Une grippe peu intense en 2013-2014, mais toujours sévère pour les personnes à risque de complications
Alors que l'Organisation Mondiale de la Santé a communiqué la composition recommandée des vaccins grippaux pour la saison 2014-2015 dans l'hémisphère Nord (1), la saison grippale de la saison 2013-2014 est en train de se terminer en Europe.
Bilan de l'activité grippale en France (2)
La saison grippale 2013-2014 a été d'intensité modérée en termes d'incidence (nombre de nouveaux cas = 400 cas pour 100.000 habitants au pic épidémique), par comparaison aux 3 saisons précédentes (en 2012-2013 : incidence au moins 2 fois plus élevée que celle de 2013-2014). Les premiers cas de syndromes grippaux ont été diagnostiqués dès la semaine 50 en 2013, mais l'épidémie de la grippe fut de courte durée (3 semaines) et retardée (début de l'épidémie : semaine 6 en 2014, saison 2013-2014, et semaine 52 en 2012, saison 2012-2013). Le nombre de consultations pour syndromes grippaux a été évalué à 1.255.000 visites en médecine ambulatoire.
Les passages aux urgences ont concerné principalement les enfants de moins de 5 ans. Depuis le début de l'épidémie, ils ont représenté 36 % des consultants pour une grippe ou un syndrome grippal, soit une fréquence 6 fois plus élevée que dans la population.
Les cas graves admis en réanimation, au nombre de 500 cas dont 52 décès, depuis le 1 er novembre 2013, étaient majoritairement des adultes (âges extrêmes : 12 jours - 97 ans, médiane à 59 ans) avec des facteurs de risque ciblés par la vaccination (83 %), non vaccinés (82 % parmi ceux dont le statut vaccinal était connu). Ces personnes ont été majoritairement infectées par un virus de type A (94 %) dont essentiellement par un virus A(H1N1)pdm09 (au moins 41 %).
Activité grippale en Europe
A l'extérieur des frontières métropolitaines, la saison grippale débuta de 4 à 6 semaines plus tard que les précédentes depuis 2010. Le virus grippal A(H1N1)pdm09 circulait majoritairement dans les quatre premiers pays où des cas de grippe furent diagnostiqués (Bulgarie, Grèce, Portugal et Espagne). En semaine 7 de l'année 2014, la plupart des pays européens reportèrent une augmentation croissante de cas de syndromes grippaux et de grippe. Parmi les cas admis en réanimation (bilan semaine 7/2014), plus de 75 % des patients étaient âgés de 40 ans et plus, dont 22 % âgés de 65 ans et plus. Parmi les décès, dont 85 % étaient infectés par le virus A(H1N1)pdm09, 44 % des personnes avaient plus de 65 ans.
Surveillance des virus grippaux en France et en Europe
La saison 2013-2014 a été marquée par la circulation majoritaire des virus grippaux de type A (98 %). En France, la répartition des virus grippaux a été la suivante : 48 % de virus A(H1N1)pdm09, 38 % de virus A(H3N2) et 13 % de virus A non typés. Cette répartition est comparable à ce qui a été observé à l'échelon européen : 55 % des cas liés au virus A(H1N1)pdm09, 43 % dus au virus A(H3N2).
L'analyse antigénique des virus circulants indique qu'ils ne sont pas différents des souches incluses dans le vaccin grippal de la saison 2013-2014.
Les inhibiteurs de la neuraminidase (utilisés dans certaines situations pour traiter la grippe) étaient également efficaces.
Le vaccin grippal 2013-2014 efficace
Dans une étude conduite au début de la saison grippale au Canada (1 er novembre 2013 - 23 janvier 2014), l'efficacité du vaccin grippal a été évaluée par comparaison de nombre de cas de grippe confirmés parmi 325 personnes vaccinées (âge moyen : 37 ans) et 467 personnes non vaccinées (âge moyen : 39 ans) (4). Les données préliminaires indiquent une efficacité du vaccin de 71 % vis-à-vis des virus de type A et 73 % vis-à-vis du virus A(H1N1)pdm09. Chez les personnes âgées de 20 à 64 ans, l'efficacité atteignait 76 % mais l'efficacité du vaccin chez les personnes les plus jeunes et celles âgées de 65 ans et plus n'a pas été présentée.
En Espagne, dans la province de Navarre, l'efficacité du vaccin a paru plus basse : 40 % environ vis à vis du virus A(H1N1)pdm09, 13 % pour le virus A(H3N2). Cependant, cette étude a été conduite à partir d'un grand nombre de cas de grippe dans des collectivités de personnes âgées, où l'on sait que l'efficacité du vaccin est moindre.
Conclusion
Bien que la saison grippale 2013-2014 ait été modérée, les cas graves concernaient des personnes non vaccinées, alors que la vaccination leur était recommandée compte tenu de leurs facteurs de risque ou de leur âge.
Les virus grippaux A ont été majoritaires, avec la co-circulation de virus A(H1N1)pdm09 et de virus A(H3N2), tous deux inclus dans la composition vaccinale 2013-2014, avec une légère prédominance du virus grippal A(H1N1)pdm09.
Sources
1. Composition des vaccins grippaux 2014-2015
2. Bulletin épidémiologique grippe