Faut-il craindre une épidémie de grippe précoce et forte en métropole cette année ?

Santé Publique France a publié le 16 novembre le bilan de la surveillance de la grippe saisonnière pour la semaine 45 (du 7 au 13 novembre).

1. Situation e

** n métropole**

La Bretagne est passée en phase pré-épidémique en S44 (première semaine de novembre), les indicateurs d'activité de la grippe demeurant à leur niveau de base dans les autres régions.

Cependant, certains indicateurs sont en augmentation :

• En médecine de ville, une augmentation de l’activité pour syndrome grippal était observée dans l’ensemble des régions métropolitaines par rapport à la semaine précédente. La hausse concernait toutes les classes d’âge mais était plus marquée chez les moins de 15 ans, particulièrement les moins de 5 ans.
• A l’hôpital, l’activité grippale était globalement stable, excepté dans les Hauts-de-France, en Normandie et en Provence-Alpes-Côte d’Azur, où elle progressait mi-novembre. Dans les services d'urgence, on observe une augmentation des syndromes grippaux et des hospitalisations correspondantes chez les moins de 15 ans au niveau métropolitain (respectivement +10 % et +28 %), contrairement aux autres classes d’âge. Ces données syndromiques sont à interpréter avec précaution dans le contexte actuel de forte circulation de différents virus respiratoires, notamment chez les jeunes enfants.

Surveillance virologique : une circulation majoritaire de virus A(H3N2) est notée depuis début octobre 2022 :

• En médecine de ville, sur 684 prélèvements effectués, 48 étaient positifs pour le virus de la grippe avec 41 virus de sous-type A(H3N2), 5 virus de sous-type A(H1N1)pdm09 et deux non encore sous-typés. Deux cas de co-infection A(H3N2)/SARS-CoV-2 ont été identifiés.
• En milieu hospitalier : sur 31 347 résultats virologiques transmis au Centre national de référence (CNR) des virus des infections respiratoires, 369 prélèvements se sont avérés positifs pour un virus grippal, dont 53 du 7 au 13 novembre 2022, avec 308 virus de type A [65 A(H3N2), 20 A(H1N1)pdm09, 223 non encore sous-typés] et 61 virus de type B.

2.** Outre-Mer**

Trois régions étaient toujours en épidémie mi-novembre 2022 :

• La Réunion depuis fin septembre 2022, avec une circulation majoritaire de virus A(H1N1)pdm09 ;
• la Martinique depuis mi-octobre 2022, avec une majorité de virus A(H3N2) ;
• et Mayotte depuis début novembre 2022, avec une circulation principalement de virus A(H1N1)pdm09.

Si une circulation épidémique de virus grippaux est fréquemment observée en octobre-novembre à La Réunion, la survenue d’une épidémie de grippe à cette période de l’année est en revanche atypique aux Antilles et à Mayotte.

3. Hémisphère Nord

Actuellement, les cas de grippe augmentent en Europe et ailleurs dans l’Hémisphère Nord, notamment en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada), où l'activité grippale est supérieure aux niveaux habituellement observés à cette époque de l’année.

4. Hémisphère Sud

L'importance des épidémies de grippe observées dans certains pays de l'hémisphère Sud pourraient annoncer un augmentation du nombre de cas lors de la saison hivernale de l'hémisphère Nord. L'Australie, qui connaît l'hiver de juin à août, a connu cette année une épidémie de grippe forte et particulièrement précoce, surtout causée par un sous-type de H3N2 couvert par le vaccin utilisé.

5. Conclusions

La fin de la distanciation sociale, du port du masque et d'autres mesures d'atténuation de la pandémie de covid 19 pourrait entraîner des infections grippales plus graves dans l'hémisphère Nord. Dans ce contexte et compte tenu des résultats de la surveillance épidémiologique, Santé Publique France conclut qu'une épidémie de grippe survenant précocement en métropole n’est pas à exclure cette année.

Il est donc vivement recommandé aux personnes à risque et aux professionnels de santé de se faire vacciner sans délai contre la grippe saisonnière.
Par ailleurs, l’adoption systématique des gestes barrières par tous demeure un moyen efficace pour se prémunir contre la grippe et ses complications, et de limiter le risque de transmettre le virus à son entourage.

Source : Santé publique France.