Suivi en temps réel des campagnes de vaccination à l’aide de téléphones portables au Népal

Publié le 4 déc. 2016 à 22h05

Biographie

- Médecin responsable du centre de vaccinations internationales et du centre antirabique de Strasbourg.
- Médecin spécialisé en vaccinologie, en médecine des voyages et en léprologie. Formateur en vaccinologie et médecine des voyages pour la SMV.
- Membre de la Société de Médecine des Voyages (2006) et secrétaire général de la SMV (2015).

Liens d'intérêt

- Participation à divers EPU organisés par des associations de Médecins, Pharmaciens et/ou l’industrie pharmaceutique ; rémunération à la prestation. Activité uniquement pédagogique, en toute liberté avec garanties d'indépendance, impartialité et déontologie.
- Aucun investissement financier personnel ou familial dans une firme pharmaceutique.
- Aucune participation à des études cliniques de vaccins.
- Déclaration mise à jour le 14 novembre 2016.

Après la variole, dans les années 80, la poliomyélite très prochainement, la rougeole devrait être la troisième maladie éradiquée grâce à la vaccination.

L'objectif d'élimination de cette maladie (et de la rubéole) à l'horizon 2020 dans 5 des 6 régions de l'OMS repose sur un protocole de deux doses de vaccins et sur une couverture d'au moins 95 % car la maladie est très contagieuse. Afin d'y parvenir, on doit effectuer des « activités de vaccination supplémentaire », nommées AVS, dans les zones à faible couverture vaccinale et pour les sous-groupes à haut risque. Lors de ces AVS, un « suivi pratique rapide » est mis en œuvre pour identifier les enfants non vaccinés et les causes de non vaccination puis prendre des mesures immédiates.

Au Népal, qui a mené une campagne nationale de vaccination anti rougeole/rubéole entre septembre 2015 et mars 2016, le suivi des AVS a été assuré, dans la deuxième phase et dans des districts pilotes, par téléphone portable : 100 agents de santé ont recueilli les données concernant 11 093 enfants. Malgré les difficultés (connexions, taille des écrans, géo positionnement), l'expérience est jugée concluante, notamment parce qu'elle a favorisé la responsabilisation à tous les niveaux du système de santé népalais.

Mais pas seulement : l'exhaustivité des données a été de 94 %, et surtout, elles ont été fournies le jour même alors qu'aucune donnée venant des districts où le recueil était classiquement réalisé sur papier n'était remontée six mois après ! Les résultats obtenus par le biais de l'enquête conduite par téléphone portable faisaient état de 95 % d‘enfants vaccinés mais 42 % des zones ciblées ont nécessité des activités complémentaires (retour d'équipes sur le terrain, modification du calendrier). La non vaccination était due principalement à l'absence ou à la maladie de l'enfant lors du passage.

L'immédiateté est le principal avantage de cette technique de recueil, qu'il faudra affranchir des difficultés de connexion et compléter par le recueil des mesures complémentaires et de leurs résultats. Les auteurs la conseillent donc pour tout type de campagne vaccinale future.

Va-t-on organiser des AVS en France, épinglée par l'OCDE comme étant le pays européen le plus à risque d'épidémie car le moins couvert par la vaccination ?

Référence : David H. Oh et al. Suivi en temps réel des campagnes de vaccination à l'aide de téléphones portables – Népal, 2016. REH n°40, 7 octobre 2016.