Un vaccin non combiné contre la coqueluche pourrait être bientôt disponible et faciliter la mise en œuvre des recommandations
La coqueluche est une maladie respiratoire d’origine bactérienne dont l’évolution peut être grave, voire mortelle, chez le tout jeune enfant. Transmise par les sécrétions bronchiques et la toux, elle est très contagieuse et peut être transmise au nouveau-né par toute personne infectée entrant en contact avec lui. La vaccination réalisée à partir de l’âge de 2 mois n’apporte pas de protection chez le tout jeune nourrisson. Elle confère une immunité qui semble se maintenir à un niveau efficace pendant 6 à 10 ans, justifiant la recommandation de rappels.
La protection des nouveau-nés jusqu’à l’âge de 6 mois repose sur l’immunisation de la mère à partir du deuxième trimestre de grossesse, ou en post-partum immédiat, et sur celle de toutes les personnes pouvant se trouver en contact avec eux dans la sphère privée (stratégie de cocooning qui vise les parents ou futurs parents, la fratrie, les grands-parents) et parmi les professionnels de santé. Cette immunisation passe par des vaccinations ou revaccinations, en fonction des antécédents des personnes (voir la fiche vaccin). Elle est compliquée par l’absence de vaccin contre la coqueluche seulement : tous les vaccins coquelucheux actuellement disponibles sont des vaccins combinés, comportant au moins également les valences diphtérie, tétanos et poliomyélite, vaccinations qui répondent à un calendrier et des recommandations différents.
L’EMA vient de rendre un avis positif en vue de l’octroi d’une AMM à un vaccin non combiné contre la coqueluche, présenté par BioNet Europe et fabriqué par BioNet Asia en Thaïlande (1). Il est nommé VacPertagen pour l’Europe, alors qu’il est déjà utilisé en Asie sous le nom de Pertagen.
Ce vaccin est dit acellulaire car il ne contient pas de cellules bactériennes entières, dont la présence est associée à des réactions vaccinales indésirables.
VacPertagen contient deux antigènes acellulaires majeurs de Bordetella pertussis : la toxine pertussique recombinante génétiquement détoxifiée (PTgen, pour Pertussis Toxin genetically detoxified) et l’hémagglutinine filamenteuse (FHA).
La toxine pertussique est le principal facteur de virulence de Bordetella pertussis, responsable de l’immunosuppression, de la lymphocytose majeure et des formes graves du nourrisson.
L’hémagglutinine filamenteuse est une protéine d’adhésion de la bactérie, impliquée dans la fixation aux cellules respiratoires.
Les antigènes sont produits à partir de souches recombinantes de Bordetella pertussis. A notre connaissance, il n’existe pas d’autre vaccin recombinant contre la coqueluche (c’est-à-dire dont les antigènes sont fabriqués par génie génétique) commercialisé en Europe.
De plus, VacPertagen utilise une formulation à faible teneur antigénique, adaptée aux rappels des grands enfants et des adultes. Cette formulation permet de réduire le risque d’allergie (phénomène d’Arthus).
Le vaccin ne contient ni pertactine (PRN) ni fimbriae (FIM2/3), contrairement aux vaccins acellulaires actuellement commercialisés en Europe.
Le profil de sécurité du vaccin VacPertagen, établi sur 3 essais cliniques, est comparable à celui de vaccins de large diffusion. Les effets indésirables les plus fréquents sont restés sans gravité (douleur au site d’injection, céphalée, fatigue, myalgie, arthralgie, malaise et nausée). Chez les personnes vaccinées, des anticorps sont apparus dans les 28 jours et sont restés à des niveaux élevés pendant 3 ans chez des adultes et 5 ans chez des adolescents.
Le nouveau vaccin sera autorisé pour les rappels contre la coqueluche chez les personnes âgées de 12 ans et plus, et pour l’immunisation des femmes en cours de grossesse (2e et 3e trimestre), permettant un transfert d’anticorps au fœtus.
La mise à disposition de ce vaccin devrait permettre une révision de la stratégie vaccinale, découplant la protection contre la coqueluche du recours aux actuels vaccins combinés contre la diphtérie, le tétanos ou la poliomyélite.
Référence