Vacciner les enfants contre les rotavirus protège également les adultes
Se vacciner est aussi un acte altruiste : vacciner l'individu c'est aussi protéger la collectivité. On le savait, et une nouvelle démonstration en est apportée par l'étude parue dans Clinical Infectious Diseases de janvier 2013. Aux USA, où la vaccination universelle des enfants contre les gastroentérites à rotavirus est recommandée dès l'âge de 2 mois depuis 2006 avec les vaccins actuels, il a été observé une réduction de l'incidence de cette infection chez les enfants vaccinés mais également non vaccinés. Les auteurs de cette récente publication ont évalué l'impact de cette vaccination chez les adultes. Ils ont analysé 3530 échantillons de selles d'adultes adressés à l'hôpital Northwestern Memorial de Chicago sur deux périodes correspondant aux pics de circulation des rotavirus (février à mai), l'une ayant précédé l'introduction de la vaccination contre le rotavirus chez les enfants, l'autre lui ayant succédé. L'analyse statistique met en évidence une diminution significative de près de 50 % de la présence de rotavirus dans les échantillons prélevés au cours de la deuxième période. Les deux groupes d'adultes étudiés étaient par ailleurs très comparables, avec une proportion identique de sujets immunodéprimés (30 %).
La détermination du génotype des virus identifiés dans les échantillons de selles n'a pas mis en évidence de changement de distribution des génotypes non couverts par la vaccination. Cependant, les rotavirus sont caractérisés par une grande diversité des génotypes. Aussi la surveillance des souches de rotavirus doit être maintenue particulièrement dans les pays ayant introduit la vaccination pour évaluer les modifications de la distribution des virus circulants liée à la vaccination ou à leur diversité naturelle.
En Australie, où la vaccination universelle des enfants contre les gastroentérites à rotavirus est recommandée, la protection indirecte de la vaccination contre les rotavirus a été également montrée par la réduction des hospitalisations évitées dans les groupes d'âge n'ayant pas bénéficié de la vaccination (sujets de plus de 5 ans).
Les effets bénéfiques indirects de la vaccination des nourrissons contre les gastroentérites à rotavirus sont liés à la diminution de la circulation des virus et à l'existence d'une immunité de groupe observée lors de forte couverture de vaccination, évaluée à plus de 60 % dans une étude conduite aux Etats Unis.
Depuis 2009, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande l'intégration de la vaccination contre les rotavirus dans les programmes nationaux de vaccination, en particulier dans les pays où le taux de mortalité pour gastroentérites à rotavirus est élevé, Asie du Sud et du Sud est, Afrique subsaharienne. Dans les pays industrialisés, la vaccination généralisée contre le rotavirus est recommandée aux Etats Unis, Australie et dans quelques pays européens : Autriche, Belgique, Luxembourg, Grèce.
Les vaccins commercialisés au niveau international sont deux vaccins vivants atténués : Rotarix : vaccin monovalent préparé à partir d'une souche isolée d'un cas de gastro-entérite infantile et Rotateq : vaccin contenant 5 souches de rotavirus réassorties obtenues à partir de virus d'origine humaine et bovine. Leur efficacité et leur innocuité ont été récemment réévaluées dans une étude systématique. Le but est d'induire une protection avant la survenue d'une rotavirose naturelle, avec une administration de la 1 ère dose de vaccin anti rotavirus dès que possible après l'âge de 6 semaines.
Source : Anderson EJ, Shippee DB, Weinrobe MH, Davila MD, Katz BZ, Reddy S, Cuyugan MG, Lee SY, Simons YM, Yogev R, Noskin GA. Indirect Protection of Adults From Rotavirus by Pediatric Rotavirus Vaccination. Clin Infect Dis. 2013 Jan 29.