La vaccination contre le zona avec le vaccin Shingrix est recommandée dès l'âge de 65 ans et chez les adultes immunodéprimés

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Le document intitulé "Recommandations vaccinales contre le Zona. Place du vaccin Shingrix", validé le 29 février 2024, propose une réévaluation de la stratégie vaccinale française contre le zona, notamment à la lumière de la mise à disposition du vaccin Shingrix et de l'élargissement de la population cible. Réalisé par la Haute Autorité de Santé (HAS) à la demande de la Direction générale de la Santé (DGS), ce travail s'appuie sur une revue de la littérature concernant l'efficacité, la tolérance, et l'immunogénicité du vaccin Shingrix.

1. Le zona

Le zona est une affection cutanée due à la réactivation d'un herpesvirus, le virus varicelle-zona ou VZV (pour Varicella-Zoster Virus), encore appelé herpesvirus humain de type 3 (ou HHV-3 pour Human Herpes Virus type 3). Ce virus est responsable chez l'être humain de la varicelle et du zona, le zona étant causé, chez une personne donnée, par la résurgence d'un virus ayant causé auparavant la varicelle. Le zona affecte principalement les adultes, avec plus de 60 % des cas après 45 ans. Cliniquement, le zona se manifeste par des lésions sur le dermatome lié au ganglion sensitif réactivé, durant généralement 2 à 3 semaines chez les personnes immunocompétentes. Les complications, telles que les surinfections bactériennes, les manifestations neurologiques, méningites, encéphalites et en particulier les douleurs post-zostériennes (c'est-à-dire survenant après l'épisode aigu de zona), affectent surtout les personnes âgées de plus de 50 ans. L’atteinte ophtalmologique est peu fréquente, mais cliniquement préoccupante.

En France, l'incidence annuelle du zona est estimée à 1,3 à 5 cas pour 1 000 habitants, augmentant à 5 à 10 cas pour 1000 chez les plus de 60 ans. Environ 20 % de la population française pourrait être affectée par le zona au cours de leur vie. Les données de surveillance montrent une incidence de 3,9 cas pour 1 000 habitants par an, soit environ 235 000 cas, avec un âge médian de 58 ans. Environ 69 % des patients reçoivent un traitement antiviral oral, bien que l'utilisation de ces traitements soit moins fréquente chez les plus de 60 ans.

Le traitement antiviral précoce peut raccourcir la durée des lésions mais ne prévient pas nécessairement les douleurs post-zostériennes.

2. La vaccination contre le zona

2.1. Recommandations vaccinales antérieures

La vaccination contre le zona était jusqu'ici recommandée en France pour les adultes de 65 à 74 ans avec une dose unique de vaccin Zostavax, un vaccin vivant contenant le virus atténué de la varicelle et du zona (souche Oka/Merck). Comme tous les vaccins vivants, ce vaccin est contre-indiqué chez les personnes immunodéprimées.

2.2. Le vaccin Shingrix

Le vaccin Shingrix est un vaccin recombinant adjuvanté contre le zona, destiné à prévenir le zona et ses complications, incluant les douleurs post-zostériennes. Contrairement au vaccin Zostavax, le vacciin Shingrix ne contient pas de virus vivant, mais utilise un antigène spécifique du virus varicelle-zona, appelé glycoprotéine E, pour stimuler la réponse immunitaire de l'organisme contre ce virus.

2.3. Efficacité du vaccin Shingrix

Le vaccin Shingrix s'est montré plus efficace que le vaccin Zostavax dans la prévention du zona, avec une meilleure efficacité en vie réelle (environ 80 % versus 46 % pour Zostavax) et une protection plus durable, même chez les personnes avec comorbidités. Le vaccin Shingrix a également été bénéfique pour améliorer la qualité de vie et réduire le risque de zona chez les personnes ayant certaines conditions médicales ou greffées.

2.4. Tolérance du vaccin Shingrix

Le vaccin Shingrix a causé plus d'événements indésirables locaux que Zostavax, probablement en raison de son adjuvant qui améliore la réponse immunitaire. Toutefois, il n'y a pas eu de différence significative entre les deux vaccins concernant les événements indésirables graves, les arrêts dus à des événements indésirables, ou les maladies à médiation immunitaire. La co-administration de Shingrix avec d'autres vaccins a augmenté la fréquence d'événements indésirables locaux et systémiques mais sans augmenter le risque de complications graves.

2.5.Nouvelles recommandations vaccinales contre le zona

Il convient de distinguer d'une part les conditions d'utilisation du vaccin définies dans le résumé des caractéristiques du produit (document publié lors de l'octroi d'une autorisation de mise sur le marché ou AMM) que les professionnels sont légalement tenus de respecter, des recommandations vaccinales émises par les autorités de santé d'une région ou d'un pays, qui visent à définir les conditions d'utilisation du vaccin dans un contexte épidémiologique et socio-économique particulier. Le remboursement d'un vaccin est habituellement lié à l'intégration d'une recommandation vaccinale dans le calendrier vaccinal. Dans le cas de cet avis publié par la HAS, il faut souligner que le vaccin Shingrix, n'ayant pas encore fait l'objet d'un avis de la commission de transparence ni d'une détermination de son prix de commercialisation, n'est pas encore inscrit dans le calendrier vaccinal et n'est pas remboursé pour le moment par l'assurance maladie.

