Recommandations de la Haute Autorité de Santé sur la vaccination contre les infections à pneumocoque en l'absence de vaccin pneumococcique 23-valent

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Le 4 juillet 2017, nous avions annoncé que le vaccin Pneumo 23, fabriqué par le laboratoire Sanofi Pasteur, sera remplacé par le vaccin Pneumovax, produit par le laboratoire MSD Vaccins. Le 1er octobre, nous annoncions la mise à disposition du vaccin Pneumovax en pharmacie au prix de 21,37 euros. Les deux vaccins, Pneumo 23 et Pneumovax, sont équivalents : ce sont des vaccins polyosidiques provenant de la capsule bactérienne, non conjugués à une protéine et contenant 23 sérotypes différents du pneumocoque, couvrant ainsi une proportion élevée des souches responsables d'infection grave. Les modalités pratiques de ce remplacement avaient alors été décrites dans une lettre aux professionnels de santé rédigée conjointement par MSD Vaccins et Sanofi Pasteur. Cette lettre évoquait déjà des quantités limitées de flacons disponibles. C'est désormais une pénurie de vaccin Pneumovax à laquelle doivent faire face les autorités sanitaires, les professionnels de santé et les patients. Dans ce contexte, il revenait à la commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de Santé (HAS) la mission délicate de définir la conduite à tenir devant cette pénurie. L'avis de la HAS sur la vaccination contre les infections à pneumocoque en contexte de pénurie de vaccin pneumococcique non conjugué 23-valent a été publié début janvier 2018.

La HAS ne masque pas son irritation à l'égard des laboratoires : elle considère que ces situations de pénurie sont inacceptables lorsqu'elles font suite à des choix stratégiques de laboratoire tel que l'arrêt de commercialisation d'un vaccin. Elle déplore les épisodes répétés de rupture d'approvisionnement de vaccins et les difficultés de mise en œuvre de la stratégie vaccinale qui en découlent et insiste pour que toute disposition soit prise afin de limiter ces ruptures.

Des informations sur les différents types de vaccins contre les pneumocoques sont disponibles ici.

1. Rappel : les infections à pneumocoque sont plus fréquentes chez les nourrissons et les personnes à risque

Les infections à pneumocoque sont des maladies qui se présentent sous différents tableaux cliniques suivant leur gravité et l'âge de la personne. Parmi ces infections, les pneumonies et les infections invasives (septicémies, méningites) surviennent plus fréquemment chez les très jeunes enfants (moins de 2 ans) et les personnes âgées de 2 ans et plus à risque de complications. Comparée aux personnes sans facteur de risque en population générale,leur fréquence est multipliéepar un facteur 6 à 60 chez les personnes à risque.

Les populations à risque d'infections à pneumocoque sont :

a) Les personnes immunodéprimées

  • aspléniques ou hypospléniques (incluant les drépanocytoses majeures) ;
  • atteintes de déficits immunitaires héréditaires ;
  • infectées par le VIH, quel que soit le statut immunologique ;
  • sous chimiothérapie pour tumeur solide ou hémopathie maligne ;
  • transplantées ou en attente de transplantation d'organe solide ;
  • greffées de cellules souches hématopoïétiques ;
  • traitées par immunosuppresseur, biothérapie et/ou corticothérapie pour une maladie auto-immune ou inflammatoire chronique ;
  • atteintes de syndrome néphrotique.

b) Les personnes non immunodéprimées porteurs d'une maladie sous-jacente prédisposant à la survenue de pneumonie ou d'infections invasives à pneumocoque

  • cardiopathie congénitale cyanogène, insuffisance cardiaque ;
  • insuffisance respiratoire chronique, bronchopneumopathie obstructive ou emphysème ;
  • asthme sévère sous traitement continu ;
  • insuffisance rénale ;
  • hépathopathie chronique d'origine alcoolique ou non ;
  • diabète non équilibré par le simple régime ;
  • patients présentant une brèche ostéo-méningée, un implant cochléaire ou candidats à une implantation cochléaire.

2. La vaccination pour prévenir les infections à pneumocoque chez les personnes à risque

Compte tenu de ces données, la vaccination contre les infections à pneumocoque est recommandée chez tous les enfants de moins de 2 ans et les personnes âgées de 2 ans et plus à risque d'infection.

Deux vaccins sont disponibles, le vaccin conjugué pneumococcique 13-valent (Prevenar 13), que l'on peut administrer dès l'âge de 6 semaines, et le vaccin pneumococcique non conjugé 23-valent (Pneumovax), indiqué chez les personnes âgées de 2 ans et plus, à risque d'infection à pneumocoque. Le vaccin pneumococcique 23-valent n'est pas autorisé chez les enfants de moins de 2 ans, en l'absence d'efficacité démontrée dans cette tranche d'âge (comme tous les vaccins polyosidiques non conjugués).

  • Chez tous les enfants de moins de 2 ans, la prévention vis-à-vis des infections à pneumocoque repose sur l'administration de 3 doses du vaccin pneumococcique 13-valentPrevenar 13.
  • Chez les personnes à risque de 2 ans et plus non antérieurement vaccinées, le schéma vaccinal recommande l'administration d'une à deux doses de vaccin pneumococcique 13-valent Prevenar 13, suivie d'une dose de vaccin pneumococcique 23 valent.

3. Les personnes à vacciner en priorité dans le contexte de pénurie du vaccin Pneumovax

Sont prioritaires pour l'administration du vaccin Pneumovax :

  • les enfants à risque élevé d'infection à pneumocoque, déjà vaccinés par le vaccin Prevenar 13 et qui doivent recevoir une dose de vaccin Pneumovax à l'âge de 2 ans ;
  • les personnes âgées de 2 ans et plus non antérieurement vaccinées et dont la maladie ou la comorbidité justifiant la vaccination a été diagnostiquée à partir de 2017 (les autres patients ayant eu l'opportunité de se faire vacciner avant la période de pénurie). Pour ces personnes, le vaccin Pneumovax est administré 8 semaines après la dose de vaccin Prevenar 13.

Pour les personnes à risque élevé d'infection à pneumocoque dont la maladie a été diagnostiquée avant 2017, ou pour les personnes à risque antérieurement vaccinées par le vaccin Prevenar 13, la dose de vaccin Pneumovax peut être différée à la fin de la période de pénurie (date non réellement définie actuellement, selon l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé).

Pour les personnes à risque d'infection à pneumocoque ayant déjà reçu une dose de vaccin Prevenar 13 et une dose de vaccin pneumococcique 23-valent (probablement avec Pneumo 23), l'administration d'une seule dose supplémentaire de vaccin pneumococcique 23-valent, 5 ans après la précédente, est à différer jusqu'à la fin de la période de pénurie.

Il est important de rappeler que malgré les tensions d'approvisionnement du vaccin Pneumovax, l'administration du vaccin Prevenar 13 ne doit pas être retardée chez les personnes à risque.

4. Conséquences de la pénurie de vaccins sur l'adhésion à la vaccination

La HAS signale que les tensions récurrentes sur la disponibilité des doses vaccinales, dont le vaccin pneumococcique 23-valent, conduisent à une baisse de la couverture vaccinale, exposant de ce fait les personnes immunodéprimées ou présentant des co-morbidités à un risque élevé d'infection à pneumocoque. Cela participe également à une moindre confiance dans la vaccination et rend difficile l'application des recommandations vaccinales par les professionnels de santé.

Cet avis a été pris en compte par le système expert de MesVaccins.net.

Source : Haute Autorité de Santé.