

Un document de travail de l'OMS publié en 2006 rappelle que la vaccination contre l'encéphalite japonaise devrait être étendue à toutes les zones dans lesquelles la maladie est considérée comme un problème de santé publique. La stratégie de vaccination la plus efficace dans les zones endémiques est une campagne de vaccination ciblée unique, suivie de l'inclusion du vaccin contre l'encéphalite japonaise dans le programme d'immunisation de routine.

Le vaccin contre l'encéphalite japonaise reste recommandé pour les voyageurs en Asie, dans certaines conditions.

Le comité consultatif américain sur les pratiques d'immunisation (ACIP) recommande actuellement cette vaccination pour les voyageurs qui prévoient de passer un mois ou plus en région endémique pendant la saison de transmission de l'encéphalite japonaise (saison des pluies). De plus, l'utilisation du vaccin peut être envisagés dans les cas suivants:

  • voyageurs pour des périodes de moins d'un mois en zone endémique et en saison de transmission, si un séjour est prévu en dehors des zones urbaines et si leurs activités doivent augmenter le risque d'exposition à l'encéphalite japonaise ;
  • voyageurs dans une zone d'épidémie active d'encéphalite japonaise ;
  • voyageurs en zone endémique qui ne sont pas sûrs de la destination, des activités pratiquées ou de la durée du séjour

Le vaccin contre l'encéphalite japonaise n'est pas recommandé pour les voyageurs de courte durée dont les visites se limitent aux zones urbaines ou qui voyagent en dehors des périodes de transmission virale.

En France, la vaccination contre l'encéphalite japonaise n'est pas recommandée systématiquement à tous les voyageurs qui se rendent dans les régions où le virus circule. Sont seuls concernés :

  • les adultes, expatriés ou devant résider plus de 30 jours dans ces régions ;
  • les adultes se rendant dans ces régions, avec une activité extérieure importante, plus particulièrement dans les zones de rizières ou de marécages, pendant la période de transmission du virus, notamment pendant la saison des pluies, quelle que soit la durée du séjour.

Les activités suivantes sont considérées comme à risque : dormir à la belle étoile sans moustiquaire, camper, travailler à l'extérieur, pratiquer le cyclisme, la randonnée..., en particulier dans des zones où l'irrigation par inondation est pratiquée. Le vaccin commercialisé est actuellement réservé aux personnes âgées de plus de 18 ans.

En France, le seul vaccin commercialisé contre l'encéphalite japonaise est le vaccin IXIARO® (Novartis vaccines). Ce vaccin efficace et bien toléré est administré selon un schéma en deux doses (J0 et J28). Une dose de rappel (troisième dose) doit être administrée dans la deuxième année, c'est-à-dire 12 à 24 mois après la primo-immunisation recommandée, avant une exposition éventuelle au virus de l'encéphalite japonaise. Les personnes à risque continu d'infection par le virus de l'encéphalite japonaise (personnel de laboratoire ou personnes résidant dans une zone endémique) doivent recevoir une injection de rappel 12 mois après la primo-immunisation. Les données sur la nécessité de rappels ultérieurs ne sont pas encore disponibles. Novartis Vaccines a été récompensé le 25 mai 2011 par le prix Galien pour la découverte du vaccin IXIARO®.

Sur MedecineDesVoyages.net, le voyageur peut savoir si la vaccination contre l'encéphalite japonaise lui est recommandée ou non grâce à l'outil de personnalisation des conseils aux voyageurs, qui inclut les recommandations vaccinales. Le carnet de vaccination électronique permet également au voyageur de conserver ses données vaccinales en tout lieu et de bénéficier d'une expertise individualisée.

  1. Jonas Schmidt-Chanasit, MD, Bernhard Nocht Institute for Tropical Medicine WHO Collaborating Centre for Arbovirus and Haemorrhagic Fever Reference and Research National Reference Centre for Tropical Infectious Diseases, Hamburg, Germany.
  2. Buhl MR, Black FT, Andersen PL, Laursen A. Fatal Japanese encephalitis in a Danish tourist visiting Bali for 12 days. Scand J Infect Dis. 1996;28(2):189.
  3. Wittesjö B, Eitrem R, Niklasson B, Vene S, Mangiafico JA. Japanese encephalitis after a 10-day holiday in Bali. Lancet. 1995 Apr;345(8953):856-7).
  4. Ostlund MR, Kan B, Karlsson M, Vene S. Japanese encephalitis in a swedish tourist after travelling to Java and Bali. Scand J Infect Dis 2004;36:512--3.
  5. Fischer et al. March 12, 2010, MMWR:59(RR01);1-27.