Nouvel avis sur les vaccins contre le méningocoque

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Le 31 août 2012, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a publié sur son site Internet un avis relatif à l'utilisation du vaccin méningococcique tétravalent conjugué A, C, Y, W135 NIMENRIX® et à la place respective des vaccins méningococciques tétravalents conjugués et non conjugués. Dans cet avis, le HCSP a tout d'abord rappelé la situation épidémiologique des infections invasives à méningocoque en France et à l'étranger, puis décrit les vaccins quadrivalents conjugués autorisés en Europe avant de détailler ses recommandations.

Epidemiologie des infections invasives à méningocoque

Dans le monde , l'épidémiologie des infections invasives à méningocoque varie selon les périodes et les zones géographiques. Le sérogroupe A prédomine en Afrique, où il est hyperendémique (fortes épidémies dans la zone de savane-sahel subsaharienne), il a été également responsable d'épidémies en Asie. L'introduction progressive d'un vaccin conjugué contre le sérogroupe A dans la ceinture de la méningite en Afrique devrait interrompre les épidémies dues à ce sérogroupe dans les années futures. Les sérogroupes B et C prédominent dans les Amériques et en Europe où ils sont à l'origine de cas sporadiques et de petites bouffées épidémiques. Les autres sérogroupes restent minoritaires dans le monde. Cependant, le sérogroupe Y s'est implanté de façon endémique en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada). Le sérogroupe W135 a été responsable d'épidémies en Arabie saoudite (pèlerinage de la Mecque) et en Afrique (Niger, Burkina Faso). Les épidémies survenues début 2012 en Afrique subsaharienne ont été principalement dues au sérogroupe W135. Le sérogroupe X est présent depuis les années 1990 en Afrique avec des poussées épidémiques récentes (Niger, Kenya et Ouganda). Il n'existe pas actuellement de vaccin disponible contre le sérogroupe X.

En France , l'incidence globale des infections invasives à méningocoque a diminué régulièrement depuis le dernier pic de 2003, passant de 1,6/100 000 en 2003 à 0,9/100 000 en 2010 (incidence corrigée pour la sous-notification).

  • Les sérogroupes B et C prédominent nettement et représentent respectivement 64 % et 28 % des cas sur les vingt-cinq dernières années. En 2011, les sérogroupes B et C ont totalisé respectivement 395 et 84 cas.
  • Le sérogroupe W135 circule en France a minima et sous la forme uniquement de cas sporadiques (14 cas déclarés en 2011). Cependant, une augmentation a été observée début 2012 due en partie à des cas importés ou possiblement liés à des porteurs asymptomatiques rentrant d'Afrique de l'Ouest.
  • Le sérogroupe Y circule également à bas bruit mais a récemment augmenté et représentait 8 % des infections invasives à méningocoque de sérogroupe connu (soit 45 cas) en 2011.
  • Durant la période 2005-2011, les sérogroupes W135 et Y représentaient à eux deux 31 % des cas survenus chez les sujets de 60 ans et plus (avec 121 cas sur la période, soit 17 cas par année en moyenne) et sont associés à une mortalité élevée, comparable à celle du sérogroupe C (15 %).
  • Le sérogroupe A est exceptionnellement en cause en France.

Vaccins disponibles

Le HCSP a rappelé le contenu de la documentation réglementaire des deux vaccins quadrivalents conjugués qui disposent aujourd'hui d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) au niveau européen.

Le vaccin tétravalent A, C, Y, W135 NIMENRIX® a obtenu le 20 avril 2012 une AMM européenne avec pour indication « l'immunisation active des sujets à partir de 12 mois contre les maladies méningococciques invasives dues aux Neisseria meningitidis des groupes A, C, W135 et Y ». Le schéma recommandé comporte l'administration d'une seule dose. Ce vaccin n'est pas encore commercialisé en France.

Le vaccin tétravalent A, C, Y, W135 MENVEO® a obtenu le 15 mars 2010 une AMM européenne pour « l'immunisation active des adolescents (âgés de 11 ans et plus) et les adultes à risque d'exposition à Neisseria meningitidis des sérogroupes A, C, W135 et Y, pour prévenir la maladie invasive ». Le vaccin MENVEO® a obtenu le 24 avril 2012 une extension de son AMM européenne aux enfants de 2 à 10 ans. Le schéma recommandé comporte l'administration d'une seule dose.

