La prévalence des infections à HPV à haut risque 16/18 responsables de plus de 70 % des cancers du col de l'utérus est inférieure à 1% après introduction de la vaccination

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Une étude danoise portant sur le dépistage du cancer du col de l’utérus sur une population de femmes nées en 1994 a été publiée dans la revue Eurosurveillance. Ces femmes ont eu 23 ans en 2017, âge où elles ont été invitées à leur premier dépistage d’infection à papillomavirus (HPV). Toutes ces femmes s’étaient vu proposé une vaccination contre le HPV avec le vaccin quadrivalent GARDASIL ciblant les HPV 6, 11, 16 et 18 dès octobre 2008, alors que la plupart d'entre elles avaient 14 ans. 

Sur un total de 17 252 femmes ayant bénéficié d'au moins un prélèvement de cellules cervicales entre le 1er février 2017 et le 29 février 2024, 8 659 correspondant à 16 955 échantillons cellulaires prélevés (1 à 3 prélèvements par femme) ont été randomisées pour une recherche d’HPV à haut risque (HPV-HR).

En 2017, le Danemark est passé à un vaccin nonavalent contre le HPV ciblant les HPV de types 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58, qui prévient jusqu'à 90 % des cancers du col de l'utérus. Depuis 2016, un schéma à deux doses est utilisé chez les filles de moins de 15 ans, tandis que trois doses sont toujours administrées à celles de 15 ans et plus.

1.Résultats

L'âge moyen des femmes lors du premier prélèvement cellulaire était de 24,4 ans, dont 62 % étaient âgées de 22 à 23 ans. Parmi les femmes ayant participé à au moins un prélèvement cellulaire, 90 % étaient vaccinées contre le VPH.

1.1. Prévalence du papillomavirus

Sur l’ensemble de la population étudiée, la prévalence d’une infection à HPV-R était de 32% parmi les 8 659 femmes ayant bénéficié d'un premier prélèvement cellulaire,  et respectivement de 28% et 31% chez les femmes ayant bénéficié d’un deuxième (n = 5 835) et d'un troisième (n = 2 461) prélèvement cellulaire. Dans ces trois groupes, la prévalence des types de HPV 16/18 était faible et respectivement de 1,0 %, 0,6 % et 0,6 %.

Parmi les 7 800 femmes vaccinées, la prévalence du HPV 16/18 était de 0,4 % dans le premier échantillon cellulaire, de 0,3 % dans le deuxième échantillon cellulaire et de 0,2 % dans le troisième échantillon cellulaire, et la prévalence des types de HPV-HR non vaccinaux était respectivement de 32 %, 28 % et 30 %. 

Parmi les 859 femmes non vaccinées, la prévalence du HPV 16/18 était de 6 %, 5 % et 6 %, et celle du HPV-HR non vaccinal était respectivement de 27 %, 24 % et 29 %. 

La prévalence du HPV 16/18 était statistiquement significativement plus faible chez les femmes vaccinées que chez les femmes non vaccinées. La prévalence des types de HPV-HR non vaccinaux n'était pas significativement différente chez les femmes vaccinées et non vaccinées.

1.2. Persistance et incidence des infections à HPV

Sur les 83 femmes dont le premier échantillon était positif pour le HPV 16/18, 55 ont été retestées, et parmi celles-ci, 25 avaient un deuxième échantillon positif au HPV 16/18 (persistance de 45 %). Sur les 37 femmes dont le deuxième échantillon cellulaire était positif au HPV 16/18, 22 ont été retestées, et le troisième échantillon était positif au HPV 16/18 pour 11 femmes (persistance de 50 %). 

Sur les 8 576 femmes dont le premier échantillon cellulaire était négatif au HPV 16/18, 5 780 ont été retestées, 12 deuxièmes échantillons étant positifs au HPV 16/18 (incidence de 0,2 %). Sur 5 798 femmes dont le deuxième échantillon était négatif pour le HPV 16/18, 2 439 ont été retestées, et trois avaient un troisième échantillon positif pour le HPV 16/18 (incidence de 0,1 %). 

Pour les HPV-HR non vaccinaux, la persistance était de 53 % du premier au deuxième échantillon cellulaire, et de 59 % du deuxième au troisième échantillon cellulaire, avec une incidence correspondante de 13 % et 10 % respectivement.

Chez les femmes vaccinées et retestées, la persistance du HPV 16/18 entre le premier et le deuxième échantillon cellulaire était de 40 %, et chez les femmes non vaccinées, elle était de 49 %. L'incidence du VPH 16/18 était de 0,1 % chez les femmes vaccinées contre 1,5 % chez les femmes non vaccinées. Chez les femmes vaccinées, la persistance du HPV-HR non vaccinal entre le premier et le deuxième échantillon cellulaire était de 53 %, et de 59% entre le deuxième et le troisième. Chez les femmes non vaccinées, les chiffres étaient de 49 % et 58 %, respectivement. 

Chez les femmes vaccinées et retestées, l'incidence du HPV-HR non vaccinal était de 14 % entre le premier et le deuxième échantillon cellulaire, et de 10 % entre le deuxième et le troisième, et chez les femmes non vaccinées, les chiffres étaient respectivement de 8 % et 7 %.

2. Principales conclusions des auteurs

  • La prévalence des HPV 16/18 chez les femmes non vaccinées est restée à 5 %, un niveau bien inférieur aux 17 à 19 % observés chez les jeunes Danoises avant la vaccination, ce qui témoigne fortement de l'immunité de la population. 
  • La prévalence des HPV à haut risque non vaccinaux est restée à 30 % chez les femmes vaccinées et 27 %) chez les femmes non vaccinées (différence non significative), et leur persistance était élevée indépendamment du statut vaccinal (45% pour les vaccinés et 55% pour les non vaccinés). 
  • L'incidence des HPV 16/18 était très faible chez les femmes vaccinées et significativement inférieure à celle des femmes non vaccinées. 
  • L’incidence des HPV-HR non vaccinaux était statistiquement significativement plus élevée chez les femmes vaccinées que chez les femmes non vaccinées. 
  • En l’absence de test HPV avant la vaccination, il n’a pas pu être déterminé si les quelques infections HPV 16/18 observées dans le premier échantillon cellulaire chez les femmes vaccinées étaient déjà présentes au moment de la vaccination. 
  • Le niveau de persistance des infections HPV 16/18, sans différence entre les femmes vaccinées et non vaccinées, étaye la conclusion selon laquelle le vaccin anti-HPV quadrivalent n'est pas un vaccin thérapeutique. 
  • La protection croisée contre les HPV-HR n'a pas été mise en évidence lors de la comparaison entre femmes vaccinées et non vaccinées. 
  • Dans toutes les tranches d'âge, la prévalence des types de HPV-HR non vaccinaux légèrement plus élevée chez les femmes vaccinées que chez les femmes non vaccinées, et l'incidence des infections à HPV-HR non vaccinaux plus élevée chez les femmes vaccinées que chez les femmes non vaccinées, pourraient indiquer un remplacement de type ou un démasquage. 
  • La proportion élevée mais constante de femmes infectées par des types de HPV-HR non couverts par le vaccin indique la nécessité d'un dépistage moins intensif, mais continu, de ces générations.

Source : Eurosurveillance

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