Moins de 15 % des cas d’hépatite B aiguë sont déclarés en France

mesvaccins.net

L'Institut de veille sanitaire présente l'incidence (nouveaux cas d'une maladie durant une période de temps donnée) de l'hépatite B symptomatique en France en 2010, dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire publié le 21 mai 2013.

En France, l'hépatite B aiguë symptomatique est à déclaration obligatoire depuis 2003, mais l'exhaustivité de la déclaration obligatoire a été évaluée à 23 % en 2005.

Aussi, les données des cas d'hépatite B symptomatique ont-elles été complétées par l'enquête Labo Hep 2010, réalisée auprès d'un échantillon aléatoire de laboratoires de biologie médicale pour estimer l'incidence de l'hépatite B aiguë symptomatique en 2010 et évaluer l'exhaustivité de la déclaration obligatoire.

Incidence des cas d'hépatite B aiguë symptomatique

Pour comprendre ce qui suit, quelques explications préalables sont nécessaires. Les immunoglobulines de classe M désignées par le signe IgM (différentes des immunoglobulines de classe G ou IgG) sont en général les premiers anticorps à apparaître au cours d'une maladie aiguë. Les IgM anti-HBc (HBc, HB pour hépatite B, "c" pour capside, désigne l'antigène qui constitue la capside, sorte de boîte protéique entourant le génome du virus de l'hépatite B) sont ainsi détectées en cas d'hépatite B aiguë. L'antigène HBs (HB pour hépatite B, "s" pour surface, car cet antigène est présent à la surface du virus) suscite la production par l'homme d'anticorps protecteurs, les anti-HBs.

Un cas aigu était défini, en l'absence de portage chronique, par la détection d'anticorps IgM anti-HBc ou par la présence concomitante d'antigène HBs et d'anticorps anti-HBc totaux (IgM et IgG, d'apparition plus tardive) dans un contexte d'augmentation importante des transaminases sériques (enzymes présentes en quantité très élevée dans le sang en cas d'hépatite aiguë).

Le nombre de nouveaux cas d'hépatite B symptomatique en France est estimé entre 1.021 et 1.622 cas. Ces résultats correspondent à une incidence comprise entre 1,6 cas pour 100.000 habitants et 2,5 cas pour 100.000 habitants, selon la définition des cas. La classe d'âge des 20-39 ans est celle pour laquelle l'incidence est la plus élevée.

L'incidence plutôt faible est proche d'estimations européennes disponibles au Royaume-Uni, en Italie et en Suède. Par ailleurs, il est important de noter que les IgM anti-HBc peuvent également être détectées en cas de réactivation d'une hépatite B chronique et que la détection de l'antigène HBs et d'anticorps anti-HBc totaux peut aussi correspondre à des cas d'infection chronique non connue du biologiste ou non encore diagnostiquée.

Exhaustivité de la déclaration obligatoire de l'hépatite B aiguë symptomatique

Elle est très insuffisante, estimée à 15 % si on considère les cas à déclarer selon la présence d'IgM anti-HBc et 9 % quand les cas sont définis par la présence d'antigène HBs et d'anticorps anti-HBc totaux.

Evaluation de la politique vaccinale

Le suivi de l'incidence de l'hépatite B aiguë est un élément important de l'évaluation de la politique vaccinale. L'analyse des expositions à risque des personnes infectées par le virus de l'hépatite B a montré que parmi les cas déclarés en 2003-2011, au moins 53 % auraient pu être évités.

En France, la vaccination contre le virus de l'hépatite B est recommandée depuis 1982 chez les personnes à risque élevé d'exposition.

Selon le calendrier vaccinal 2013, les recommandations sont les suivantes

  • enfants et adolescents accueillis dans les services et institutions pour l'enfance et la jeunesse handicapées ;
  • enfants d'âge préscolaire accueillis en collectivités ;
  • nouveaux nés de mère porteuse d'antigène HBs ;
  • enfants et adultes accueillis dans les institutions psychiatriques ;
  • personnes ayant des relations sexuelles avec des partenaires multiples ;
  • toxicomanes utilisant des drogues parentérales ;
  • voyageurs dans les pays de moyenne ou de forte endémie ;
  • personnes dans le cadre d'activités professionnelles ou bénévoles à risque ;
  • personnes susceptibles de recevoir des transfusions massives et/ou itératives ou des médicaments dérivés du sang ;
  • personnes candidates à une greffe d'organe, de tissu, de cellules ;
  • personnes de l'entourage d'une personne infectée par le virus de l'hépatite B ou d'un porteur chronique de l'antigène HBs ;
  • partenaires sexuels d'une personne infectée par le virus de l'hépatite B ou d'un porteur chronique de l'antigène HBs ;
  • personnes détenues qui peuvent cumuler un certain nombre de facteurs d'exposition au virus de l'hépatite B.

La recommandation de vaccination contre l'hépatite B concerne les nourrissons, avec un rattrapage des enfants et des adolescents jusqu'à l'âge de 15 ans révolus.

La vaccination contre l'hépatite B pour les personnes exerçant une activité professionnelle les exposant à des risques de contamination est obligatoire suivant l'article L3111-4 du code de la santé publique.

Source : Institut de veille sanitaire.

Pages associées