2.6. Conditions d'utilisation du vaccin Shingrix définies dans le résumé des caractéristiques du vaccin Shingrix

Le schéma de primovaccination comprend deux doses de 0,5 mL chacune : une dose initiale suivie d'une seconde dose administrée 2 mois plus tard. Si une flexibilité dans le schéma vaccinal est nécessaire, la seconde dose peut être administrée entre 2 et 6 mois après la première dose.

Pour les personnes qui sont ou pourraient devenir immunodéficientes ou immunodéprimées en raison d’une maladie ou d’un traitement, et qui pourraient bénéficier d’un schéma vaccinal raccourci, la deuxième dose peut être administrée 1 à 2 mois après la dose initiale.

La nécessité de doses de rappel après la primovaccination n'a pas été établie.

Par ailleurs, le vaccin Shingrix peut être administré selon le même schéma vaccinal chez les personnes ayant antérieurement reçu un vaccin vivant atténué contre le zona.

Si le vaccin Shingrix est indiqué dans la prévention du zona, il n'est pas indiqué dans la prévention de la primo-infection par la varicelle. De plus, la tolérance et l’efficacité de Shingrix chez les enfants et les adolescents n’ont pas été établies : ce vaccin ne doit pas être utilisé avant l'âge de 18 ans.

2.7.Recommandations vaccinales de la Haute Autorité de santé

En France, les recommandations vaccinales des autorités de santé respectent le cadre de l'autorisation de mise sur le marché et les conditions d'utilisation énoncées dans le résumé des caractéristiques du produit.

La HAS préconise la vaccination contre le zona des adultes immunocompétents de 65 ans et plus, préférentiellement avec le vaccin Shingrix (auparavant la vaccination avec Zostavax était recommandée de 65 à 74 ans) . La HAS recommande également la vaccination contre le zona avec le vaccin Shingrix des personnes âgées de 18 ans et plus, dont le système immunitaire est défaillant , en raison de maladies innées (par exemple un déficit immunitaire primitif) ou acquises (par exemple une immunodépression liée à l’infection à VIH) ou d’un traitement (par exemple la corticothérapie au long cours ou les traitements immunosuppresseurs). La vaccination des personnes immunodéprimées fera l’objet de recommandations spécifiques.

Le schéma de primovaccination par Shingrix consiste en l’administration de deux doses, avec un intervalle de deux mois entre chaque dose. Si besoin, l’intervalle peut être compris entre deux et six mois. Cependant, il n'est pas nécessaire de recommencer la série vaccinale en cas de dépassement du délai de six mois.

La HAS recommande pour les personnes ciblées par cette recommandation et ayant des antécédents de zona ou de vaccination par Zostavax, un schéma complet avec le vaccin Shingrix, après un délai d’au moins un an.

Dans des situations particulières (induction prochaine d’une immunosuppression ou des épisodes de zona à répétition), le vaccin Shingrix peut être administré dès la guérison du zona.

La HAS recommande la vaccination avec le vaccin Shingrix avant d’initier une thérapie immunosuppressive. Il est recommandé de l’administrer le plus en amont possible, pour que la vaccination soit terminée idéalement 14 jours avant l’initiation du traitement. Dans cette situation, l’intervalle entre les deux doses de vaccin peut être réduit à un mois.

Il est possible d’administrer le vaccin Shingrix de façon simultanée avec un vaccin inactivé contre la grippe saisonnière sans adjuvant, un vaccin contre les pneumocoques ou un vaccin dTp (diphtérie, tétanos, poliomyélite) ou dTcaP (diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite), et avec un vaccin ARN contre la covid 19. Il n’existe pas de délai minimal à respecter entre l’un de ces vaccins et le vaccin Shingrix. Les vaccins doivent être administrés sur des sites d’injection différents.

À ce jour, la nécessité d'une dose de rappel après la primovaccination avec Shingrix n’a pas été établie.

En l'absence de données et par mesure de précaution, il est préférable de ne pas utiliser le vaccin Shingrix pendant la grossesse. En raison de l’absence de données cliniques sur le profil d’innocuité du vaccin Shingrix chez les femmes allaitantes, son administration devra être évaluée au cas par cas, et dans le cadre d’une décision médicale partagée avec l’équipe soignante.

La HAS recommande que soient développés des supports d’information adaptés aux différents publics. MesVaccins.net personnalise les recommandations vaccinales contre le zona dans son outil Mentor référencé dans Mon espace santé , ou dans le carnet de vaccination numérique de MesVaccins.net (Figure 1).

Figure 1 : Affichage du statut vaccinal contre le zona (patient âgé de 74 ans non immunodéprimé) dans le carnet de vaccination numérique professionnel de MesVaccins.net (il existe un affichage adapté dans le carnet de vaccination numérique du patient).

Enfin, la HAS insiste sur le fait que des études sur la durée de protection de la vaccination contre le zona chez les personnes immunodéprimées sont nécessaires, et qu’elle souhaiterait également disposer d’études médico-économiques en contexte français. Le carnet de vaccination numérique peut être utilisé pour la réalisation de telles études.

2.8.Données médico-économiques

Le document de la HAS met en avant une meilleure performance du vaccin Shingrix par rapport à Zostavax et souligne que le vaccin Shingrix est considéré comme coût-efficace, principalement chez les personnes de 60 ans et plus, dans divers contextes internationaux.

En attendant l''évaluation de la Commission de la transparence, le vaccin Shingrix n’est pas encore remboursé ni agréé aux collectivités ; son prix est aux environ de 200-250€ pour chaque dose.

3. Référence

  1. Recommandations vaccinales contre le zona. Place du vaccin Shingrix. Recommandation de la Haute Autorité de santé validée le 29 février 2024.