France : épidémie de rougeole à Guilherand-Granges (Ardèche)

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Le 19 septembre 2023, l’Agence Régionale de Santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes a été informée de la survenue d’un premier cas de rougeole chez un élève scolarisé au collège Charles de Gaulle à Guilherand-Granges (Ardèche), un collège de près de 1 200 élèves. Au 13 octobre 2023 , on dénombre # 54 cas de rougeole confirmés

, la plupart élèves au sein du collège Charles de Gaulle, ainsi que dans 3 écoles primaires du secteur. Certains fréquentent plusieurs clubs sportifs des environs en Ardèche et en Drôme. Un enfant a dû être hospitalisé pendant quelques jours.

Actuellement, aucune information concernant le statut vaccinal des cas n'a été fournie. Cependant, la couverture vaccinale pour le vaccin contenant la rougeole dans le département de l'Ardèche (07) a été évaluée à environ 85 % pour la première dose et plus faible pour la seconde. Cette couverture vaccinale est très basse et dans ce contexte la survenue d'une épidémie n'est pas étonnant. Par ailleurs, il n'est pas précisé si les cas confirmés l'ont été biologiquement ou épidémiologiquement.

Des investigations se poursuivent pour identifier d'autres cas, rechercher de manière active les contacts et interrompre les chaines de transmission. L'Éducation nationale a informé les parents d’élèves des collèges de Drôme et d’Ardèche sur la situation en cours et transmis les recommandations à suivre en cas de symptômes évocateurs. L'ARS a également contacté les lieux fréquentés par les enfants malades (clubs sportifs ou associations) pour prévenir l'ensemble des familles. Par ailleurs, l'ARS a sensibilisé les professionnels de santé du secteur.

L'ARS Auvergne-Rhône-Alpes recommande :

  • Aux parents de surveiller l'apparition de symptômes chez leurs enfants et leurs proches.
    • L’incubation de la rougeole (phase silencieuse) dure entre une et trois semaines avant que les premiers symptômes n’apparaissent : fièvre élevée, toux, nez qui coule, conjonctivite, fatigue.
    • En général, 2 ou 3 jours plus tard, des boutons apparaissent sur la peau. Situés d'abord au niveau des oreilles et du visage, les boutons s'étendent ensuite rapidement, descendant sur tout le corps.
  • En cas de symptômes : consulter rapidement un médecin et respecter les gestes barrières : le port du masque est notamment indispensable pour éviter toute transmission du virus.
  • Les parents sont également invités à vérifier le statut vaccinal de leur(s) enfant(s) (vérifier le carnet de vaccination [un schéma vaccinal complet consiste en l’administration de deux doses de vaccin contre la rougeole (1e injection à 12 mois et 2e injection à 16-18 mois)| et d'eux-mêmes s’ils sont nés après 1980 (l'administration de deux doses de vaccins est recommandée pour cette population). Si une mise à jour est nécessaire, il faut s'adressant à un médecin ou un pharmacien.

Quelles sont les recommandations du calendrier vaccinal 2023 ?

En France, deux vaccins interchangeables sont disponibles, le vaccin Priorix et le vaccin M-M-RVaxpro. La protection vaccinale des populations sus-citées repose sur l'administration de deux doses de ces vaccins trivalents Rougeole-Oreillons-Rubéole (ROR). Le délai minimum entre les doses doit être de 4 semaines.

Recommandations autour d'un cas de rougeole

Une vaccination préventive pour les personnes potentiellement réceptives (Personne sans antécédent certain de rougeole ou n’ayant pas reçu deux doses de vaccin par le passé) exposées à un cas de rougeole est recommandée. Ces mesures concernent les contacts autour d’un cas clinique ou confirmé biologiquement pour les contacts proches, et les contacts d’un cas confirmé biologiquement dans les autres collectivités :

  • Nourrissons âgés de 6 à 11 mois révolus : une dose de vaccin trivalent (selon un cadre de prescription compassionnelle pour les nourrissons de 6 à 8 mois révolus) dans les 72 heures suivant le contact présumé (dans ce cas, l’enfant recevra par la suite deux doses de vaccin trivalent suivant les recommandations du calendrier vaccinal : 1ère dose à l’âge de 12 mois, 2e dose entre 16 et 18 mois) ;
  • Personnes âgées de plus d’un an et nées depuis 1980 : mise à jour conformément au calendrier vaccinal pour atteindre deux doses de vaccin trivalent ;
  • Professionnels de santé ou personnels chargés de la petite enfance, sans antécédent de rougeole quelle que soit leur date de naissance : mise à jour conformément au calendrier vaccinal pour atteindre deux doses de vaccin trivalent.