Les vaccins contre le méningocoque contiennent la capsule du méningocoque, facteur de virulence de la bactérie. Cette capsule est composée de sucres (polyosides) aux propriétés antigéniques. La réponse immunitaire contre les polyosides présente toutefois des imperfections, par rapport à la réponse immunitaire contre un antigène protéique : inefficacité avant l'âge de deux ans, insuffisance quantitative et qualitative des anticorps produits, absence d'effet rappel, voire même hyporéponse en cas d'administration répétée (réponse immunitaire plus faible en cas de réadministration du vaccin). La conjugaison de l'antigène capsulaire polyosidique à une protéine améliore la réponse immunitaire. Les vaccins conjugués peuvent être administrés dès les premiers mois de vie. Ils peuvent empêcher le portage de la bactérie dans la gorge des personnes vaccinées, contribuant à en limiter la diffusion dans l'entourage. Une nouvelle administration ne risque pas de causer une hyporéponse mais entraine tout au contraire un effet rappel (augmentation quantitative et qualitative des anticorps contre le méningocoque). Les vaccins disposant d'une AMM européenne se différencient selon les sérogroupes qu'ils contiennent et selon qu'ils sont conjugués ou non :

1. Vaccins non conjugués

  • Vaccin méningococcique A+C® polyosidique (Sanofi Pasteur MSD) ;
  • MENCEVAX® : vaccin tétravalent ACYW135 (Glaxo Smith Kline).

2. Vaccins conjugués monovalents C

  • MENINGITEC® (Pfizer) ;
  • MENJUGATE KIT® (Novartis) ;
  • NEISVAC (Baxter).

3. Vaccins conjugués tétravalents A, C, Y, W135

  • NIMENRIX® (Glaxo Smith Kline) ;
  • MENVEO® (Novartis).

Les essais cliniques réalisés montrent que les vaccins quadrivalents A, C, Y, W135 MENVEO® et NIMENRIX® sont tous deux plus efficaces que le vaccin quadrivalent non conjugué MENCEVAX®. Le vaccin NIMENRIX est en outre plus efficace qu'un autre vaccin quadrivalent conjugué commercialisé aux Etats-Unis, le vaccin MENACTRA®, pour les valences A, W135 et Y. La réponse vaccinale au NIMENRIX® est significativement supérieure à celle obtenue avec le vaccin MENINGITEC® ; à l'opposé, la réponse immunitaire obtenue avec le vaccin MENJUGATEKIT® est supérieure à celles obtenue avec le vaccin NIMENRIX®. Aucune donnée comparative n'est disponible avec le vaccin NEISVAC®. La réponse immunitaire contre le méningocoque est diminuée lorsque le vaccin NIMENRIX®est administré un mois après le rappel du vaccin INFANRIXHEXA®ou lorsqu'il est co-administré avec le vaccin grippal FLUARIX®, sans modification significative, toutefois, des taux de séroprotection. Aucun phénomène d'interférence n'est observé en cas de co-administration avec les vaccins TWINRIX®, PRIORIX TETRA® ou SYNFLORIX®.

Le profil de tolérance locale et générale observé avec le vaccin NIMENRIX® est considéré comme acceptable. Par comparaison avec les vaccins monovalents C conjugués MENINGITEC® et MENJUGATE® et le vaccin tétravalent non conjugué MENCEVAX®, la fréquence de certains symptômes généraux est plus élevée.

Le profil de tolérance générale du vaccin MENVEO® dans la tranche d'âge 2-10 ans est considéré comme acceptable et similaire à celui des vaccins MENACTRA® et MENOMUNE®. Les effets généraux les plus fréquemment rapportés sont l'irritabilité, la somnolence et les modifications de l'alimentation. Aucune étude n'a comparé la tolérance du vaccin MENVEO® à celle du vaccin NIMENRIX®.

Recommandations du Haut Conseil de la santé publique

1. Le HCSP confirme son avis du 25 juin 2010, à savoir

1.1. L'importance de la vaccination contre les infections invasives méningococciques C chez le nourrisson âgé de 12 à 24 mois, avec extension transitoire entre 2 ans et 24 ans ;

1.2. La nécessité d'utiliser, dans cette indication, des vaccins méningococciques conjugués C monovalents, y compris après exposition à un cas d'infection invasive à méningocoque C.

