Mise à jour des recommandations sanitaires aux voyageurs : dengue, virus Oropouche et mpox

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Dans l’attente de l’édition 2025 attendue vers le mois de juin, l’édition 2024 des recommandations sanitaires aux voyageurs a été mise à jour le 24 avril 2025 et mise en ligne le 30 avril 2025. Cette nouvelle édition propose trois nouveaux chapitres concernant respectivement la dengue, la maladie à virus Oropouche et le mpox.

A. Dengue

Le chapitre sur la dengue a été actualisé pour prendre en compte les données d’immunogénicité, d’efficacité et de tolérance du vaccin QDENGA et positionner ce vaccin dans la prévention de la dengue chez le voyageur. Les nouvelles recommandations sont décrites ci-dessous.

1. Avant le départ

1.1. Lors de la consultation les voyageurs doivent être informés
  • des limites du vaccin QDENGA, notamment :
    • absence de données d’efficacité au-delà de 60 ans (une étude est en cours) ;
    • efficacité moindre contre les sérotypes 3 et 4, surtout chez les sujets séronégatifs ;
    • risque non nul de dengue sévère chez les séronégatifs exposés aux DENV-3 et DENV-4 après vaccination ;
    • délai de 2 semaines minimum après la première dose pour obtenir une protection.
  • de la nécessité d’appliquer les mesures de protection personnelle anti-vectorielle (PPAV), même si la personne est vaccinée.
1.2. Évaluer les risques pour déterminer une stratégie de prévention adaptée

En fonction de : 

  • l’âge ;
  • la présence de comorbidités augmentant le risque de dengue sévère (drépanocytose, HTA compliquée, diabète, obésité, insuffisance rénale, affections cardio-pulmonaires chroniques, etc.) ;
  • l’épidémiologie locale ;
  • la durée du séjour.
1.2.1. Séjour en zone épidémique, séjour ≥ 4 semaines ou séjours répétés dans une zone où le taux d’incidence annuel de la dengue > 100 pour 100 000
Cas Recommandation
≥ 6 ans avec comorbidités ► Proposer de différer le voyage
► Si refus : recommander la vaccination (6–60 ans)
► ≥ 60 ans : décision partagée
≥ 6 ans sans comorbidités ► Vaccination possible uniquement en cas d’antécédents personnels de dengue, après décision partagée

Les éléments suivants seront pris en compte pour évaluer si la personne a présenté un épisode de dengue antérieur :

  • antécédent de RT-PCR DENV et/ou Ag NS1 positif au cours d’un épisode cliniquement évocateur, quel que soit le contexte épidémique ;
  • ou antécédent d’épisode cliniquement évocateur avec ou sans confirmation biologique, au cours d’une épidémie confirmée ;
  • ou en l’absence d’éléments anamnestiques évocateurs, chez une personne ayant voyagé ou étant originaire de zone d’endémie, positivité de la sérologie DENV en IgG.
1.2.2. Séjour < 4 semaines dans une zone avec taux d'incidence annuel ≥ 100/100 000, sans épidémie active

Vaccination non recommandée.

1.2.3. Séjour dans une zone avec taux d’incidence annuel inférieur < 100/100 000, sans épidémie active

Vaccination non recommandée.

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1.3.  Mise en œuvre de la vaccination (si retenue)
1.3.1. Quel vaccin ?

QDENGA, vaccin vivant atténué, contre-indiqué chez les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes ou allaitantes.

1.3.2. Schéma vaccinal en primovaccination
  • 2 doses en sous-cutané, à 3 mois d’intervalle minimum.
  • Si départ imminent (surtout en contexte épidémique) : administrer une première dose au moins 2 semaines avant le départ, la seconde étant réalisée ensuite avec un délai ≥ 3 mois.
  • Surveillance de 15 min post-injection.
  • En cas de dengue récente, attendre 6 mois avant d’injecter la première dose.

Pas de données disponibles à ce jour sur la nécessité d’un rappel.

1.3.3. Associations vaccinales
  • QDENGA peut être co-administré avec :
    • vaccin contre l’hépatite A,
    • vaccin nonavalent HPV (GARDASIL 9).
  • Avec le vaccin contre la fièvre jaune : risque d’immunogénicité réduite → intervalle d’un mois recommandé, sauf départ imminent.
  • Pas de données pour d’autres vaccins.

2. Pendant le voyage

Appliquer les mesures de PPAV, y compris chez les personnes vaccinées.

3. Au retour

Jusqu’à 3 semaines après un retour de zone à risque :

  • Consulter en cas de symptômes (éruption, fièvre, céphalées, conjonctivite, douleurs) ;
  • Éviter les piqûres pour ne pas transmettre le virus via les moustiques de type Aedes.

B. Maladie à virus Oropouche

Intégrée au chapitre « Risques liés aux arthropodes », la maladie à virus Oropouche est désormais prise en compte avec des mesures spécifiques, notamment pour les femmes enceintes. Le virus Oropuche est désigné par l'acronyme OROV.

Avant le départ

  • Appliquer strictement les mesures de PPAV : vêtements couvrants, répulsifs dès 16 h (pic d’activité) ;
  • Éviter les rapports sexuels non protégés durant le séjour ;
  • Pour les femmes enceintes ou susceptibles de le devenir :
    • se renseigner sur la situation épidémiologique ;
    • appliquer des mesures rigoureuses ;
    • reconsidérer un voyage non essentiel en cas d’épidémie.

En cas de retour sans symptômes

  • Suivi obstétrical habituel ;
  • Test PCR et/ou sérologie OROV à discuter si retour de zone avec épidémie et anomalies fœtales détectées.

En cas de symptômes compatibles (sur place ou dans les 2 semaines après le retour) :

  • Diagnostic à envisager (RT-PCR plasmatique et/ou sérologie) ;
  • En cas de confirmation :
    • Éviter les AINS ;
    • Les hommes doivent utiliser un préservatif ou s’abstenir de rapports sexuels pendant 6 semaines ;
    • Déclarer les cas à l’ARS ;
    • Suivi spécialisé pour femmes enceintes et nouveau-nés exposés ;
    • Envisager inclusion dans une cohorte ou un registre dédié.

C. Mpox

Ce chapitre fait un rappel épidémiologique mis à jour, prenant en compte en particulier les infections dues au clade I du MPXV. Il intègre par ailleurs les recommandations du HCSP concernant les voyageurs en date de septembre 2024. Ces recommandations avaient été intégrées à la fiche relative au mpox sur mesvaccins.net dès leur publication et ne seront pas détaillées ici.

Source : Haut Conseil de la santé publique.

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