Une étude américaine confirme l'efficacité du vaccin contre la varicelle sur une période de 14 ans

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Les investigateurs ont suivi une cohorte de 7.585 enfants vaccinés au cours de leur deuxième année en 1995 (R. Baxter et coll., 2013). Ils ont comparé l'incidence et la sévérité des cas de varicelle survenus dans cette cohorte à celles des cas observés avant l'introduction de la vaccination.

L'incidence de la varicelle observée parmi les sujets vaccinés s'établit à 15,9 pour 1.000 par année (1.505 cas) ; elle est près de 10 fois inférieure à celle qui était mesurée avant la vaccination. L'efficacité de la vaccination calculée sur l'ensemble de la période étudiée est ainsi de 89 à 90 %, et elle s'est maintenue dans le temps. Les auteurs remarquent également que la sévérité des varicelles survenues chez les sujets vaccinés, la plupart dans les 4 années suivant la vaccination, est restée généralement modérée. Sur les 14 années de l'étude, seuls 30 cas ont présenté des varicelles classées comme sévères avec plus de 300 lésions cutanées (0,3 cas pour 1.000 sujets par an).

En 2006, une deuxième dose de vaccin était recommandée. Deux mille huit cent vingt-neuf des enfants inclus dans l'étude (38,3 %) ont reçu cette deuxième dose ; aucun d'entre eux n'a fait de varicelle après ce rappel.

Les auteurs de l'étude se sont également intéressés à la survenue de cas de zona. Ils en ont observé 46 dans leur cohorte, correspondant à une incidence de 0,45 pour 1.000 sujets par an, de sévérité faible à modérée. L'incidence du zona chez les sujets non vaccinés ayant fait une varicelle a été mesurée à 0,73 pour 1.000 par an, la vaccination pourrait donc l'avoir réduite sur la période étudiée.

Les conclusions de ce travail sont intéressantes, au moment où une autre étude, menée en Pologne, rappelle que la varicelle peut être une maladie grave (E. Gowin et coll., 2013). Sur une période de près de 5 ans (2007-2012), les auteurs ont compté 224 enfants hospitalisés pour des complications d'une varicelle (sur une population d'enfants estimée à 600.000). Les infections respiratoires représentaient 26 % de ces complications, suivies par les infections cutanées (21 %) et les atteintes neurologiques (des simples céphalées aux méningoencéphalites, 18 %). Aucun des enfants de cette étude n'était vacciné, la vaccination contre la varicelle n'ayant véritablement été étendue en Pologne qu'en 2012 (vaccin gratuit pour les enfants des crèches).

En France, la vaccination universelle des enfants n'est pas recommandée. Les recommandations vaccinales contre cette maladie concernent les situations suivantes, prises en compte par le système d'aide à la décision vaccinale du carnet de vaccination électronique de MesVaccins.net :

  • les adolescents de 12 à 18 ans n'ayant pas d'antécédent clinique de varicelle ou dont l'histoire est douteuse ; un contrôle sérologique préalable peut être pratiqué dans ce cas ;
  • les femmes en âge de procréer, notamment celles ayant un projet de grossesse, et sans antécédent clinique de varicelle ; un contrôle sérologique préalable peut être pratiqué ;
  • les femmes n'ayant pas d'antécédent clinique de varicelle (ou dont l'histoire est douteuse) dans les suites d'une première grossesse ;
  • les adultes de plus de 18 ans exposés à la varicelle, immunocompétents sans antécédent de varicelle ou dont l'histoire est douteuse (le contrôle de la sérologie étant facultatif), dans les 3 jours suivant l'exposition à un patient avec éruption ;
  • toute personne sans antécédent de varicelle (ou dont l'histoire est douteuse) et dont la sérologie est négative, en contact étroit avec des personnes immunodéprimées (les sujets vaccinés doivent être informés de la nécessité, en cas de rash généralisé, d'éviter les contacts avec les personnes immunodéprimées pendant 10 jours) ;
  • les enfants candidats receveurs, dans les 6 mois précédant une greffe d'organe solide, sans antécédent de varicelle (ou dont l'histoire est douteuse) et dont la sérologie est négative, (avec 2 doses à au moins 1 mois d'intervalle, et en pratiquant une surveillance du taux d'anticorps après la greffe) ;
  • les professionnels en contact avec la petite enfance (crèches et collectivités d'enfants notamment) ;
  • les élèves ou étudiants pour les professions de santé (à l'entrée en première année des études médicales ou paramédicales), à l'embauche ou à défaut déjà en poste, en priorité dans les services accueillant des sujets à risque de varicelle grave (immunodéprimés, services de gynéco-obstétrique, néonatologie, pédiatrie, maladies infectieuses, néphrologie).

Références

  • Baxter R, Ray P, Tran TN, Black S, Shinefield HR, Coplan PM, Lewis E, Fireman B, Saddier P. Long-term effectiveness of varicella vaccine: a 14-Year, prospective cohort study. Pediatrics. 2013 May; 131(5):e1389-96.
  • Gowin E, Wysocki J, Michalak M. Don't forget how severe varicella can be -- complications of varicella in children in a defined Polish population. Int J Infect Dis. 2013 Jul; 17(7):e485-9.