2. Le HCSP rappelle la liste des personnes qui relèvent d'une vaccination par un vaccin quadrivalent méningococcique A, C, Y, W135

2.1. Les personnels des laboratoires de recherche travaillant spécifiquement sur le méningocoque

2.2. Les sujets exposés transitoirement aux méningocoques A, Y ou W135

  • du fait d'un contact avec un cas d'infection invasive à méningocoque de sérogroupe A, Y, ou W135 (la vaccination doit alors être réalisée au plus tard dans les 10 jours qui suivent l'hospitalisation du cas index) ;
  • ou se rendant au pèlerinage de La Mecque (Hadj ou Umrah) ou dans une zone d'endémie à méningocoque A, Y ou W 135, notamment la ceinture de la méningite en Afrique subsaharienne dans les conditions suivantes : au moment de la saison sèche ou dans toute autre zone où sévit une épidémie, avec un contact étroit et prolongé avec la population locale. La vaccination doit être réalisée au moins 10 jours avant le départ.

2.3. Les sujets devant pouvoir bénéficier d'une protection durable et étendue vis-à-vis d'un nombre élargi de sérogroupes de méningocoque

  • les personnes porteuses d'un déficit en fraction terminale du complément ou qui reçoivent un traitement anti-C5A ;
  • celles qui sont porteuses d'un déficit en properdine ;
  • ou celles ayant une asplénie anatomique ou fonctionnelle ;
  • les sujets ayant reçu une greffe de cellules souches hématopoïétiques.

3. Le HCSP recommande, du fait de l'ensemble des avantages cités plus haut, que l'utilisation des vaccins tétravalents méningococciques conjugués soit privilégiée dès l'âge autorisé par leurs AMM respectives (1 an pour le NIMENRIX®, 2 ans pour le MENVEO®) et aux dépens des vaccins méningococciques non conjugués (vaccin méningococcique A+C® polyosidique et MENCEVAX®) (Grade B).

Cependant, en l'absence d'AMM pour les vaccins méningococciques tétravalents conjugués avant l'âge de 1 an, seul le vaccin bivalent non conjugué A+C peut être actuellement utilisé entre 6 mois et 1 an dans l'unique objectif d'une protection contre les infections invasives à méningocoque du groupe A. Dans cette situation, l'avantage de cette vaccination précoce doit être pesé́ au regard des risques théoriques (Grade C) liés à l'induction d'une hyporéactivité lors de vaccinations ultérieures, notamment contre le méningocoque C.

Lorsque la vaccination par un vaccin méningococcique tétravalent conjugué A, C, Y, W135 est envisagée chez un sujet ayant reçu antérieurement un vaccin méningococcique :

  • Aucun délai n'est recommandé après la vaccination avec un vaccin conjugué monovalent C ;
  • Un délai de trois ans est recommandé après la vaccination avec un vaccin tétravalent non conjugué (durée estimée de protection du vaccin non conjugué) ;
  • En cas de nécessité impérative et urgente d'élargir la protection aux sérogroupes Y et W135 des sujets vaccinés depuis moins de trois ans avec le vaccin non conjugué A+C, et en l'absence de données spécifiques, aucun délai minimum n'est recommandé.

Lorsque la vaccination par un vaccin méningococcique conjugué monovalent C est envisagée chez un sujet ayant reçu antérieurement un vaccin méningococcique non conjugué contenant la valence C (vaccin méningococcique A+C® polyosidique ou vaccin tétravalent non conjugué MENCEVAX®), un délai de trois ans est recommandé (durée estimée de protection du vaccin non conjugué).

En pratique , cet avis confirme les avis précédents (25 juin 2010). Il faut toujours préférer un vaccin conjugué à un vaccin non conjugué lorsqu'on a le choix. Tous les Français âgés de 1 à 24 ans révolus devraient recevoir une dose d'un vaccin conjugué monovalent C. Toutes les personnes à risque (exposition professionnelle, certains déficits immunitaires, voyageurs) devraient recevoir une dose d'un vaccin quadrivalent conjugué, MENVEO® (à partir de l'âge de deux ans) ou NIMENRIX® (à partir de l'âge d'un an), lorsque celui-ci sera commercialisé en France. Le vaccin méningococcique A+C aura désormais une place très limitée et à discuter au cas par cas : exposition à une infection invasive à méningocoque A (notamment à l'occasion d'un voyage en zone d'endémie) chez un enfant âgé de 6 mois à un an. Ces recommandations sont prises en comptes par le système de recommandations vaccinales personnalisées de MesVaccins.net.

Source : Haut Conseil de la santé publique.

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