Les infections invasives à méningocoques en France en 2022

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Le bilan des infections invasives à méningocoques (IIM) en France en 2022 qui a été mis en ligne le 16 octobre 2023, note une évolution notable de l’épidémiologie des IIM en 2022 après deux années de faible incidence.

1. Données globales

En 2022, 323 cas d'IIM ont été déclarés contre 219 cas en 2020 et 120 cas en 2021, mais 459 en 2019. Cette recrudescence marquée des IIM pourrait s’expliquer par la reprise de la transmission des méningocoques dans une population avec une immunité diminuée compte-tenu d’une moindre exposition aux méningocoques pendant la période COVID-19 (gestes barrières, distanciation sociale), dans un contexte d’épidémies concomitantes d’infections virales respiratoires à la fin de l’année 2022 qui pourraient faciliter la colonisation du rhinopharynx par le méningocoque et accroitre le risque d’infection invasive.

Le sexe ratio H/F était de 1,04. L’âge médian était de 21 ans et l'âge moyen de 30 ans.

Quatre pics d’incidence selon l’âge ont été observés, chez les enfants de moins de un an (6/100 000 habitants), dans la 2éme année de vie (1,9/100 000), et chez les 15 à 24 ans (1,2/100 000). Un pic d’incidence précoce et élevé a été observé en décembre 2022 , alors que le pic observé lors des saisons pré-pandémiques était noté entre janvier et avril selon la saison.

En 2022, 36 (11 %) décès ont été rapportés. Ce taux de létalité est identique à celui des années précédentes. La létalité était plus importante en présence (26%) qu’en l’absence (6,5%) de purpura fulminans.

2. Les IIM en fonction des sérogroupes

Parmi les 323 cas déclarés en 2022, le sérogroupe a été caractérisé pour 314 cas (97 %) : 158 cas ( 50,3% ) d’IIM de sérogroupe B (IIM B), 77 cas ( 24,5% ) d’IIM du sérogroupe Y , 64 cas ( 20,4% ) d’IIM du sérogroupe W (IIM W), 8 cas ( 2,5% ) d’IIM du sérogroupe C (IIM C), 7 cas liés à des souches non groupables.

2.1. IIM de sérogroupe B

En 2019, les IIM B représentaient 240 cas (53%) sur les 459 signalées contre 158 cas (50,3% des cas) en 2022. En 2022, année où le Bexsero a été introduit dans le calendrier vaccinal des nourrissons. La couverture vaccinale du Bexsero au moins une dose a été estimée à 49% à l’âge de 8 mois chez les nourrissons nés en 2022. Le sérogroupe B représente une part importante des étiologies chez les moins de 5 ans (65% des cas) et les 15-24 ans (60% des cas). On note que le nombre de cas d’IIM B chez les jeunes enfants était plus faible en 2022 (27 cas chez les moins de 1 an et 19 cas chez les 1 à 4 ans) par rapport à 2019 (respectivement 46 et 45 cas chez les moins de 1 an et chez les 1 à 4 ans), alors qu’au contraire il était plus élevé chez les 15-24 ans (54 cas en 2009 et 60 cas en 2022). Cela pourrait refléter un impact précoce de la vaccination des nourrissons ou indiquer une reprise de la transmission des méningocoques plus marquée chez les 15-24 ans en comparaison avec les autres classes d’âge.

En 2022, le taux d’incidence d'IIM B le plus élevé concerne les enfants de moins de 1 an (6/100 000) et le taux de létalité était de 10%.

L’année 2022 a vu émerger des souches à l’origine de phénomènes épidémiques et d’hyperendémie d’IIM B chez les jeunes adultes dans certaines régions :

  • En région Rhône-Alpes (quart nord-est de la région) : une nouvelle souche de méningocoque B est apparue en 2021, la souche ST-3753. Cette souche a été à l'origine de 16 cas entre septembre 2021 et décembre 2022, dont 15 cas sont survenus chez des individus âgés de 16 à 22 ans. La situation semble contenue à ce jour. La souche était couverte par Bexsero.
  • A Strasbourg et dans le Haut-Rhin, 6 cas (dont 5 ayant touché des jeunes adultes) d'IIM B causés par la souche cc269 ont été déclarés en novembre et décembre 2022. Cette souche est également couverte par le vaccin Bexsero.

2.2. IIM de sérogroupe Y

En 2019, les IIM Y représentaient 54 cas sur les 459 signalées (12%) contre 77 cas (24,5%) en 2022. On constate donc une augmentation marquée des IIM Y en comparaison avec la période pré-pandémique COVID-19.

En 2022, le sérogroupe Y représentait une part importante chez les 15-24 ans (24% des cas) et chez les 60 ans et plus (46% des cas). Le taux d’incidence le plus élevé était noté chez les 15-24 ans (0,3/100 000) et le taux de létalité était de 4% pour les IIM Y.

2.3. IIM de sérogroupe W

En 2019, les IIM W représentaient 93 cas sur les 459 signalées (21%) contre 64 cas (20,4%) en 2022.

En 2022, le sérogroupe W représentait une part importante chez nourrissons (29% des cas) et chez les 60 ans et plus (30,5% des cas). Le taux d’incidence le plus élevé était noté chez les moins de 1 an (1,7/100 000) et le taux de létalité était de 19% pour les IIM W. Ce taux atteignait 31% chez les 25-59 ans. L’expansion des souches du ST-9316 qui avaient été décrites dans les Hauts de France entre 2015 et 2018 explique en partie ces chiffres ( 55% de létalité en cas d’infection par une souche du ST-9316).

2.4. IIM de sérogroupe C

Le nombre de cas d’IIM C était de 55 en 2019 et de 24 en 2020 contre 8 cas (2,5%) en 2022. L’ incidence très faible des IIM C en 2022 est en lien avec l’installation probable d’une immunité de groupe liée à l’augmentation progressive de la couverture vaccinale chez les adolescents qui devra être maintenue dans le temps.

Conclusions

Dans un contexte d’évolution défavorable de l’épidémiologie des IIM en 2022 et au cours du premier trimestre 2023, la stratégie de vaccination contre les méningocoques sera prochainement réévaluée par la Haute Autorité de Santé (HAS). Les travaux de la viseront à évaluer la pertinence :

  • D’intégrer dans le calendrier vaccinal, un vaccin tétravalent contre les méningocoques ACWY chez les nourrissons, les adolescents et/ou les jeunes adultes et de déterminer sa place par rapport au vaccin méningococcique C monovalent ;
  • D’élargir aux adolescents et/ou aux jeunes adultes, les recommandations vaccinales contre le méningocoque B.

Le calendrier prévisionnel prévoit une publication de la recommandation en mars 2024.

Source : Santé publique France

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