Un immunosuppresseur permettrait d’élargir la protection apportée par les vaccins antigrippaux

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On ne sait pas aujourd'hui concevoir des vaccins capables de conférer une protection contre des familles d'agents dont les antigènes diffèrent légèrement. Ainsi, les vaccins antigrippaux conçus à partir des souches virales déjà en circulation ne confèrent pas, ou peu, de protection contre des virus émergents qui pourraient se répandre et faire de nombreuses victimes avant qu'un vaccin spécifique soit mis au point. Ceci est du au fonctionnement de notre système immunitaire, qui, lorsqu'il est stimulé par des antigènes comme ceux présents dans les vaccins, tend à produire une réponse (en particulier des anticorps) la plus spécifique possible des ces antigènes.

Une équipe américaine vient de montrer que l'administration d'un immunosuppresseur, la rapamycine, à des souris vaccinées contre le virus grippal H3N2 (un virus responsable de grippe saisonnière, présent dans le vaccin pour la saison 2013-2014) permettait de protéger les animaux contre d'autres virus grippaux beaucoup plus pathogènes, bien qu'ils ne soient pas présents dans le vaccin. L'immunosuppresseur, qui agit en bloquant un signal responsable de certaines étapes de maturation des lymphocytes B, conduit le système immunitaire à produire une réponse moins ciblée, assurant une protection au moins partielle contre plusieurs virus en partie apparentés. Ce travail pourrait ouvrir la voie à la conception de vaccins sinon «universaux», en tout cas capables de protéger contre des agents pathogènes multiples, même s'ils n'ont pas encore émergé.

Source : Keating R, Hertz T, Wehenkel M, Harris TL, Edwards BA, McClaren JL, Brown SA, Surman S, Wilson ZS, Bradley P, Hurwitz J, Chi H, Doherty PC, Thomas PG, McGargill MA. The kinase mTOR modulates the antibody response to provide cross-protective immunity to lethal infection with influenza virus. Nat Immunol. 2013 Oct 20.