Quel est le comportement des médecins vis-à-vis de la vaccination contre la coqueluche chez les adultes aux Etats-Unis, en France et en Allemagne ?

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La revue BMC Primary Care a publié les résultats d’une étude comportementale visant à évaluer les attitudes des médecins à l'égard de la vaccination contre la coqueluche chez les adultes et l'importance de cette vaccination, en particulier chez les personnes à haut risque de forme grave de coqueluche (maladie respiratoire chronique, immunodépression, obésité, personnes âgées de 80 ans et plus), et à déterminer l'impact de la pandémie de covid 19 sur les comportements en matière de vaccination des adultes. 

Une enquête en ligne a été menée auprès de 400 médecins aux États-Unis, 200 médecins en France et 200 en Allemagne entre le 30 novembre 2022 et le 17 janvier 2023. Les critères d'inclusion des médecins étaient les suivants : (i) être personnellement impliqués dans la décision de vacciner les adultes et de prescrire la vaccination dTca (ou dTcaP), (ii) exercer depuis plus de 3 ans et moins de 44 ans, et (iii) avoir une patientèle composée principalement de patients adultes, y compris ceux souffrant d'asthme et/ou de BPCO.

Le questionnaire comprenait trois sections. La section A évaluait la perception qu'ont les médecins de la coqueluche chez les adultes, la B évaluait le comportement des médecins lorsqu'ils recommandaient la vaccination contre la coqueluche, le comportement de leurs patients vis-à-vis de la vaccination contre la coqueluche et l'impact de la pandémie de covid 19 sur les comportements en matière de vaccination et la C évaluait les sujets relatifs au vaccin contre la coqueluche (efficacité du vaccin, innocuité, etc.), y compris les canaux préférés pour obtenir ces informations.

Tous les médecins de France et d'Allemagne étaient des généralistes. Aux États-Unis, 162 (40,5 %) médecins étaient des médecins de famille et 214 (53,5 %) étaient des internistes ; 24 (6,0 %) médecins n'ont pas précisé leur spécialité.

L'importance perçue de la vaccination contre la coqueluche chez les adultes était similaire entre la France et l'Allemagne (70% combinés), et significativement supérieure à celle des médecins américains (61%). Cependant, les médecins de chacun des trois pays ont accordé moins d'importance à la vaccination contre la coqueluche qu'à quatre ou cinq autres maladies de l'adulte évitables par la vaccination : le covid 198 (82 %), la grippe (81 %), les infections pneumococciques (76 %) et le tétanos (73 %).

Dans l'ensemble, les médecins interrogés considéraient

  • comme étant les plus à risque de souffrir des conséquences graves de la coqueluche les patients immunodéprimés, ceux atteints de BPCO, et ceux souffrant d'autres affections respiratoires ou d'asthme ;
  • que les taux de couverture vaccinale contre la coqueluche chez les adultes étaient sous-optimaux ;
  • qu'il était important de protéger les personnes vulnérables contre la coqueluche, soit directement en les vaccinant (77%), soit indirectement en vaccinant leurs contacts proches (77%).

Les médecins de tous les pays ont déclaré recommander la vaccination dTca à leurs patients adultes conformément aux recommandations officielles, et qu'ils étaient plus susceptibles de recommander la vaccination dTca aux personnes appartenant à des groupes à haut risque (59 % et 55 % respectivement en cas de BPCO ou d'asthme) qu'à des adultes en bonne santé (41%). Le même modèle de comportement a été observé dans les trois pays, mais les taux de recommandation étaient plus faibles chez les médecins français (32% en cas d’asthme ou de BPCO).

Les médecins français ont été invités à donner leur perception de l'impact de la possibilité offerte aux pharmaciens de prescrire et vacciner la population adulte ; 55% ont choisi la réponse « Je crains de ne pas pouvoir vérifier si le vaccin a été administré ».

Les répondants ont estimé que deux tiers des adultes pour lesquels ils recommandent le vaccin contre la coqueluche sont d'accord pour le recevoir. Les raisons à l’origine d’une non vaccination sont : 

  • une faible perception du risque personnel (61%) ;
  • avoir retardé ou oublié le rendez-vous de vaccination (67% en France contre 30% environ en Allemagne et aux États-Unis) ;
  • la crainte des effets secondaires potentiels (47%) : 
  • la priorité donnée à d’autres vaccins (34%) ;
  • la croyance en l’inefficacité du vaccin (24%).

La pandémie de covid 19 a eu peu d’influence.

Les types d'informations sur la coqueluche et la vaccination contre la coqueluche qui intéressent le plus les médecins varient d'un pays à l'autre. Les médecins américains sont plus intéressés par les informations sur l'efficacité du vaccin et les populations de patients les plus exposées au risque de coqueluche ; les médecins français sont plus intéressés par les informations sur les populations de patients les plus exposées au risque de coqueluche et les rappels automatiques des calendriers de vaccination ; les médecins allemands sont plus intéressés par les informations sur l'efficacité du vaccin contre la coqueluche et les conseils sur la co-administration des vaccins.

Pour en savoir plus sur les patients adultes les plus exposés au risque de coqueluche, 38% des médecins ont déclaré préférer les programmes de formation médicale continue (FMC) ou les campagnes d'éducation publique, et 27% ont indiqué que des tests de dépistage ou des données relatives aux risques dans des groupes de patients spécifiques seraient utiles à la prise de décision.

Un quart des médecins ont déclaré que les outils numériques, y compris les dossiers médicaux électroniques, les rappels automatiques ou les applications de suivi électronique, les aidaient à accomplir leurs tâches quotidiennes et à évaluer les antécédents et le statut des patients en matière de vaccination.

Les auteurs concluent que, bien que les médecins des pays étudiés reconnaissent la valeur de la vaccination contre la coqueluche chez les adultes, ils la classent moins importante que les autres vaccins pour adultes. Il serait bénéfique de sensibiliser davantage les médecins à la valeur de la vaccination contre la coqueluche chez les adultes vulnérables à risque de complications graves, mais une meilleure sensibilisation pourrait avoir un effet limité si la vaccination de ces groupe n'est pas incluse dans les recommandations officielles. En outre, l'utilisation du vaccin contre la coqueluche n'est pas optimale, même lorsque la vaccination a été recommandée. Les médecins ont indiqué que les rappels numériques de l'échéance de vaccination d'un patient et l'accès au statut vaccinal des patients étaient les outils les plus utiles pour les aider à recommander la vaccination contre la coqueluche chez les adultes. Ces efforts pourraient permettre d'améliorer la couverture vaccinale et de réduire le risque de cette maladie évitable par la vaccination.