Quels risques pour les expatriés ?

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Avec la globalisation, le nombre d'expatriés ne cesse d'augmenter : leur nombre total est évalué à 40-50 millions dans le monde entier. Par opposition aux voyageurs classiques, les expatriés présentent des durées de séjour plus importantes et ont recours aux infrastructures sanitaires locales.

Dans une étude publiée dans BMC Infectious Diseases, le réseau international de surveillance Geosentinel s'est intéressé aux maladies présentées par les expatriés au retour d'un séjour. L'étude prospective menée sur une période de 14 ans a comparé 2 883 expatriés et 11 910 voyageurs classiques ayant consulté dans des services de médecine de voyages. Ce travail met en évidence des différences entre expatriés et voyageurs, en termes de morbidité proportionnelle (MP) - définie comme le nombre de patients présentant un syndrome ou un diagnostic donné pour 1 000 malades, expatriés ou voyageurs - pour un certain nombre de ces maladies.

Par rapport aux voyageurs classiques, les expatriés le plus souvent sont des hommes, ont des durées de séjour plus longues, sont bénévoles et ont bénéficié d'une consultation de médecine des voyages avant le départ. Le paludisme affiche la MP la plus élevée chez les expatriés par comparaison avec les voyageurs. Les expatriés sont plus exposés à la tuberculose et à l'amoebose, mais présentent moins souvent des diarrhées aigües ou des pathologies dermatologiques et respiratoires.

La destination influe sur ces différentes MP. En Afrique, les principaux risques pour les expatriés sont les infections transmises par les moustiques (paludisme, filarioses), les infections liées au péril fécal (amoebose, hépatite E) et les bilharzioses. En Asie – Pacifique, il s'agit plutôt de la strongyloidiose, des filarioses et des troubles psychiatriques (anxiété, dépression). Enfin, en Amérique du Sud, la mononucléose infectieuse et les infections liées à l'alimentation (amoebose, giardiase, brucellose) sont plus souvent rapportées chez l'expatrié que chez le voyageur classique.

Le motif d'expatriation est le 2ème facteur conditionnant la MP des différentes pathologies rapportées. Les expatriés pour affaires sont plus exposés au paludisme, à la dengue, à l'hépatite A, à l'infection par le VIH et aux morsures d'animaux, que les voyageurs en déplacement pour raison professionnelle. Les expatriés bénévoles ont des MP plus importantes vis-à-vis de l'anxiété, de la mononucléose infectieuse et des maladies parasitaires telles que l'amoebose, les filarioses et la strongyloidiose, si on les compare aux voyageurs bénévoles.

En conclusion, les données présentées dans cet article permettent de rappeler les principaux risques auxquels sont exposés les expatriés. La connaissance de la destination et du motif de séjour doit faire personnaliser le conseil médical avant le départ. Les expatriés étant plus susceptibles de présenter une affection sévère, notamment un paludisme, une prévention adaptée est essentielle chez cette catégorie de voyageurs.

Source : Lim PL, et al. Expatriates ill after travel: results from the Geosentinel Surveillance Network. BMC Infect Dis. 2012 ; 12 : 386.