L’administration d’une dose de vaccin, telle que préconisée ci-dessus, réalisée dans les 72 heures qui suivent le contact avec un cas peut éviter la survenue de la maladie. Elle reste préconisée même si ce délai est dépassé sauf chez le nourrisson de 6 à 11 mois révolus.

Pour les nourrissons âgés de 9 à 11 mois révolus, la vaccination doit être réalisée dans les 72 heures suivant le contact ; audelà de ce délai cette vaccination post exposition n’a pas sa place, la prophylaxie post exposition nécessitant alors l’administration d’immunoglobulines.

En outre, un délai d’au moins neuf mois est à respecter chez une personne ayant reçu des immunoglobulines en prophylaxie post-exposition de la rougeole avant de la vacciner contre la rougeole, les oreillons et la rubéole. Ce délai peut être porté à 12 mois pour les nourrissons ayant reçu des doses élevées d’immunoglobulines (2g/kg).

En situation de cas groupés de rougeole , des mesures vaccinales particulières et supplémentaires sont proposées.

Elles reposent sur la notion qu’en situation épidémique, la plupart des cas sont confirmés épidémiologiquement et que la valeur prédictive positive du diagnostic clinique est plus élevée qu’en situation endémique. La vaccination est ainsi recommandée aux contacts proches et en collectivité sans attendre les résultats de laboratoire.

En plus des recommandations autour d’un cas, toutes les personnes, y compris celles nées avant 1980, sans antécédent connu de rougeole devraient compléter leur vaccination jusqu’à obtenir en tout deux doses de vaccin trivalent.

De la même manière, l’administration d’une dose de vaccin, telle que préconisée ci-dessus, réalisée dans les 72 heures qui suivent le contact avec un cas, peut éviter la survenue de la maladie. Elle reste préconisée même si ce délai est dépassé sauf chez le nourrisson de 6 à 11 mois révolus.

Dans tous les cas, lorsque la situation requiert deux doses, l’intervalle entre celles-ci sera d’au moins un mois.

_Remarque :_Parmi les personnes ayant côtoyé le malade pendant sa période de contagiosité (5 jours avant jusqu’à 5 jours après le début de l’éruption), sont considérés comme contact : l’entourage familial (personnes de la famille vivant sous le même toit) ; les enfants et adultes de la même section en crèche ou en haltegarderie ; les enfants et adultes exposés au domicile de garde quand le cas est gardé par une assistante maternelle ; toute personne ayant fréquenté de manière concomitante les mêmes locaux que le malade (école, internat, local professionnel, transports publics, aéronef …) avec un contact avec le malade en face à face ou un séjour de plus de 15 mn ; toute personne ayant séjourné dans une pièce fréquentée par le malade jusqu’à 2 h après le départ de ce dernier.

Quelles sont les indications d'administration d'immunoglobulines polyvalentes après exposition à un cas confirmé de rougeole ?

Elle peut de faire dans les 6 jours suivant le contact dans les cas suivants :

  • femme enceinte non vaccinée et sans antécédents de rougeole,
  • sujet immunodéprimé quel que soit son statut vaccinal et ses antécédents avérés de rougeole,
  • enfants de moins de 6 mois dont la mère présente une rougeole,
  • enfants de moins de 6 mois dont la mère n’a pas d’antécédent de rougeole et n’a pas été vaccinée (dans le doute une sérologie maternelle IgG peut être demandée en urgence),
  • enfants âgés de 6 à 11 mois non vaccinés en post-exposition dans les 72 h après contact quel que soit le statut vaccinal de la mère ou ses antécédents de rougeole.

Source : Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes.