La couverture vaccinale contre la rougeole reste insuffisante en France

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Pour éliminer un virus dans une population, il est nécessaire qu'une majorité des sujets soient immunisés. Dans le cas de la rougeole, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) considère que l'élimination ne peut être obtenue que si moins de 5 % des sujets exposés restent non protégés. Chez les sujets nés avant 1980, un taux élevé d'immunisation était entretenu par la circulation très active du virus et une forte incidence de la maladie. L'introduction du vaccin ayant depuis limité la circulation,la protection des sujets jeunes, exposés à des formes sévères de l'infection, doit être obtenue par la vaccination. Celle-ci est réalisée avec un vaccin trivalent qui protège également contre les oreillons et la rubéole. Elle est recommandée en France à l'âge de 12 mois, avec rappel entre 16 et 18 mois. L'Institut de veille sanitaire (InVS) vient de publier les résultats de deux enquêtes menées en 2008-2009 puis 2009-2010, visant à mesurer la séroprévalence vis-à-vis de plusieurs infections, dont la rougeole, les oreillons et la rubéole, chez les enfants de 1 à 6 ans et chez les sujets de 6 à 49 ans, respectivement.

L'étude montre que les proportions de sujets non protégés contre la rougeole, les oreillons et la rubéole étaient respectivement de 10 %, 15 % et 11 % chez les enfants de 1 à 6 ans, de 8 %, 14 % et 8 % chez les sujets de 6-29 ans et de 1 %, 6 % et 5 % chez ceux âgés de 30-49 ans. Dans la tranche d'âge 20-29 ans, près de 9 % des sujets étaient séronégatifs pour la rougeole dans cette étude, alors qu'ils n'étaient que 1,5 % en 1998. Cette évolution témoigne de la moindre circulation du virus depuis 1980 mais aussi d'un défaut de vaccination, laissant une part trop importante de la population non protégée. Dans ces conditions, la survenue d'épidémies reste possible, comme en 2010, conduisant les autorités de santé à recommander un rattrapage vaccinal pour les personnes nées depuis 1980 (au lieu des personnes nées depuis 1990 auparavant).

Dans la tranche d'âge la plus jeune (1-6 ans), la proportion de séronégativité est fortement liée à la vaccination et à la répétition du vaccin : elle passe de 84 % chez les non vaccinés à 4 à 8 % chez ceux qui ont reçu une dose de vaccin et moins de 4 % chez ceux qui ont reçu 2 doses.

L'observation d'une séronégativité plus élevée pour les oreillons que pour la rougeole et la rubéole, dans toutes les tranches d'âge, confirme l'efficacité moindre de la valence "oreillons" dans le vaccin trivalent ROR. Par ailleurs, l'étude montre que la séronégativité vis-à-vis de la rougeole et de la rubéole est deux à trois fois moins fréquente chez les femmes de 20 à 29 ans que chez les hommes du même âge, indiquant une bonne adhésion des femmes en âge d'avoir des enfants aux recommandations de rattrapage sélectif de vaccination.

Source : A. Lepoutre, Denise Antona, L. Fonteneau, F. Halftermeyer-Zhou, C. Baudon, F. Dorléans, Y. Le Strat, D. Lévy-Bruhl. Séroprévalence des maladies à prévention vaccinale et de cinq autres maladies infectieuses en France. Résultats de deux enquêtes nationales 2008-2010. BEH, 2013, 41-42, 526-534.