Covid 19 : plusieurs vaccins en cours de développement semblent efficaces et auront leur utilité

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Des technologies récentes, sinon totalement innovantes (ARNm et vecteurs adénovirus), ont rendu possible une mise au point et une production rapides de vaccins contre la covid 19, et la mise à disposition de centaines de millions de doses dans des délais remarquablement courts. Toutefois, devant l'ampleur de la crise provoquée par le virus, ce sont des dizaines de projets de vaccins qui ont été lancés dans le monde, utilisant toutes les approches possibles. Plusieurs candidats vaccins sont ainsi conçus à partir du SARS-CoV-2 complet rendu non infectieux (vaccins inactivés) ou de protéines antigéniques du virus (vaccins sous-unités). Ces plateformes, utilisées dans plusieurs vaccins déjà commercialisés, bénéficient d'une large expérience et d'un recul considérable sur leur efficacité et leurs inconvénients, incluant les effets indésirables potentiels. Cependant, leurs processus de mise au point et de production sont longs et complexes, et peuvent justifier des délais de développement supérieurs à ceux que de nouvelles technologies ont permis de tenir. Ces processus peuvent inclure la culture de grandes quantités de virus infectieux, qu'il faut ensuite inactiver et contrôler, la production et la purification, sous une forme convenable et stable, des protéines virales d'intérêt. Il est aussi le plus souvent nécessaire de faire entrer dans la composition de ce type de vaccin des adjuvants, dont la nature et la quantité doivent être déterminées.

Malgré ces difficultés et la disponibilité d'au moins 4 vaccins déjà autorisés, les vaccins inactivés et sous-unités adjuvantés gardent leur intérêt et pourraient avoir des avantages spécifiques (1). Une fois les procédés de fabrication définis et validés, ils peuvent être produits simplement à grande échelle, en principe à moindre coût. Ils sont stables, leur transport et leur conservation ne nécessitent pas de moyens exceptionnels. Ils ont l'avantage d'être déjà connus du grand public, ce qui en facilite l'acceptabilité. D'autre part, ils sont particulièrement adaptés à certaines populations, comme les immunodéprimés, les sujets âgés et les femmes enceintes, dont l'immunité doit être sollicitée de façon spécifique. Les vaccins inactivés présentent l'avantage sur beaucoup d'autres formules de contenir plusieurs composants viraux (toutes les protéines de structure), multipliant ainsi les cibles potentielles pour la réponse immunitaire.

Les premiers résultats des essais de phase 1/2 de vaccins inactivés (CoronaVac de Sinovac, VLA2001 de Valneva, respectivement adjuvantés avec de l'hydroxyde d'aluminium ou de l'hydroxyde d'aluminium plus des oligonucléotides CpG) et sous-unités (candidats vaccins de Sanofi et Medicago, qui utilisent tous deux l'adjuvant pandémique AS03 de GSK) se sont révélés encourageants, et les fabricants ont pu entamer les essais de phase 3. Ces essais ont montré la bonne immunogénicité des vaccins (des anticorps ont été obtenus chez 95 à 100 % des volontaires avec les vaccins CoronaVac, VLA2001 et Sanofi) et une tolérance tout à fait dans la norme. Ils ont permis de définir la composition du vaccin qui parait optimale : quantité d'antigène, nature et quantité d'adjuvant par dose.

Cependant, les essais de phase 1/2, menés sur des effectifs réduits et des périodes courtes, laissent certaines questions en suspens. En particulier, en l'absence de corrélats de protection, ils n'évaluent pas l'efficacité des vaccins (toutes les composantes de l'immunité ne sont pas étudiées et l'apparition des anticorps ne suffit pas pour affirmer que les individus sont protégés). Toutes les populations susceptibles de bénéficier du vaccin (sujets très jeunes ou très âgés, présentant des risques ou des comorbidités, certains groupes ethniques) ne sont pas non plus suffisamment représentées. La durée de l'immunité et la survenue éventuelle d'effets indésirables rares ou retardés ne peuvent être observées.
Il revient aux essais de phase 3 de répondre à ces questions, afin de rendre possible l'autorisation et la mise en service du vaccin. Ces essais ont commencé pour tous les vaccins cités, leurs résultats ne sont pas encore tous connus. Ceux du vaccin CoronaVac sont discordants : alors que Sinovac a annoncé une efficacité de 92 % et que le vaccin est déjà largement utilisé en Chine et dans de nombreux pays, les essais menés au Brésil ont montré une efficacité de 50 %, et le directeur du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies a lui-même reconnu qu'elle était moindre que celle des vaccins à ARN. Au Chili, après des millions de vaccinations, l'efficacité contre les formes graves et mortelles de covid 19 a été jugée très élevée.

Les résultats intermédiaires d'un essai de phase 3 qui viennent d'être publiés nous en apprennent un peu plus sur le potentiel des vaccins inactivés. L'essai, mené sur plus de 40 000 volontaires recrutés aux Emirats Arabes Unis, à Bahreïn, en Egypte et en Jordanie, a porté sur deux vaccins conçus par des chercheurs chinois du China National Biotec Group, baptisés WIV04 et HB02 en référence aux souches de SARS-CoV-2 dont ils sont issus (2). En phase 1/2, les deux vaccins, contenant respectivement 5 µg et 4 µg de protéines virales et 0,5 ou 0,45 mg d'alun par dose, se sont montrés immunogènes et bien tolérés chez des adultes de 18 ans et plus. L'efficacité a été calculée sur le nombre de cas d'infection par le SARS-CoV-2 détectés 14 jours après la 2ème dose de vaccin ; un second critère a évalué le nombre de cas de covid 19 graves ou mortels se déclarant également plus de 14 jours après la 2ème dose. Au moment de l'analyse intermédiaire, plus de 30 000 volontaires avaient reçu les deux doses, soit de l'un des vaccins, soit d'un placébo contenant 0,5 mg d'adjuvant seul. L'efficacité contre l'infection, parmi tous les volontaires, a été de 72,8 % pour WIV04 et de 78,1 % pour HB02. Il y a eu deux formes graves de covid 19 dans le groupe placébo et aucune parmi les vaccinés, établissant l'efficacité à 100 % contre ces formes, mais sur un très faible effectif. Plus de 40 % des volontaires ont rapporté des effets indésirables, dans tous les groupes ; ces effets, essentiellement des douleurs au site d'injection, ont tous été modérés et transitoires. Ces bons résultats doivent encore être précisés et confirmés par la poursuite de l'étude, qui n'a toutefois pas inclus de femmes enceintes, de personnes de moins de 18 ans, ou présentant des facteurs de risque ou des comorbidités.

Globalement, les résultats et observations qui s'accumulent semblent indiquer une bonne efficacité de vaccins anti-covid 19 conçus par des méthodes éprouvées. Si ces résultats sont confirmés par les essais de phase 3 en cours, ces vaccins viendront prochainement compléter l'offre disponible, permettant d'améliorer la couverture vaccinale au niveau mondial et de faciliter l'accès à des rappels si ceux-ci s'avèrent nécessaires.

Références

  1. P.L. Iversen et S. Bavari. Inactivated COVID-19 vaccines to make a global impact. Lancet Infect Dis 2021. Published Online February 3, 2021 https://doi.org/10.1016/ S1473-3099(21)00020-7.
  2. N. Al Kaabi, Y. Zhang et coll. Effect of 2 Inactivated SARS-CoV-2 Vaccines on Symptomatic COVID-19 Infection in Adults. A Randomized Clinical Trial. JAMA. Published online May 26, 2021. doi:10.1001/jama.2021.8565.

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